Nicolas Martin (musicien)
Nicolas Martin, né au début du XVIe siècle, probablement à Saint-Jean-de-Maurienne, et mort dans cette ville vers 1570, est un compositeur et poète savoyard.
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Biographie
Nicolas Martin est repéré comme enfant de chœur puis comme membre de la chapelle musicale de la cathédrale de Saint-Jean-de-Maurienne ; il se nomme d’ailleurs en 1555 « musicien en la cité de Saint-Jean de Morienne ». Les termes de droit qu’il emploie dans une de ses chansons laissent entendre qu’il ait pu être instruit dans cette science : peut-être a-t-il été clerc de notaire, ou détenteur d'un office municipal (c'est le cas dès 1561).
Au début de 1555, il est probablement à Lyon, pour l’impression de ses noëls, mais revient dans la cité savoyarde puisqu’il est cité le comme témoin dans un procès survenu entre les syndics de Valloire et ceux de Saint-Jean de Maurienne[1]. Fin , il achète aux enchères la charge de marqueur ou vérificateur des poids et mesures de sa ville[2]. En , il participe à l'élaboration d'un mystère de la Passion pour conjurer la peste qui ravage la ville[3]. En 1569 enfin, il travaille aux préparatifs de la réception du nouvel évêque, Pierre de Lambert et assiste à un conseil général de la ville[4].
En , son poste de vérificateur des poids et mesures est attribué à un autre à cause de son décès, survenu probablement en 1570, donc. Il a laissé une veuve qui, en 1579, se disait propriétaire d'un tissage et de quelques terres[5] et on ignore s'il a eu des enfants.
Ĺ’uvres
Noëlz et chansons nouvellement composez tant en vulgaire françoys que savoysien dict patoys. Lyon : Macé Bonhomme, 1555. 8°, 103 p., musique notée à 1 v. Guillo 1991 n° 31a, RISM M 780. Paris Maz. : Rés 21673. Il existe une émission datée 1556 (Guillo 1991 n° 31b. Lyon BM : Rés FM 356050) ; outre la date elle ne diffère que par quelques détails.
- L’ouvrage contient 8 noëls français, 8 noëls en patois savoisien, 13 chansons en patois savoisien et 4 chansons françaises, tous à une voix ; quatre mélodies sont communes à un noël et une chanson. La préface, écrite par l’auteur s’adressant à son imprimeur Bonhomme, précise qu’il écrit tant les textes que les musiques.
Ces Noëlz constituent la première source imprimée du patois savoisien ; à ce titre – et outre son intérêt poétique et musical – ils ont fait l’objet de nombreuses études et rééditions[6] :
- La Muse savoysienne au XVIe siècle, éd. Aymé Constantin, in Revue savoysienne, au . Avec transcription de la musique.
- Les Noelz & chansons... avec la musique d’après l’exemplaire unique conservé à la Bibliothèque Mazarine, éd. Joseph Orsier. Paris : Léon Willem, 1883. 16°, 103 p.
- Les Noelz et chansons... Étude historique et paroles françaises par Bernard Secret. Transcription métrique et harmonisation par Ernest Luguet. – Chambéry : Dardel, 1942. 8°, 49 p., mus. [Contient seulement 4 noëls et 7 chansons].
- Les Noelz et chansons... (fac-similé retouché et corrigé de l’émission de 1556 avec une introduction de M. Clément Gardet et des dessins de Philippe Kaeppelin). - Annecy : Gardet et Garin, 1942. 16°, X-108 p., mus.
- Noelz & chansons... (fac-similé retouché et corrigé de l’émission de 1555 avec introduction, traductions et transcriptions musicales de Clément Gardet). - Annecy : Gardet, 1973. 8°, XXVI-168 p., mus.
- Noëls et chansons : en français et en patois savoyard, publiés à Lyon en 1555 ; édition critique avec traduction par Gaston Tuaillon. Montmélian : la Fontaine de Siloé, 2008. 8°, 283 p., mus.
Discographie
Quelques noëls ont été enregistrés dans des disques divers (voir le catalogue de la Bibliothèque nationale de France).
Notes
- Voir Gros 1946 p. 170 note 1.
- Voir Terreaux 1996 note 2, qui cite les Arrêts de la Chambre des Comptes de Turin, Archives de la Savoie. À cette occasion Martin se dit citoyen de Sainct Jehan de Maurienne. Document publié par l'Académie chablaisienne, vol. 13 p. 253.
- Les trois syndics de la ville, deux chanoines délégués par le clergé, quatre gentilshommes nommés par la noblesse et 148 bourgeois assistent à un conseil, qui émet le vœu suivant : De la benoiste passion a esté dict que les esleus parleront et communiqueront avec Maistre Nicolas Martin pour entendre de luy comme l’on fera les rooles du mistère d’icelle voué à jouer par personnaiges à la dicte présente cité, aux fins y estre en après procédé moyennant l’aide et grace de Dieu, jouxte et suyvant le vœu de la dicte cité faict. Cf. Orsier 1909 p. 194-195, d'après Truchet 1887 p. 125 et 537.
- Gros 1946 p. 170.
- Gros 1946 p. 170
- Sur l’aspect linguistique, voir Tuaillon 1977 et Terreaux 1996.
Voir aussi
Bibliographie
- Louis Terreaux. Nicolas Nartin - ses noelz. In Claude Le Jeune et son temps en France et dans les États de Savoie, 1530-1600 : musique, littérature et histoire. Actes du colloque de Chambéry (4-) organisé par l'Université de Savoie, le centre d'études franco-italiennes des universités de Savoie et de Turin et l'Institut de recherches et d'histoire musicale des États de Savoie. Textes réunis par Marie-Thérèse Bouquet-Boyer et Pierre Bonniffet. - Berne : Peter Lang, 1996 (p. 299-311).
- Frank Dobbins. Music in Renaissance Lyons. - Oxford : Oxford University Press, 1992.
- Laurent Guillo. Les Ă©ditions musicales de la Renaissance lyonnaise. - Paris : Klincksieck, 1991.
- Gaston Tuaillon. La graphie “-z finale derrière voyelle, in Revue de linguistique romane 41 (1977), p. 120-129.
- Adolphe Gros. Histoire de Maurienne, tome II. - Chambéry : Impr. réunies, 1946.
- Joseph Orsier. Un poète-musicien au XVIe siècle : Nicolas Martin, ses noëls et ses chansons (1498–1566), in Revue de la Renaissance 10 (1909) p. 181–203. Aussi publié séparément : Dijon : Darantière, 1911, puis Paris : Champion, 1916 (numérisé sur archive.org).
- Abbé Saturnin Truchet. Saint-Jean de Maurienne au XVIe siècle. - Chambéry : Impr. de Jacquelin, 1887. 8°.