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Nanziger

Les Nanziger (aussi appelĂ©s « NancĂ©iens Â») Ă©taient un groupe d'autonomistes alsaciens-lorrains emprisonnĂ©s par les autoritĂ©s françaises au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale.

Incarcération

En , les leaders de l'autonomisme alsacien-lorrain sont arrêtés et transférés à la prison militaire de Nancy — d'où leur surnom. À l'instar de Karl Roos, arrêté plus tôt, en , ils sont inculpés d'espionnage au profit de l'ennemi, mais, faute de temps, leur procès n'aura jamais lieu.

Transfert

Devant l'avancĂ©e des troupes allemandes, la prison militaire est vidĂ©e de ses occupants le . Les « Nanziger Â» sont Ă©vacuĂ©s par bus vers Dijon puis Lyon. Ils sont scindĂ©s en deux groupes : le premier en direction de Privas composĂ© :

  • du chef de la Jungmannschaft Hermann Bickler
  • des conseillers municipaux strasbourgeois, RenĂ© Hauss, RenĂ© Schlegel et Paul Schall (membres de la Landespartei)

Le second groupe en direction de Carcassonne composé :

  • des dĂ©putĂ©s Jean-Pierre Mourer (elsässische Arbeiter- und Bauernpartei), Joseph RossĂ© et Marcel StĂĽrmel (Volkspartei)
  • du lorrain Victor Antoni (Christlich-soziale Volkspartei Lothringens)
  • des Jungmänner (membres de la Jungmannschaft) Rudolf (Rudi) Lang, Peter Bieber et Edmond Nussbaum
  • de l'archiviste de la ville Strasbourg, le Dr. Joseph Brauner
  • du directeur gĂ©nĂ©ral de l'hĂ´pital civil de Strasbourg, Dr. Joseph Oster
  • du folkloriste Joseph Lefftz (Ă  vĂ©rifier, Ă©tait incarcĂ©rĂ© Ă  Nancy)
  • de Jean Keppi, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la Volkspartei et Camille Meyer, rĂ©dacteur Ă  l'Elsass-Lothringische Zeitung (organe de la Landespartei)

Un commando de la Wehrmacht, commandĂ© par le major Dehmel, les prend en chasse. Ils seront finalement remis aux Allemands le Ă  Chalon-sur-SaĂ´ne puis reconduits en Alsace. RossĂ©, Schall et Bickler se plaindront des conditions Ă©prouvantes durant ce transfert vers le sud de la France et du « sadisme Â» de leurs geĂ´liers. Ils racontèrent aussi que leur pĂ©riple les auraient conduit Ă  Marseille, oĂą ils devaient embarquer pour l'AlgĂ©rie, afin d'y ĂŞtre fusillĂ©s, ce qui n'a rĂ©ellement pas de sens. Le bateau aurait Ă©tĂ©, lui, torpillĂ© par les Italiens retardant leur dĂ©part. La pĂ©riode d'incarcĂ©ration aura durĂ© 10 mois.

Le manifeste des Trois-Épis

ArrivĂ©s en Alsace, les « NancĂ©iens Â» sont cloĂ®trĂ©s dans un hĂ´tel aux Trois-Épis oĂą les attend Robert Ernst. Pendant ces 48 heures, Ernst va tenter de convaincre les « NancĂ©iens Â» de prendre part Ă  la construction de la grande Allemagne national-socialiste, Ă  travers l' Elsässer Hilfsdienst (EHD). Ernst Ă©crira dans ses mĂ©moires que le fait de placer des autonomistes Ă©tait un moyen d'Ă©viter la mainmise des fonctionnaires badois sur l'administration en Alsace. Or les « Nanziger Â» n'occupèrent que des postes d'importance moyenne (Kreisleiter principalement), Ă´tant du poids Ă  ces arguments. Il fit signer Ă  chacun le manifeste (en allemand) suivant qui fut transmis Ă  Hitler le :

« Mon Führer !

