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Nicolas Gueudeville

Nicolas Gueudeville, né en 1652 à Rouen et mort en 1721 à La Haye, est un moine bénédictin défroqué, devenu journaliste, pamphlétaire, traducteur, historien et écrivain français.

Nicolas Gueudeville
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Ordre religieux

Surnommé le « soldat inconnu des Lumières », ce précurseur du socialisme de Rousseau a occupé, en son temps, l’Europe par sa conduite et l'audace de ses écrits, avant de tomber dans l’oubli.

Biographie

Fils d’un médecin rouennais, dès qu’il eut terminé ses premières études, Nicolas Gueudeville entra à dix-sept ans dans la congrégation de Saint-Maur et fit sa profession à l’abbaye de Jumièges le . Il commençait à se distinguer dans la prédication, lorsque son esprit d’indépendance et la singularité de ses opinions sur les matières les plus respectables lui attirèrent les reproches de ses supérieurs. Pour éviter les punitions qu’on était sur le point de lui infliger, Gueudeville résolut de prendre la fuite, ce qu’il exécuta en escaladant les murs de son couvent. S'étant retiré en Hollande, il y adopta le calvinisme, s’y maria et subsista en tenant pension, enseignant le latin à Rotterdam.

Il s’établit ensuite à La Haye où, comme il écrivait avec beaucoup de facilité, il songea à faire ressource de sa plume et écrivit sous le voile de l'anonyme des journaux satiriques comme l’Esprit des cours d’Europe, feuille qui eut une grande vogue dans ce pays, à cause des traits satiriques qu'il contenait contre les ministres de France. L’ambassadeur de France ayant obtenu son interdiction, Gueudeville éluda l’interdiction en renommant, après son départ, sa feuille Nouvelles des cours d’Europe qui, paraissant de 1698 à 1710, connut une vogue considérable. La collection de ce journal se compose de dix-huit volumes in-12.

Il édita, en y intercalant souvent ses idées, un assez grand nombre d’ouvrages dans tous les genres des essais dont l’un, une critique de Télémaque eut assez de succès. Il publia plusieurs traductions, dont une traduction libre de l’Utopie de Thomas More qui, dit-il, a discerné les véritables causes du malheur des hommes : « La propriété, l’avarice, l’ambition, ces trois pestes de la société civile, ces trois nombres qui ravagent le genre humain ne se trouvent pas en Utopie. » Il a également traduit le Grand Théâtre historique universel, Leyde, 1703, 5 vol. in-folio, traduction libre d’un ouvrage allemand d'Imhof, Atlas historique, ou Nouvelle Introduction à l’histoire, avec un supplément par Limiers, Amsterdam, 1713-1721, 7 vol. in-folio, du latin en français Sur la noblesse et excellence du sexe féminin, avec une traduction sur l’instabilité et vérité des sciences d’Henri-Corneille Agrippa, Leyde, 1726, 3 vol. in-8, l’Éloge de la folie d’Érasme, Leyde, 1713, in-12, Colloques d’Érasme, Leyde, 17~0, 6 vol. in-12, les Comédies de Plaute, Leyde, 1719.

En 1704, il publie les Suites au voyage de M. le Baron de Lahontan, ou les Dialogues ou Entretiens entre un sauvage et le baron de Lahontan promouvant le concept de « bon sauvage » et que Gottfried Wilhelm Leibniz crut être une œuvre du baron de La Hontan lui-même.

Jugements

  • Par sa date, par sa nettetĂ© et par sa vigueur, l’œuvre de Nicolas Gueudeville est d’une rĂ©elle originalitĂ©.[1]
  • Vous ne voulez donc pas, Monsieur, que je vous envoie l’Esprit des cours d’Europe ? je conviens avec vous que l’auteur est extrĂŞmement malin ; mais que diriez-vous si vous aviez vu les quatre premiers mois de cette annĂ©e ? La France et la religion catholique y sont presque Ă©galement maltraitĂ©es […] M’éloignerai-je beaucoup de votre sentiment, Monsieur, si je dis qu’à juger l’auteur par ses ouvrages, il a beaucoup d’esprit… Claude Brossette

Ĺ’uvres

Traductions

  • Thomas More, L’Utopie de Thomas Morus, chancelier d’Angleterre, idĂ©e ingĂ©nieuse pour remĂ©dier au malheur des hommes : & pour leur procurer une felicitĂ© commplette, Leyde, Pierre van der Aa, 1715
  • Baron de La Hontan, Voyages du baron de Lahontan dans l’AmĂ©rique septentrionale, qui contiennent une relation des diffĂ©rens peuples qui y habitent, La Haye, Delo, 1706, Ă©dition et traductions libres.
  • Les ComĂ©dies de Plaute, Leyde, P. Vander Aa, 1719
  • Henri Corneille Agrippa de Nettesheim, Sur la noblesse, & excellence du sexe feminin, de sa preeminence sur l'autre sexe, & du sacrement du mariage. Avec le TraittĂ© sur l'incertitude, aussi bien que la vanitĂ© des sciences & des arts ouvrage joli, & d'une lecture tout a fait agreable, Leyde, Theodore Haak, 1726
  • Érasme, L'Éloge de la Folie, figures gravĂ©es par Jacques-Nicolas Tardieu, NoĂ«l Le Mire, Jean-Baptiste Delafosse, Louis Legrand, Jean-Jacques Flipart, Jacques Aliamet, chez Jean-Augustin GrangĂ©, Jacques-François MĂ©rigot, Charles II Robustel et Jean-NoĂ«l Le Loup, 1751[2]

Références

  • (en) Paul H. Meyer, « Nicolas Gueudeville and His Work (1652-172?) », The French Review, 1984, p. 289-290
  • (en) Aubrey Rosenberg, Nicolas Gueudeville and his work (1652-172?), The Hague-Boston-London, M. Nijhoff, 1982 (ISBN 902472533X)
  1. André Lichtenberger, Le Socialisme utopique. Études sur quelques précurseurs inconnus du socialisme, Paris, F. Alcan, 1898, p. 32.
  2. Collections de la Bibliothèque de l'Arsenal, Paris.

Bibliographie

Liens externes

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