Mon année de repos et de détente
Mon année de repos et de détente (My year of rest and relaxation) est un roman de fiction psychologique écrit par l'autrice américaine Ottessa Moshfegh. L'intrigue se déroule à New York entre 2000 et 2001 et suit une protagoniste anonyme qui augmente progressivement sa consommation de médicaments grâce à une psychiatre douteuse dans le but de dormir pendant une année entière.
Mon année de repos et de détente | |
Auteur | Ottessa Moshfegh |
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Pays | États-Unis |
Genre | Fiction, roman psychologique |
Version originale | |
Langue | Anglais américain |
Titre | My year of rest and relaxation |
Éditeur | Penguin Press |
Lieu de parution | New York |
Date de parution | 2018 |
Nombre de pages | 289 |
ISBN | 9780525522119 |
Version française | |
Traducteur | Clément Baude |
Éditeur | Fayard |
Collection | Littérature étrangère |
Date de parution | 2019 |
Nombre de pages | 304 |
ISBN | 9782213711256 |
Contexte et publication
Mon année de repos et de détente est le deuxième roman d'Otessa Moshfegh, faisant suite à Eileen (2015), lauréat du Prix Booker[1], ainsi qu'a McGlue (2014) et à un recueil de nouvelles nommé Homesick for Another World[2] (2017). S’il était initialement prévu que Mon année de repos et de détente soit principalement axé sur les attaques terroristes du 11 septembre 2001, l'autrice allant même jusqu'à contacter l'expert en terrorisme Paul Bremer, le projet a ensuite pris une autre tournure[3].
Mon année de repos et de détente a été publié pour la première fois aux États-Unis le 10 juillet 2018 par Penguin Press.
Résumé
Mon année de repos et de détente suit le discours intérieur d'une jeune New-Yorkaise riche, belle et récemment diplômée de l'Université de Colombia qui décide de mettre sa vie en pause en s'assommant de somnifères dans le but d'hiberner pendant toute une année. Bien que le roman soit entièrement écrit à la première personne, la narratrice reste anonyme.
Devenue orpheline de père et de mère durant ses études d'histoire de l'art, l'héroïne anonyme de Mon année de repos et de détente réside dans le cossu Upper East Side, où elle se morfond dans un ennui profond depuis l'obtention de son diplôme. Lorsque la narratrice est licenciée de son travail de vendeuse dans une galerie d'art, elle choisit de vivre des allocations de chômage et de son héritage tout en essayant de dormir pendant un an dans le but de réinitialiser sa vie. Mais son "année de repos et de détente" est régulièrement interrompue par les visites fréquentes et inopinées de sa colocataire d'université Reva, qui lui envie sans vergogne sa richesse son apparence. Ces interruptions sont acceptées par le personnage principal malgré un dédain certain pour l'ascension sociale de son amie et son agacement prononcé de devoir écouter les problèmes de Reva, dont la mère est atteinte d'un cancer en phase terminale et qui mène une affaire frustrante avec son patron marié. La narratrice est également occasionnellement en contact avec un petit ami plus âgé, Trevor (un banquier qui travaille au World Trade Center), bien qu'il coupe fréquemment les ponts pour sortir avec des femmes de son âge.
La narratrice ne s'aventure hors de son appartement que pour de courtes visites à la bodega locale, au bureau du Dr Tuttle ou au Rite Aid pour récupérer ses ordonnances. Mais alors qu'elle prend des médicaments de plus en plus forts, elle commence à quitter l'appartement pendant son sommeil, entre autres pour aller dans les boîtes de nuit, dont elle ne garde aucun souvenir autre que des photographies Polaroid et des paillettes qu'elle découvre lorsqu'elle se réveille de son black-out de plusieurs jours. Le soir du nouvel an 2000, elle se réveille dans un train en direction des funérailles de la mère de Reva. Convaincue que ces activités qui n'ont aucun intérêt pour la narratrice dans ses heures conscientes perturbent ses efforts de repos, elle décide alors qu'elle doit dormir enfermée dans son appartement. Elle contacte Ping Xi, un artiste qui fréquente la galerie où elle travaillait, qui accepte de lui apporter de la nourriture et d'autres produits de première nécessité pendant quatre mois en échange de son autorisation d'utiliser son hibernation pour un projet artistique pendant qu'elle est inconsciente. Sa seule exigence est que toute trace de lui soit disparue lorsqu'elle se réveille tous les trois jours pour manger et se laver. Pour se préparer, elle vide son appartement, donnant ses vêtements de créateurs à Reva, qui vient d'être larguée par son patron. Il ignore qu'elle est enceinte et lui propose une promotion qui la transférerait au World Trade Center. Reva annonce envisager de se faire avorter et la narratrice se rendort jusqu'au 1er juin.
