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Monument aux Girondins

Le monument aux Girondins, situĂ© Ă  Bordeaux, place des Quinconces, a Ă©tĂ© Ă©levĂ© entre 1894 et 1902 Ă  la mĂ©moire des dĂ©putĂ©s girondins victimes de la Terreur. Les Bordelais le nomment couramment « colonne des Girondins Â» ou « monument des Girondins Â».

Monument aux Girondins
Présentation
Type
Colonne commémorative/Fontaine monumentale
Architecte
Deverin
Construction
Hauteur
54 m.
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Localisation
Pays
Commune
Adresse
Esplanade des Quinconces et quai Louis-XVIII
Coordonnées
44° 50′ 43″ N, 0° 34′ 29″ O
Carte

Il est classé au titre des monuments historiques depuis le , après avoir été inscrit le [1], le classement ayant été approuvé par le conseil municipal de Bordeaux le [2].

Histoire

Dès 1868, l'architecte Julien Guadet, petit-neveu du député girondin Élie Guadet, établit un projet de monument à la mémoire des Girondins pour la place Dauphine[3] – actuelle place Gambetta –, à Bordeaux. C'est sur cette place que les dernières exécutions de députés girondins, dont Élie Guadet, et de leurs partisans, ont eu lieu en 1794. Exposé au Salon de Paris en 1870[3], le projet ne sera pas réalisé.

En 1881, le conseil municipal de la ville de Bordeaux prend la décision d'ériger un monument à la mémoire des députés du groupe des Girondins.

Le , le centre des allĂ©es de Tourny est choisi comme emplacement d'un monument surmontĂ© d'une statue de la RĂ©publique et, le suivant, par arrĂŞtĂ©, un concours est ouvert Ă  tous les artistes français pour proposer un projet[4]. Au second tour, le premier prix est attribuĂ© en 1888 Ă  Jules Labatut, statuaire, et Pierre EsquiĂ©, architecte, pour leur projet intitulĂ© Alta fa qui pot (« Ainsi fait qui peut Â» en occitan).

Le projet de Labatut et EsquiĂ© ne sera cependant pas rĂ©alisĂ© : c'est celui intitulĂ© Gloria victis (« Gloire aux vaincus Â», en latin), prĂ©sentĂ© par le statuaire Alphonse Dumilatre et l'architecte Henri Deverin, arrivĂ© second au concours[5], qui sera retenu après avoir Ă©tĂ© revu par Dumilâtre et l'architecte Victor Rich.

Cependant, dans le même temps, un autre projet était en cours pour orner la place des Quinconces d'une fontaine monumentale commandée à Bartholdi. La fontaine de Bartholdi est réalisée en 1888, mais le conseil municipal de la ville de Bordeaux juge son prix trop élevé, et c'est la ville de Lyon qui en fait l'acquisition pour l'ériger sur la place des Terreaux.

À la suite de l'échec des négociations avec Bartholdi, la ville de Bordeaux prend la décision de regrouper les deux projets — celui du monument aux Girondins, et celui de la fontaine — en n'en formant plus qu'un, celui d'un monument-fontaine qui sera érigé sur la place des Quinconces. Le projet de Dumilâtre et Rich est ainsi repris en lui adjoignant deux bassins.

L'emplacement du monument est choisi sur la place des Quinconces, Ă  l'intersection de son axe longitudinal et du prolongement du cours du XXX juillet.

Le , les crĂ©dits sont votĂ©s par le conseil municipal et les travaux dĂ©butent en 1894 avec l'Ă©rection d'un Ă©chafaudage en bois de 54 mètres de hauteur. Ils se termineront en 1902. Toutefois, le projet ne sera pas rĂ©alisĂ© en entier : bien que dĂ©diĂ© aux Girondins, les deux groupes de statues reprĂ©sentant huit des principaux dĂ©putĂ©s ne seront jamais rĂ©alisĂ©s et leurs emplacements sur le socle de la colonne, en arrière de chacune des deux fontaines, demeurent toujours inoccupĂ©s.

Les deux groupes de députés étaient formés[6] d'une part de Pierre Victurnien Vergniaud, François Buzot, Jérôme Pétion de Villeneuve, et Charles Jean Marie Barbaroux, et d'autre part d'Élie Guadet, Armand Gensonné, Jean-Antoine Grangeneuve, et Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède :

Députés Girondins du projet initial

Cependant, en 1989, pour le bicentenaire de la prise de la Bastille, une plaque commémorative, gravée des noms de huit députés girondins, est apposée au monument. Le choix diffère du projet initial, les noms retenus étant ceux des huit membres du parti girondin effectivement députés du département de la Gironde[7].

Ainsi, les noms de seulement cinq des huit députés formant les deux groupes de statues prévus initialement se retrouvent sur cette plaque. Ceux de François Bergoeing, Jean-François Ducos, et Jacques Lacaze, ont été substitués à ceux de Barbaroux (député des Bouches-du-Rhone), Buzot (député de l'Eure), et Pétion (député d'Eure-et-Loir), morts tragiquement dans le département de la Gironde où ils avaient tenté de se réfugier en suivant Guadet.

Sept des députés mentionnés sur la plaque sont morts exécutés. François Bergoeing a fini naturellement sa vie à Bordeaux en 1829, après avoir notamment fait partie des membres du Comité de sûreté générale.

