Monstre de Pope Lick
Le monstre de Pope Lick (en anglais Pope Lick Monster, prononcĂ© : /'pÉÊplÉȘk ËmÉËnstÉ/, souvent surnommĂ© Goat Man[alpha 1], « l'homme-bouc » ou parfois Sheepman[alpha 2], « l'homme-mouton ») est une crĂ©ature de lĂ©gende urbaine apparaissant sous une forme mi-humaine, mi-caprine[1] ou bien mi- ovine[2] et relevant du folklore local du Kentucky. La lĂ©gende situe le lieu de rĂ©sidence du monstre sous le pont ferroviaire Ă trĂ©teaux surplombant Pope Lick, une crique du quartier Fisherville de Louisville (Kentucky), aux Ătats-Unis[3].
Origines présumées
Il existe de nombreuses lĂ©gendes urbaines quant aux origines du monstre et ses modes d'interaction mortelle. Selon certains rĂ©cits, la crĂ©ature utilise soit l'hypnose[1] soit le mimĂ©tisme vocal pour attirer ses victimes sur le pont jusqu'Ă leur rencontre fatale avec un train venant en sens inverse[4]. D'autres histoires prĂ©tendent que le monstre saute depuis les trĂ©teaux du pont chevalet sur le toit des voitures passant en dessous. En outre, d'autres mythes racontent que l'homme-bouc attaque les visiteurs avec une hache ensanglantĂ©e et dont la seule vision mĂȘme est si perturbante que les malheureuses victimes se sentent contraintes de sauter dans le vide.
D'autres légendes soutiennent qu'il s'agit d'un monstre de foire présenté comme un hybride humain-chÚvre échappé d'un cirque et criant vengeance pour les maltraitances subies. Dans une autre version, il est dit que le monstre s'est échappé aprÚs le déraillement d'un train sur le pont. D'aprÚs une autre version, communément racontée par les habitants de la région, le monstre serait en réalité la réincarnation difforme d'un fermier qui aurait sacrifié des chÚvres en échange de pouvoirs sataniques.
Le film
En 1988, le monstre fait l'objet d'un court-métrage réalisé par le Louisvillois Ron Schildknecht et intitulé The Legend of the Pope Lick Monster[5].
Le film, d'une durée de 16 minutes et d'un budget de réalisation de 6 000 $, voit sa sortie en salle le 29 décembre 1988 au cinéma Uptown Theatre. La majeure partie du film montre pour décor des images du pont de Pape Lick, mais certaines scÚnes se déroulent en réalité dans un autre lieu moins exposé aux risques pour des questions de sécurité de l'équipe de tournage[6].
Des dangers bien réels
Les multiples histoires liées à la créature ont transformé la région en pÎle d'attraction pour touristes friands de légendes urbaines[7]. Il y a eu un certain nombre de morts et d'accidents autour du pont à tréteaux depuis sa construction, malgré l'érection d'une clÎture de prÚs de 2 mÚtres et demi pour éloigner les visiteurs curieux[6].
Une idée fausse mais assez répandue localement suggÚre que le pont à tréteaux serait désaffecté et laissé à l'abandon ; en réalité, le pont constitue au contraire une artÚre ferroviaire majeure qui se prolonge dans Louisville. Des trains de marchandises lourds traversent ce pont plusieurs fois par jour, il n'est donc pas improbable que quelqu'un se retrouve au sommet et se laisse surprendre par un train arrivant en sens inverse. La société d'exploitation, Norfolk Southern Railway exhorte le grand public à ne pas escalader les tréteaux, allant jusqu'à menacer tout contrevenant d'une mise sous les verrous[8].
Les avertissements de la société ferroviaire
Par l'intermédiaire de leurs représentants, les cheminots de la Norfolk Southern Railway ont exprimé leur inquiétude vis-à -vis des conduites dangereuses que pourrait induire le film, y voyant un encouragement pour les adolescents à arpenter les tréteaux du pont. Selon la société ferroviaire, une scÚne trompeuse est particuliÚrement risquée : le personnage principal, un lycéen, échappe de justesse à un train à l'approche en se suspendant à bout de bras sur le cÎté des tréteaux. En réalité, peu d'individus auraient l'endurance physique de rester accrochés sur les 5 à 7 minutes que nécessite la traversée effective des 235 mÚtres du pont par le train ; de plus, les vibrations sont si fortes que les tréteaux tremblent au passage du convoi[6].