Au cours de l'été 2001, l'héroïne se réadapte lentement à la vie, passant des heures à s'asseoir dans un parc et à réaménager son appartement autrefois décoré avec des meubles dépareillés et usagés de Goodwill. Comme elle l'espérait au début de son entreprise, sa vision du monde a été transformée par son repos : son mépris pour Reva s'est enfin évaporé et, pour la première fois, elle se rend compte de la profonde affection qu'elle éprouve pour son amie, bien que Reva soit depuis devenue distante. Elle tente de la contacter le jour de son anniversaire en août, mais Reva refuse l'appel. Par la suite, elles n'ont plus de contact. Le 11 septembre, Trevor est à la Barbade en lune de miel lorsque Reva meurt dans l'attaque terroriste contre le World Trade Center. En apprenant la nouvelle, la narratrice sort acheter un nouveau magnétoscope pour enregistrer le journal télévisé. Elle regarde ensuite régulièrement la vidéo, en particulier des images d'une femme sautant hors de la tour qu'elle croit être Reva.
Réception
Le roman a reçu des critiques très positives sur le site agrégateur de critiques littéraires Bookmarks[4] - [5]. Dans Slate, Laura Miller fait l'éloge du roman en ces termes : «Moshfegh excelle ici à mettre en place un personnage et une situation immédiatement intrigants, puis à amplifier la bizarrerie au point qu'une rupture semble inévitable.»[6] Publishers Weekly trouve également le livre "captivant et inquiétant, présentant le mélange caractéristique de provocation et d'humour noir de Moshfegh»[7]. Plusieurs critiques, dont Miller et Publishers Weekly, estiment que «le roman traîne un peu au milieu»[7], bien que la fin ait été largement saluée[8], Miller ajoute que l'autrice Otessa Moshfegh «a trouvé un moyen plus satisfaisant de résoudre l'intrigue» dans Mon année de repos et de détente que dans son premier roman, Eileen[6].
Dans sa critique du roman dans The New Yorker, Jia Tolentino écrit : «Ottessa Moshfegh est de loin l'écrivain américain contemporain le plus intéressant sur le sujet d'être en vie alors qu'être en vie est terrible»[9] Dans le New York Times, Dwight Garner conclu que «Moshfegh écrit avec tellement d'aplomb misanthropique, cependant, qu'elle est toujours un plaisir profond à lire. Elle a un œil sans sommeil et dispense des observations comme si elle sortait d'une pipette toxique.»[10]
Le roman a été présenté comme «Le meilleur roman existentialiste qui n'ait pas été écrit par un auteur français.» par Kirkus Reviews.
Pour les éditions Fayard, «Les tribulations assoupies de cette Oblomov de la génération Y forment un récit hilarant qui est aussi une charge au vitriol contre les travers de notre époque.»[11]
Adaptations
En 2018, l'actrice Margot Robbie achète les droits du livre avec sa société de production LuckyChap Entertainment dans le but d'en faire une adaptation cinématographique.
Une adaptation théâtrale en langue allemande de My Year of Rest and Relaxation, Mein Jahr der Ruhe und Entspannung, a été créée en 2020 à Zurich, en Suisse, sous la mise en scène de Yana Ross[12].
Références
- « Somewhere . . . Sometime », dans The Principal’s Graduation, The Chinese University Press, (lire en ligne), p. 226–230
- « Pacific Economic Monitor: », Pacific Economic Monitor, (ISSN 2521-6074 et 2521-6066, DOI 10.22617/tcs189454-2, lire en ligne, consulté le )
- « Fægriprisen 2020 », Naturen, vol. 143, no 5, , p. 191–191 (ISSN 0028-0887 et 1504-3118, DOI 10.18261/issn.1504-3118-2019-05-02, lire en ligne, consulté le )
- « My Year of Rest and Relaxation » [archive du ], Literary Hub (consulté le )
- Harrison, « My Year of Rest and Relaxation by Ottessa Moshfegh review – an experiment in oblivion » [archive du ], The Guardian, (consulté le )
- (en) Miller, « Perhaps You Could Get Away From It All by Sleeping for a Year » [archive du ], Slate Magazine, (consulté le )
- « My Year of Rest and Relaxation » [archive du ], Publishers Weekly, (consulté le )
- (en) Michel, « The Pleasures of Hating in 'My Year of Rest and Relaxation' » [archive du ], Chicago Review of Books, (consulté le )
- (en) Jia Tolentino, « Ottessa Moshfegh's Painful, Funny Novel of a Young Woman's Chemical Hibernation », The New Yorker, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- (en-US) Dwight Garner, « A Sleeping Beauty Hopes Hibernation Is the Answer to All Life's Problems », The New York Times, (lire en ligne [archive du ], consulté le )
- Fayard, « Fayard, Mon année de repos et de détente »
- Jonas Grethlein, « Über den Autor », dans Mein Jahr mit Achill, Verlag C.H.BECK oHG, (lire en ligne), p. 209–209
Liens externes
- Lecture de My Year of Rest and Relaxation et entretien avec Ottessa Moshfegh à Politics and Prose le 25 juillet 2018, via YouTube.