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NĂ©cronyme

Un nécronyme est un prénom, ou une référence au nom, d'une personne décédée.

Certaines cultures ont des tabous ou des traditions associées au fait de se référer à cette personne. Elles varient d'un extrême à l'autre : ne plus jamais parler du vrai nom de quelqu'un, et par là, utiliser à la place une périphrase ; ou bien au contraire, lui rendre hommage constamment en nommant les choses ou des personnes d'après son nom.

Par exemple, dans certaines cultures il est fréquent pour un nouveau-né de recevoir le nom (un nécronyme) d'un membre de sa famille récemment décédé ; ou bien au contraire, réutiliser un tel nom serait fortement déconseillé voire interdit. Alors que ces options varient de manière contrastée selon les cultures, l'utilisation de nécronyme reste très fréquente.

La pratique d'utilisation (ou de non-utilisation) du nom de la personne décédée exprime souvent un type de relation avec la personne décédée.

Exemples

Au Niger dans la région de Dosso, il existe chez les Zarma une forte croyance au pouvoir du nom face à la fatalité, à l’impuissance. Au moment où les grandes épidémies sévissaient, la survie de l’enfant était une préoccupation majeure pour les parents et la communauté. Le taux de mortalité infantile était très élevé et mère, père, grands-parents, féticheurs cherchaient différents subterfuges pour faire échapper l’enfant à la mort. L’attribution du nom est un de ces moyens. On estime que plus du tiers des noms a un rapport direct avec la mort. Dans l’espoir de voir l’enfant survivre, il peut recevoir dès sa naissance un nécronyme qui est un nom qui exprime la relation d’un parent décédé avec le sujet. Si la mort s’est déjà emparée de celui qui a auparavant porté ce nom alors elle est supposée épargner celui à qui on vient de l’attribuer.

En Italie, il est fréquent d'appeler un (une) enfant du prénom d'un de ses frère (sœur) décédé en bas âge, parfois même un prénom composé si deux ou plusieurs enfants de la fratrie sont décédés à la suite. C'était également le cas en France jusqu'au début du XXe siècle.

De même, en Corse, le cas se rencontre plusieurs fois, et à double titre, au sein de la fratrie de Napoléon. En effet :

  • au moins un frère aĂ®nĂ© du futur empereur semble avoir Ă©tĂ© prĂ©nommĂ© ainsi, avant de mourir en bas âge : c'est donc un premier cas de nĂ©cronyme.
  • Le prĂ©nom de naissance de la sĹ“ur de NapolĂ©on, Élisa Ă©tait Maria-Anna, le mĂŞme que ses trois sĹ“urs aĂ®nĂ©es dĂ©cĂ©dĂ©es en bas âge.
  • De plus, cette volontĂ© des parents de NapolĂ©on de nommer ainsi l'un de leurs fils relevait Ă©galement du nĂ©cronyme, rĂ©current dans toutes les familles nobles, puisqu'il s'agissait d'honorer un autre NapolĂ©on (1717-), illustre grand-oncle du futur empereur NapolĂ©on Ier, et rĂ©cemment dĂ©cĂ©dĂ©. Les frères de ce NapolĂ©on se prĂ©nommaient d'ailleurs Joseph (-), grand-père de l'empereur, et Lucien (-), comme les deux frères de l'empereur.

Cette thèse est d'autant plus crédible que le prénom Napoléon, même en Corse à cette époque, était extrêmement rare, et que les frères et sœurs de Napoléon ont reçu des prénoms classiques (comme Lucien, Jérôme ou Louis).

L'ambiguïté

Cette tradition des nécronymes a parfois induit les historiens en erreur. Deux certificats de naissance portant le même nom mènent souvent à confondre deux personnes distinctes. Cette confusion découle souvent de l'impossibilité de savoir qui est qui lorsque se pose la question de rétablir l'attribution des certificats à la bonne personne.

Un des exemples les plus cĂ©lèbres est Shigechiyo Izumi, qui aurait ainsi « usurpĂ© Â» son titre de doyen de l'humanitĂ© pendant près de dix ans.

Voir aussi

  • Shigechiyo Izumi, connu comme doyen de l'humanitĂ©, aurait en fait vĂ©cu avec les papiers de son frère aĂ®nĂ©.
  • François-RenĂ© de Chateaubriand, Ă©crivain français, prĂ©nommĂ© RenĂ© (= nĂ© Ă  nouveau) en souvenir de son grand frère François, dĂ©cĂ©dĂ© peu avant sa naissance.
  • Le deuxième prĂ©nom de Jacques Chirac est Ă©galement RenĂ©, pour les mĂŞmes raisons (une de ses sĹ“urs aĂ®nĂ©es Ă©tant dĂ©cĂ©dĂ©e en bas âge)
  • Salvador DalĂ­ portait le mĂŞme prĂ©nom que son frère aĂ®nĂ© (1901-1903) qui est dĂ©cĂ©dĂ© neuf mois avant sa naissance, prĂ©nom qui Ă©tait par ailleurs, le mĂŞme que celui du père.
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