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Nersès II de Bagrévand

Nersès II de Bagrévand, Nersès II Bagrévandetsi (en arménien Ներսես Բ Բագրևանդցի), Nersès II d'Achtarak ou Nersès II Aštaraketsi (Ներսես Բ Աշտարակեցի ; mort en 557/558) est un catholicos de l'Église apostolique arménienne de 548/549 à 557/558.

Nersès II de Bagrévand
Ներսես Բ Բագրևանդցի
Naissance
Achtarak
Décès 557/558
Désignation 548/549
Fin 557/558
Prédécesseur Ghévond Ier
Successeur Hovhannès II

Catholicos de l'Église apostolique arménienne


Biographie

Nersès est né à Achtarak[1] ou dans le Bagrévand[2]. Il succède à Ghévond d'Erast sur le trône catholicossal en 548/549[3]. Ce catholicos convoque le second concile de Dvin le (cf. infra)[4].

La construction de la basilique de Tsiranavor à Achtarak lui est attribuée[1].

Hovhannès II lui succède à sa mort, en 557/558[3].

Le second concile de Dvin

Le second concile de Dvin est convoqué par Nersès en 555 et se tient le 21 mars de cette année[4].

Ce concile a cependant parfois été dit être le troisième réuni à Dvin, le deuxième l'étant en 552/553, à partir des écrits du catholicos géorgien du IXe – Xe siècle Arseni Saparéli ; selon cette hypothèse, c'est lors de ce concile de 552/553 que les canons du concile de Chalcédoine de 451 sont rejetés par l'Église arménienne, à l'instigation d'une délégation syrienne monophysite menée par l'évêque Abdicho ; selon cette hypothèse, le concile de 555 n'aurait résulté qu'en une condamnation d'un prosélytisme nestorien en provenance de Susiane[5]. Le concile de 552/553 n'apparaissant cependant dans aucune liste conciliaire arménienne, il s'agit vraisemblablement d'une interprétation erronée[6].

Le concile de 555 a été traditionnellement retenu par les historiens principalement occidentaux comme le concile ayant amené à la séparation de l'Église arménienne d'avec l'Église romano-byzantine, de par son rejet des canons du concile de Chalcédoine (d'autres, principalement arméniens, font remonter la rupture au premier concile de Dvin en 506, sous le catholicos Babgen d'Otmous) ; les tenants de cette thèse se basent principalement sur la Narratio de rebus Armeniae (un traité anonyme pro-chalcédonien rédigé vers 700), sur l'exposé d'Arseni Saparéli (qui ne subsiste que dans sa traduction grecque)[4], ainsi que sur d'autres documents dont l'authenticité ou la véracité a été remise en cause depuis lors[7].

En effet, l'historienne Nina Garsoïan (dont le travail est qualifié d'« inestimable » par le philologue Robert W. Thomson[8]) a mis en évidence le fait qu'aucun des écrits contemporains du concile ne mentionne de manière importante Chalcédoine : il ressort des trois écrits reprenant les actes officiels du concile repris dans le Livre des lettres[6] (dont le « Pacte d'union ») que le but du concile était de réagir à la propagation de l'hérésie nestorienne susmentionnée, et que Chalcédoine n'est à aucun moment cité dans ses actes ; quant aux lettres dogmatiques contemporaines et liées au concile, elles ne font que citer au passage Chalcédoine[4]. Garsoïan fait dès lors remonter la séparation graduelle de l'Église arménienne à 518, lorsque l'empereur Justin Ier abandonne la ligne de Zénon et de l'Henotikon[9].

Garsoïan note par ailleurs que les sources ultérieures relatives au concile de 555 convoqué par Nersès « y situent pêle-mêle toutes les activités et innovations du VIe siècle »[10], comme la réforme du calendrier arménien[2].

Notes et références

  1. Donabédian et Thierry 1987, p. 497.
  2. Grousset 1947, p. 236.
  3. Garsoïan 1996a, p. 234.
  4. Garsoïan 1996b, p. 100.
  5. Mahé 2007, p. 199-200.
  6. Garsoïan 1996b, p. 106.
  7. Garsoïan 1996b, p. 101.
  8. Thomson 2002, p. 1295.
  9. Garsoïan 1996b, p. 111.
  10. Garsoïan 1996b, p. 102.

Bibliographie

  • Patrick Donabédian et Jean-Michel Thierry, Les arts arméniens, Paris, Éditions Mazenod, , 623 p. (ISBN 2-85088-017-5).
  • [Garsoïan 1996a] Nina Garsoïan (dir.), L'Arménie et Byzance : histoire et culture, Paris, Publications de la Sorbonne, , 242 p. (ISBN 978-2-85944-300-9, lire en ligne).
  • [Garsoïan 1996b] Nina G. Garsoïan, « Quelques précisions préliminaires sur le schisme entre les Églises byzantine et arménienne au sujet du concile de Chalcédoine — II. La date et les circonstances de la rupture », dans Nina Garsoïan (dir.), L'Arménie et Byzance : histoire et culture, Paris, Publications de la Sorbonne, (ISBN 9782859443009), p. 99-112.
  • René Grousset, Histoire de l’Arménie des origines à 1071 [détail des éditions]
  • Jean-Pierre Mahé, « Affirmation de l'Arménie chrétienne (vers 301-590) », dans Gérard Dédéyan (dir.), Histoire du peuple arménien, Toulouse, Privat, (1re éd. 1982) [détail des éditions] (ISBN 978-2-7089-6874-5), p. 163-212.
  • (en) Robert W. Thomson, « Nina Garsoïan, L'Église arménienne et le Grand Schisme d'Orient. (Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, 574; Subsidia, 100.) Leuven: Peeters, 1999. Paper. Pp. lxxi, 639; 2 foldout maps. », Speculum, vol. 77, no 4, , p. 1292-1295.
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