Redoutant une Ă©ventuelle explosion du nombre d'accidents mortels, la Norfolk Southern publie une dĂ©claration destinĂ©e Ă ĂȘtre lue lors de la premiĂšre. Il s'agit d'une mise en garde contre les dangers du pont Ă trĂ©teaux et d'un avertissement informant le public que toute intrusion sur le site exposait les contrevenants Ă de graves ennuis judiciaires[9].
Accidents tragiques
Si l'existence tangible du monstre de Pope Lick reste à démontrer, il en va autrement des nombreux accidents mortels de ceux qui partent sur les traces de la légende sur le pont à tréteaux et qui remplissent la rubrique nécrologique du quotidien local The Courier-Journal. La série de drames ferroviaires survenus sur les lieux confirme la véhémence des avertissements émis par les cheminots[9].
En 1988, un jeune homme de 17 ans, Jack « JC » Charles Bahm II, se trouve heurté et tué par un train tandis qu'un autre jeune homme est blessé alors qu'il tente de traverser le pont[10]. En 1994, un homme meurt sous un train aprÚs que son VTT se retrouve coincé dans les tréteaux, le piégeant fatalement sur les voies[11]. En 2000, un jeune de 19 ans est mort aprÚs avoir été heurté par un train[12].
Le 23 avril 2016, une touriste de 26 ans, Roquel Bain, originaire de l'Ohio, alors Ă la recherche du monstre, dĂ©cĂšde happĂ©e par un train. Son petit ami survit en se suspendant par les cĂŽtĂ©s des trĂ©teaux[13] - [14]. Le 26 mai 2019, Savanna Bright, 15 ans, est dĂ©clarĂ©e morte sur les lieux aprĂšs s'ĂȘtre retrouvĂ©e, avec une amie, sur la voie ferrĂ©e prĂšs du pont de Pope Lick. L'amie non identifiĂ©e de Bright est transportĂ©e au CHU de Louisville[15].
Notes et références
Notes
Références
- (en) Kleber, John E, The Encyclopedia of Louisville, Kentucky, Ătats-Unis, University Press of Kentucky, (ISBN 0813121000), Pope Lick Monster
- (en) Tangonan, Shannon, « Man, 19, dies after falling from trestle », The Courier-Journal, Louisville, Kentucky ·,â , p. 8 (lire en ligne [PDF])
- (en) Blackburn, « MONSTRO BIZARRO: MONSTERS & MYSTERIES IN AMERICA » [archive du ], Rue Morgue (consulté le )
- (en) Holland, « Three Louisville-area monster legends for Halloween », Louisville Magazine, vol. 83,â , p. 51â54 (DOI 10.4169/002557010X485111, S2CID 218543143, lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) « intrigue », sur IMDB (consulté le )
- (en) Burkart, « The Bizarre Legend of Louisville KY's 'Pope Lick Monster' » [archive du ], Fearnet, (consulté le )
- (en) Jeffrey Scott Holland, Mark Sceurman et Mark Moran, Weird Kentucky : your travel guide to Kentucky's local legends and best kept secrets, Sterling Pub, (ISBN 978-1-4027-5438-8 et 1-4027-5438-8, OCLC 227155631, lire en ligne)
- (en) « Legend of the Pope Lick Monster », wdrb.com, WDRB TV (consulté le )
- David Mattingly, « Stay off the tracks: Officials warn of deadly history of Pope Lick train trestle », WAVE (TV),â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Lawrence Muhammad, « Trestle east of Louisville attracts more teens, and another is killed », The Courier-Journal, Louisville, Kentucky,â (lire en ligne)
- (en) « Train kills man caught on trestle after wreck », The Courier-Journal, Louisville, Kentucky,â , p. 15 (lire en ligne)
- (en) « Nicholas Ledman Jewell - Obituary », The Courier-Journal,â , p. 16 (lire en ligne)
- Beth Warren, « Tourist dies on search for Pope Lick monster », The Courier-Journal,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « LĂ©gende urbaine : la mystĂ©rieuse mort dâune AmĂ©ricaine Ă la recherche dâun monstre », M6info sur Yahoo,â (lire en ligne)
- Sarah Ladd, « 15-year-old girl dies in yet another train accident on the Pope Lick trestle », The Courier-Journal,â (lire en ligne, consultĂ© le )