Mission Santa Barbara
Connue comme la "reine des missions", la mission Santa Barbara (en espagnol La MisiĂłn de La Señora Bárbara, Virgen y Mártir) a Ă©tĂ© fondĂ©e le par le père FermĂn Francisco de LasuĂ©n, quatre ans après la fondation de la forteresse (el Presidio) qui fut Ă l'origine de la ville de Santa Barbara en Californie. La mission Ă©tait la dixième fondĂ©e par les franciscains en haute Californie. Elle est, avec la mission San Luis Rey, l'une des deux missions occupĂ©es en continu par les franciscains depuis leur fondation[1].
Construction et reconstruction de la chapelle
La chapelle qui est visible aujourd'hui a été precedée par trois constructions préalables, datant de 1787, 1789 et 1793-94. La troisième, un edifice assez imposant en adobe et tuiles rouges, est détruite dans le tremblement de terre de 1812[2].
La construction de la quatrième chapelle (cette fois en grès) est entamĂ©e en 1815, en utilisant principalement le travail en servitude de la tribu indigène locale, les Chumash, sous la direction du maĂ®tre tailleur de pierre, Antonio Ramirez[2]. Le site choisi par les pères franciscains est en hauteur et Ă mi-chemin entre la mer Pacifique et les montagnes de Santa Ynez. La chapelle sera consacrĂ©e en 1820 par Father FermĂn LasuĂ©n[2], qui est devenu prĂ©sident de la chaine de missions californiennes après la mort de JunĂpero Serra.
La chapelle est à nouveau endommagée par un tremblement de terre en juin 1925. Les deux clochés sont complètement détruits, mais les murs ne sont pas touchés, grâce à leurs épais contreforts. Les clochés sont reconstruits à l'identique en réutilisant, dans la mesure du possible, les matériaux de construction de la troisième chapelle.
Entre 1950-1953, la façade est démolie et une fois de plus reconstruite à l'identique afin de réparer les dégâts causés par la désintégration d'une partie de la fondation en béton.
L'intérieur de la chapelle n'a pas changé depuis 1820[3].
Les vestiges de l'infrastructure d'origine se trouvent à l'est de la mission sur une parcelle qui est actuellement un parc municipal connu sous le nom de Mission Historical Park. Ces ruines comprennent des cuves de tannage, un four à poterie, et une maison de garde[4]. En outre, il y avait un vaste système de distribution d'eau, avec des aqueducs, un système de filtration, deux réservoirs et un moulin à farine à eau. Près de l'entrée de la mission se trouvent la fontaine et le lavoir d'origine[5].
La mission et la population Chumash
La mission Santa Barbara faisait partie d'un plan plus large du Royaume d'Espagne pour protéger sa revendication sur l'Alta California contre des puissances coloniales rivales (Russie et Grande-Bretagne)[6]. La mission devait transformer les autochtones locaux (la tribu Chumash pour Mission Santa Barbara) en citoyens espagnols par la conversion au catholicisme et en faisant d'eux des membres productifs de l'économie coloniale espagnole[7].
L'Ă©conomie missionnaire
La principale activité économique des missions dans la region occupée par les Chumash était l'élevage et les produits connexes (peaux et suif). La taille moyenne du troupeau de bétail de la mission de Santa Barbara était un peu supérieure à 14 000 animaux durant la période 1806-1810[8]. Un grand nombre de travailleurs Chumash était nécessaire pour s'occuper de ce troupeau et pour répondre aux autres besoins de la mission. En même temps, les grands troupeaux ont perturbé le système sophistiqué de chasse et de cueillette des Chumash, entraînant une précarité accrue pour la tribu. Cela a aggravé le stress démographique provoqué, avant même la construction de la mission, par les épidémies de maladies européennes contre lesquelles les Chumash n'avaient aucune immunité[8].