En 1944, les ornements de bronze du monument sont retirés au profit du commissariat à la mobilisation des métaux non ferreux, qui remet en retour à la ville 1,5 million de francs[8].

Description

La colonne vue du côté de la fontaine

Il se compose d'un large socle encadrĂ© de deux bassins, ornĂ©s de chevaux et de groupes en bronze, et surmontĂ© d'une colonne de 43 mètres oĂą culmine (Ă  54 mètres de hauteur) la statue en bronze de la LibertĂ© brisant ses chaĂ®nes.

Les groupes suivants figurent parmi les sculptures :

La réalisation de l'ensemble des sculptures a été partagée entre plusieurs fondeurs d'art avec la répartition suivante[9] :

  • la fonderie Denonvilliers[10] de Sermaize-sur-Sault (Marne) : les quatre chevaux-reptiles et la LibertĂ© ;
  • les Établissements Leblanc-Barbedienne de Paris : le premier groupe rĂ©alisĂ© pour le bassin de la RĂ©publique, « Le mensonge, le vice et l'ignorance Â» ;
  • les Établissements Durenne de Sommevoire (Haute-Marne) : « Le triomphe de la RĂ©publique Â», les coquilles, les grenouilles, les roseaux et les six enfants (le premier groupe de trois enfants reprĂ©sente le Commerce et l'Industrie, le second groupe Ă©voque les Beaux-Arts)[11] ;
  • la fonderie du Val d'Osne (Haute-Marne) : la « RĂ©publique Â», le bassin du « triomphe de la Concorde Â», et les quatre chevaux-poissons.

La colonne a été réalisée par Alphonse Dumilatre et Victor Rich. Les chevaux marins, enlevés durant l'Occupation, ont retrouvé leur place en 1983, date à laquelle les bronzes ont également été restaurés.

Jugements

L'esthétique du monument a été parfois critiquée par les Bordelais eux-mêmes. François Mauriac juge ses proportions désastreuses : « Autour de la Colonne des Girondins, des républiques mafflues sont à sec dans un bassin minuscule[12] ». Jacques Ellul est critique envers sa sculpture : « Je ne vois pas en quoi cette espèce de, disons, de génie qui la couronne représente en quoi que ce soit une pensée révolutionnaire ou une spiritualité quelconque[13] ».

Galerie

  • Vues du monument
  • Fontaine des Girondins.
    Fontaine des Girondins.
  • Fontaine des Girondins.
    Fontaine des Girondins.
  • Fontaine des Girondins.
    Fontaine des Girondins.
  • AllĂ©gorie de la RĂ©publique du monument aux Girondins situĂ© place des Quinconces Ă  Bordeaux
    Allégorie de la République du monument aux Girondins situé place des Quinconces à Bordeaux
  • AllĂ©gorie de la RĂ©publique du monument aux Girondins situĂ© place des Quinconces Ă  Bordeaux
    Allégorie de la République du monument aux Girondins situé place des Quinconces à Bordeaux

Voir aussi

Bibliographie

  • A. Gaston CorniĂ©, « Le monument des Girondins Ă  Bordeaux », La Nature,‎ , p. 61-62 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Ducos, Armand, A propos du monument des Girondins. Les Trois girondines : Mme Roland, Charlotte de Corday, Mme Bouquey, et les Girondins, Ă©tude de critique historique, Bordeaux, impr. de P. Cassignol, , 294 p. (lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

Notes et références

  1. « Inscription du Monument aux Girondins », notice no PA33000074, base Mérimée, ministère français de la Culture. Consulté le 27 août 2009
  2. Délibération 20100568 du Conseil municipal, le 25 octobre 2010.
  3. Charles Vatel, Charlotte de Corday, et les Girondins, Plon, Paris, 1872, t. 3, p. 786
  4. F.-A. Aulard (rédacteur en chef), La Révolution française, revue historique, Charavay frères, Paris, 1887, t. 13, p. 378
  5. L'Artiste, revue de Paris, histoire de l'art contemporain, 1888, t. 2, p. 235
  6. La Nature, G. Masson, Paris, no 1151 du 22 juin 1895
  7. Adolphe Granier de Cassagnac, Histoire des Girondins et des massacres de septembre, E. Dentu, Paris, 1860, t. 1, p. 5
  8. Brigitte Vital-Durand, « Bordeaux, 1er juillet 1940, 23 heures, l'horloge passe à l'heure allemande. Du 27 juin 1940 au 27 août 1944, chronique de l'Occupation au quotidien, dans la ville où Papon prend ses fonctions en mai 1942 », sur Libération, (consulté le ).
  9. Ministère de la Culture et de la Communication - Mission "Fonte et Fonderies" en Haute-Marne - Rapport Final - Mars 1994
  10. « FONDERIES DENONVILLIERS », sur e-monumen.net (consulté le )
  11. Le monument aux Girondins, Bordeaux DĂ©couvertes
  12. Commencements d'une vie, 1932, p. 78
  13. Olivier Abel, Paul Ricoeur, Jacques Ellul, Jean Carbonnier, Pierre Chaunu: Dialogues, Labor et Fides, 2012, p. 70
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