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Namahage

Namahage (ç”Ÿć‰„) est un rituel japonais actuellement pratiquĂ© lors du Nouvel An dans la pĂ©ninsule d'Oga proche d'Akita, une prĂ©fecture de la rĂ©gion de Tƍhoku, situĂ©e dans le nord de l'Ăźle principale du Japon, Honshu.

Un costume rituel pour namahage.

Son aspect le plus connu est la visite qu'effectuent de jeunes gens dĂ©guisĂ©s en dĂ©mons — les oni — parmi les habitants. AprĂšs avoir menacĂ© d'emporter les enfants dĂ©sobĂ©issants ou paresseux, provoquant la terreur des plus jeunes, ils repartent apaisĂ©s par les dĂ©nĂ©gations des parents et des offrandes de repas. Leur visite, rattachĂ©e Ă  la lĂ©gende des toshigami, ou visite des dieux pour la nouvelle annĂ©e, est considĂ©rĂ©e comme une source de bĂ©nĂ©diction.

Étymologie

Le nom de namahage viendrait d'une expression du dialecte d'Akita « namomi hagi » (« pelure Ă  vif ») constituĂ©e d'aprĂšs le mot « nama » (« Ă  vif ») et le verbe « hagi » (« peler »). Il fait rĂ©fĂ©rence aux cloques provoquĂ©es par les projections de braise des kotatsu, braseros placĂ©s sous la table et servant au chauffage en hiver. Le fait d'arracher la peau de ces cloques provoque la mise Ă  nu de la chair. La prĂ©sence de nombreuses cloques et leur arrachage serait un symbole de paresse, puisque touchant principalement ceux qui passent leur temps assis Ă  rien faire, autour du kotatsu[1] - [2]. Toutefois, en mĂȘme temps, l'expression Ă  l'impĂ©ratif, « namomihage » est devenue une formule de vƓux, adressĂ©e lors du Nouvel An aux Ă©pouses, aux enfants et aux visiteurs[2].

Origines et légendes

Les démons du namahage, les oni, sont généralement considérés comme une dérivation des dieux propices de la nouvelle année.

Date

Initialement cĂ©lĂ©brĂ©e lors du 15e jour de la nouvelle annĂ©e, la fĂȘte des namahage a dĂ©sormais lieu lors de la nuit du .

DĂ©roulement

À la nouvelle annĂ©e, un groupe de jeunes hommes dĂ©guisĂ©s en dĂ©mons appelĂ©s namahage (sorte de PĂšre Fouettard ou Krampus), visitent chaque maison dans le village, en criant : « Y a-t-il un enfant qui a un mauvais comportement, ici ? », « Y a-t-il des enfants dĂ©sobĂ©issant Ă  leurs parents ? » ou « Y a-t-il des belles-filles nĂ©gligeant leurs devoirs[3] ? » Ils vont ensuite effrayer les enfants, leur disant de ne pas ĂȘtre paresseux ou de ne pas pleurer. Les parents assurent alors aux namahage qu'il n'y a pas de mauvais enfants dans leur maison et donnent de la nourriture ou des boissons alcoolisĂ©es traditionnelles aux dĂ©mons.

Acteurs

Les jeunes hommes incarnant les namahage étaient traditionnellement de jeunes hommes célibataires au sortir de l'adolescence, connus des visités comme étant de bonne réputation et appartenant à l'élite locale. Avec le temps, les critÚres de sélection se sont faits moindres[4]. Ils sont accompagnés d'hommes plus ùgés qui les canalisent et leur servent de guides, ainsi que d'adolescents qui récoltent quelques piÚces à la fin de leur visite[4].

Costumes et masques

Les costumes étaient initialement constitués de toutes sortes de matériaux primaires, tels que algues séchées, paille, écorces


Les oni peuvent ĂȘtre masculins ou fĂ©minins. Ils sont diffĂ©renciĂ©s par la couleur de leur masque : rouge pour les premiers, bleu pour les seconds.

ÉvĂ©nements dĂ©rivĂ©s

Le rituel du namahage a fait l'objet d'abondantes recherches et observations, suscitant un intĂ©rĂȘt croissant de la part d'Ă©trangers Ă  la pĂ©ninsule auquel il Ă©tait inaccessible[5]. Le rituel, dont la fonction premiĂšre Ă©tait magique ou religieuse, a donnĂ© lieu Ă  des Ă©vĂ©nements dĂ©rivĂ©s dont la fonction principale devenait celle d'une reprĂ©sentation, destinĂ©e Ă  un public de « visiteurs[6] ». Selon Foster, il est probable que la crĂ©ation de ces Ă©vĂ©nements dĂ©rivĂ©s ait Ă©tĂ© une voie pour sauvegarder l'existence du rituel originel, en le prĂ©servant de la pression touristique, mais aussi en le revitalisant, grĂące au rappel de sa signification aux habitants de la pĂ©ninsule d'Oga et Ă  la mise en valeur de son caractĂšre privĂ©[4].