Aujourd'hui, les protagonistes de la lutte menée par notre peuple alsacien-lorrain : Antoni, Bickler, Bieber, Brauner, Hauss, Keppi, Lang, Meyer, Mourer, Nussbaum, Oster, Rossé, Schall, Schlegel, Stürmel, libérés des geôles françaises, foulent à nouveau le sol alsacien. Ils ne s'étaient chargés que du seul crime de fidélité à leur Volkstum d'origine, celui des Alamans des régions limitrophes des Vosges et du Rhin, de la Sarre et de la Moselle. En dépit de toutes les intimes détresses, leur objectif unique fut toujours le règne de la justice et de la paix et de l'entente entre les peuples allemand et français jusqu'au jour où la France, dans un incroyable geste d'aveuglement [expression mise à la place de "d'une manière criminelle"], déclara la guerre au peuple allemand, refusant du fait cette offre généreuse.

En union avec ces personnalités, des dizaines de milliers d'hommes de confiance, membre du EHD, au service du Führer, du Peuple et du Reich, ainsi que des centaines de milliers d'Alsaciens, vous supplient d'effectuer l'intégration de leur pays natal au Grand Reich, en mémoire de Karl Roos, tombé sous les balles françaises.

Le responsable du EHD Dr. Robert Ernst

Signé Antoni, Bickler, Bieber, Brauner, Hauss, Keppi, Lang, Meyer, Mourer, Nussbaum, Oster, Rossé, Schall, Schlegel, Stürmel »

Activité jusqu'à la fin de la guerre

Du au , à l'invitation du ministre de l'Intérieur du Reich, Wilhelm Frick, les « Nanziger » commencèrent un voyage d'information à Berlin. À cette occasion ils furent reçus entre autres par Frick, Otto Meissner, Hans Heinrich Lammers et Heinrich Himmler. Avec ce dernier ils visitèrent le camp de concentration de Sachsenhausen où on voulut leur prouver que les rapports étrangers sur les camps de concentration allemands n’étaient que pures inventions. Le Ernst, Schall, Bickler, Schlegel et Mourer prirent part à Munich, en présence de Karl Haushofer et de Franz Ritter von Epp, à la commémoration annuelle du putsch d’Hitler pour honorer la mémoire de leur compagnon de route en politique, Karl Roos, considéré comme un autre martyr du national-socialisme. Le les « Nanziger » furent nommés « citoyens d'honneur » de l'université du Reich qui venait d’être fondée à Strasbourg. De 1941 jusqu'à 1943 des banquets furent organisés chaque année en leur honneur par le gauleiter Wagner et par le maire de Strasbourg Ernst.

Certains „Nanziger“ retrouvèrent leurs situations antĂ©rieures (Brauner, Oster). Les autres reçurent un poste de kreisleiter : Bickler Ă  Strasbourg, Hauss Ă  Haguenau, Lang Ă  Saverne, Nussbaum Ă  Molsheim, Mourer Ă  Mulhouse. Financièrement ces postes n'Ă©taient pas très lucratifs, en outre, les nominations n’avaient qu’un caractère provisoire. StĂĽrmel devint adjoint et conseiller municipal Ă  Mulhouse, tandis qu’Antoni devint maire de FĂ©nĂ©trange. Schall fut nommĂ© rĂ©dacteur en chef adjoint du journal officiel du parti, les StraĂźburger Neueste Nachrichten, tandis que RossĂ© devenait chef du bureau d’indemnisation pour ceux qui avaient combattu en faveur du germanisme en Alsace et, finalement, directeur gĂ©nĂ©ral de la maison d'Ă©dition Alsatia Ă  Colmar. Après la guerre la plupart des « Nanziger Â» furent condamnĂ©s par les tribunaux français pour collaboration et haute trahison.

Sources

  • Philip Bankwitz, Les Chefs autonomistes alsaciens 1919-1947, Ă©dit. Libr. Istra, Strasbourg, 1980 (Saisons d'Alsace n° 71)
  • Lothar Kettenacker, La Politique de nazification en Alsace, Ă©dit. Istra, Strasbourg, 1978 (Saisons d'Alsace n° 65 et 68)
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