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Muséobus Linder

Le Muséobus Linder est un musée itinérant conçu par Maud Linder, fille du réalisateur et acteur Max Linder, en 1970 pour exposer des œuvres originales sur tout le territoire français, en particulier dans les villages[1]. C'est le premier musée mobile consacré à l’art contemporain en France.

Les prémices aux États-Unis

Le premier muséobus consacré à l'art est l'Artmobile mis en place par le Virginia Museum of Fine Arts de Richmond aux États-Unis en 1955[2]. Dans la remorque d’un camion, ce musée a fait aménager une salle d’exposition selon les dessins de Leslie Cheek alors directeur du musée. Ce muséobus s’arrête environ tous les cinquante kilomètres, deux à trois jours, dans les villes pour présenter au public les œuvres de son exposition, « La peinture hollandaise du XVIIe siècle » en 1955. Ce type d’unité mobile au service de la démocratisation de l’art arrive en France plus tard, dans les années 1970.

Architecture

Le musĂ©obus est installĂ© Ă  l'intĂ©rieur d'une remorque de type poids lourd dotĂ©e d'une carrosserie extensible : les parois latĂ©rales et le toit sont dĂ©pliables. Ainsi les deux mètres de largeur du musĂ©obus laissent place Ă  un espace de cinquante-six mètres carrĂ©s. Ă€ l'intĂ©rieur, on distingue trois espaces : le podium d'entrĂ©e, la salle d'exposition (huit mètres de long sur sept mètres de large) et la cabine technique (deux mètres cinquante de large sur trois mètres de long). La salle d'exposition offre un espace suffisamment vaste (trente deux mètres carrĂ©s) pour que le public puisse prendre du recul face aux Ĺ“uvres accrochĂ©es sur les cimaises. Des espaces d'accrochages peuvent ĂŞtre ajoutĂ©s au besoin par l'addition de cloisons en Ă©pis. L'amĂ©nagement du lieu a donc Ă©tĂ© pensĂ© du point de vue du volume mais Ă©galement du point de vue du confort pour les visiteurs. Ainsi tout est fait pour qu'ils se sentent Ă  l'aise. AttirĂ© par les couleurs en mouvement du mur-lumière de Nicolas Schöffer placĂ© sur le podium, sorte de petit sas d'entrĂ©e, le spectateur dĂ©couvre les Ĺ“uvres dans un espace chaleureux et digne des lieux d'exposition traditionnel. De la moquette recouvre le sol, les parois-cimaise du camion sont recouvertes de peinture et tendues d'un tissu orangĂ©, les Ĺ“uvres sont Ă©clairĂ©es par des spots installĂ©s sur des rails au plafond, au centre de la salle une banquette permet aux visiteurs de s’asseoir. Ces efforts envers l'accueil du public se doublent de mesures de sĂ©curitĂ© pour la bonne conservation et la sĂ©curitĂ© des Ĺ“uvres : « Tous les matĂ©riaux employĂ©s sont garantis ininflammables ou ont Ă©tĂ© ignifugĂ©s. Un système de climatisation assure Ă  la salle le maintien d'une tempĂ©rature constante, dĂ©jĂ  facilitĂ© par une isolation thermique en double parois. Â»"[3]. La sĂ©curitĂ© des Ĺ“uvres est assurĂ©e par la prĂ©sence permanente de deux gendarmes.

Expositions

Ce musĂ©obus a accueilli durant deux saisons, deux expositions monographiques : une première consacrĂ©e Ă  Georges Rouault en 1970, une seconde consacrĂ©e Ă  Fernand LĂ©ger en 1971. Grâce au prĂŞt du MusĂ©e national d'art moderne, des toiles telles que Il a Ă©tĂ© maltraitĂ© et opprimĂ© et il n'a pas ouvert le bouche (1923-1948) de Georges Rouault ont Ă©tĂ© exposĂ©es au public. Les expositions ont attirĂ© un large public, environ mille personnes par jour ont visitĂ© les musĂ©es lors de ses escales. Le MusĂ©obus faisait aussi bien des escales dans les grandes villes que dans les villages. Aussi l'exposition LĂ©ger a sillonnĂ© en les routes de l'Ă®le-de-France[4] tandis que celle de Georges Rouault s'Ă©tait rendue Ă  Grenoble et Ă  Dole[5]. Selon Maud Linder, le musĂ©obus a reçu en moyenne « mille personnes dont certainement plus du tiers n'avaient jamais franchi la porte d'un musĂ©e, mais qui sont intĂ©ressĂ©s aux Ĺ“uvres exposĂ©es et qui pour la plupart, ont vu le film que nous projetions sur le peintre et ont Ă©coutĂ© avec une saine curiositĂ© les explications donnĂ©es par le conservateur ou les animatrices de musĂ©e Â»[5]. Le musĂ©obus propose donc plusieurs types de mĂ©diation : la visite est accompagnĂ©e d'un fond sonore, un film documentaire prĂ©sente le travail de l'artiste et une personne compĂ©tente assure le relais entre les Ĺ“uvres et les visiteurs.

Postériorité

Faute de moyens, l'aventure du muséobus Linder n'a perduré que le temps de deux expositions. Néanmoins d'autres personnes et institutions ont mis en place des musées mobiles d'art contemporain. Les Fonds régionaux d'art contemporain ont particulièrement utilisé des structures d'expositions mobiles. Le Frac Limousin a investi de 1983 à 1988 des wagons de la SNCF et a ainsi proposé cinq expositions aux habitants de la région. Plus récemment le Frac Ile-de-France a mis en place deux unités mobiles d'exposition qui ont stationné dans plusieurs villes de la région : Parade (2010-2011)[6] et Abitacollection[7]. Plus médiatisé, le Centre Pompidou Mobile, un chapiteau conçu par Patrick Bouchain a parcouru la France d' à pour présenter aux français certain chefs-d’œuvre de la collection du Musée national d'art moderne. Le Musée Mobile d'Ingrid Brochard aménagé dans un conteneur conçu par l'architecte britannique Adam Kalkin est depuis 2011 sur les routes de France à la rencontre des enfants.

Notes et références

  1. « Museum - Articles divers », sur unesdoc.unesco.org (consulté le ).
  2. Bary, Saade, "Démarches" in Muséologie Nouvelle et Expérimentation Sociale Info, bulletin de formation no 5, juin 1985, p. 1
  3. Maud Linder, "Le muséobus Linder" in Museum International, vol. VIII, no 2, 1972, p. 234
  4. Elisabeth Caporal, "Musée à quatre roues" in Le Nouvel Observateur, 15 novembre 1971, p. 8, lien
  5. Maud Linder, ibid, p. 232
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