Namahage Seido matsuri

Cette fĂȘte (matsuri) est crĂ©Ă©e en 1964, et se dĂ©roule les seconds vendredi, samedi et dimanche du mois de fĂ©vrier. Elle combine les Ă©lĂ©ments du rituel de namahage, et celle d'une cĂ©lĂ©bration shintƍ traditionnellement tenue le dans le temple Shinzan Ă  Kitaura, dĂ©pendant de la ville d'Oga[4] - [7].

AprĂšs une sĂ©rie de bĂ©nĂ©dictions shintƍ et l'exĂ©cution d'une danse sacrĂ©e, de jeunes gens aux visages arborant des masques consacrĂ©s par un prĂȘtre sont prĂ©sentĂ©s au public, devant un grand feu de joie. Puis ils gravissent la montagne oĂč se tient une cĂ©rĂ©monie dite de prise des esprits des namahage (nyukon). Ensuite, un spectacle se dĂ©roule sur une scĂšne situĂ©e dans le temple de Kakura-den. Les namahage se livrent Ă  une reprĂ©sentation du rituel du Nouvel An, prĂ©sentent une sĂ©rie des diffĂ©rents masques et costumes existants dans la pĂ©ninsule, et interprĂštent un spectacle de taiko, de gros tambours japonais. Le spectacle comprend d'autres Ă©lĂ©ments plus contemporains, avec par exemple en 2013 un spectacle de danse moderne crĂ©Ă© par Baku Ishii, sur une musique de son fils le compositeur Kan Ishii.

AprÚs une descente de la montagne aux flambeaux, les jeunes gens incarnant les namahage déambulent au travers de la foule autour du temple de Shinzan, ce qui conclut le festival[7].

Inscription au patrimoine ethnologique du Japon

La fĂȘte des namahage est classĂ©e au patrimoine culturel du Japon comme bien important du patrimoine ethnologique vivant (é‡èŠç„Ąćœąæ°‘äż—æ–‡ćŒ–èČĄ, jĆ«yƍ mukei minzoku bunkazai)[8].

Marchandisation

Les personnages des namahage ont donné lieu à de nombreuses formes d'exploitation commerciale : comme symboles à l'attention des touristes, mais aussi comme sujets de restaurant à thÚmes, ou comme constituants de marques de biÚres, de nouilles et autres produits de consommation courante.

Traditions similaires

Il existe de nombreuses traditions similaires (toshigami) aussi bien dans la rĂ©gion du Tƍhoku que dans d'autres rĂ©gions :

Les toshigami sont une sorte de raihƍ-shin (杄èšȘ焞), des divinitĂ©s rendant visite aux populations. Le rituel « raihĂŽ-shin, les visites de divinitĂ©s masquĂ©es et costumĂ©es », a Ă©tĂ© ajoutĂ© par l'UNESCO Ă  sa liste reprĂ©sentative du patrimoine culturel immatĂ©riel de l'humanitĂ© en 2018[10].

Notes et références

  1. Martzel 1982, p. 20.
  2. Oga Board of Education 2012.
  3. JNTO, « Oga no Namahage », sur www.tourisme.japon.com (consulté le ).
  4. Foster 2013.
  5. « Oga was “closed” (heisateki) to outsiders » Foster 2013.
  6. Walter Benjamin Walter, Iluminations, 1969, cité par Foster 2013.
  7. « Namahage Sedo FestivalImportant Intangible Cultural Asset - Oga’s Namahage » (consultĂ© le ).
  8. « Namahage », musée Namahage d'Oga, préfecture d'Akita (consulté le ).
  9. Martzel 1982, p. 21-24.
  10. « « RaihĂŽ-shin », les visites rituelles de divinitĂ©s masquĂ©es », La modernitĂ© de l’esthĂ©tique traditionnelle, sur Nippon.com, (consultĂ© le ).

Annexes

Bibliographie

  • (en) Michael Dylan Foster, « Inviting the uninvited guest: ritual, festival, tourism, and the Namahage of Japan », Journal of American Folklore,‎ , p. 302 (lire en ligne).
  • GĂ©rard Martzel, Le Dieu masquĂ© : FĂȘtes et thĂ©Ăątre au Japon, Paris, Publications orientalistes de France, , 344 p.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Koji Watanabe, « Croquemitaine et namahage : la peur comme moyen Ă©ducatif et initiatique », Iris, Centre de Recherche sur l'Imaginaire, vol. Diables et dĂ©mons d'Eurasie, no 25,‎ , p. 137-145 (ISSN 0769-0681).
  • (en) Yoshiko Yamamoto, The Namahage: a festival in the northeast of Japan, Institute for the Study of Human Issues, , 168 p..

Liens externes

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