En 1803, 1792 membres de la tribu Chumash habitaient dans les 234 cabanons qui entouraient la Mission. En 1820, la population Chumash de la mission était tombée à 1132 personnes et, en 1823, à 962 personnes. Dans les archives franciscaines, il n'y a pas d'explication explicite de cette chute dramatique de la population Chumash, mais dans toutes les missions californiennes le taux de mortalité dépassait systématiquement les taux de natalité[9] - [10]. Des sources modernes attribuent cet effondrement démographique aux mauvais traitements, le surmenage, la malnutrition, la violence et la maladie[8] - [11].
RĂ©belion Chumas
Dans le contexte d'une rébellion Chumash plus large affectant également les missions Purisima et Santa Inés, les Chumash de Santa Barbara se sont rebellés contre le système de travail forcé. Le 22 février 1824, ils ont pris et pillé la mission et ont forcé les soldats qui y étaient stationnés à retourner au presidio de Santa Barbara. Après une bataille indécise menée contre les soldats du presidio, la plupart des Chumash se sont retirés à travers les montagnes de Santa Ynes.
Dans une première phase de la rébellion, des tribunaux militaires ont menacé de mort tout Chumash qui refusait de retourner à sa mission. Entre-temps, des pénuries alimentaires se développaient dans les missions touchées par la rebellion (en raison du manque de main-d'œuvre indigène) et dans les villages où les Chumash s'étaient réfugiés (qui n'avaient pas l'habitude de nourrir autant de monde). Les pères franciscains ont demandé au gouverneur de la Californie de pardonner les Chumash rebelles et le pardon a été accordé. Deux expéditions militaires ont été envoyées après les rebelles Chumash; le premier ne les a pas trouvés et le second a négocié avec les Chumash, utilisant le pardon du gouverneur comme incitation, et a convaincu une majorité de retourner dans les missions avant le 28 juin[12]. Selon un recensement effectué le 28 juin 1824, 816 Chumash sont revenus, sur une population d'un peu moins de 1000 personnes avant la rébellion[13].
Entre 1836-1839, la population Chumash autour de la mission a chuté de 481 à 246. En 1854, les archives indiquaient que "seuls quelques Indiens se trouvaient dans la zone de la mission".
SĂ©cularisation des missions de la Californie
Le 17 août 1833, le Congrès mexicain a adopté une loi pour la sécularisation des missions de Californie. L'acte a nationalisé les missions, transférant leur propriété de l'ordre franciscain aux autorités mexicaines[14]. En ce que concern la mission Santa Barbara, toutes ses terres ont été vendues ou données en 1835, mais les bâtiments de la mission sont restés sous le contrôle de l'Église catholique et deviennent une église paroissiale. Ensuite, le père Presidente Narciso Durán, responsable des toutes les missions californiennes, transféra le siège des missions à Santa Barbara, faisant de la mission Santa Barbara le dépositaire de quelque 3 000 documents originaux qui avaient été dispersés dans les missions californiennes[3].
La Californie est devenue un état américain en 1850. Le président Abraham Lincoln a réstitué les missions à l'Église catholique le 18 mars 1865.
La mission aujourd'hui
La mission est aujourd'hui une église catholique romaine détenue et gérée par les franciscains de la province de Santa Barbara[15].
Les 3 000 documents originaux déposés en 1833 à la mission au moment de la sécularisation constituent la base de la Bibliothèque d'archives de la mission de Santa Barbara (the Santa Barbara Mission-Archive Library). Ces documents font la lumière sur les activités des missions californiennes pendant la période coloniale. La Bibliothèque est une institution d'enseignement et de recherche indépendante à but non lucratif qui est distincte de la Mission Santa Barbara, mais occupe une partie des bâtiments de la mission. Certains franciscains siègent au conseil d'administration avec des universitaires et des membres de la communauté; l'institution est dirigée par un universitaire laïc[16].
Galerie de photos
- La façade et la chapelle
- La cour intérieure
- Le cimetière
- Intérieur de la chapelle
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'architecture :
- (en) Site web officiel
Références
- « Santa Bárbara – California Missions Foundation », sur californiamissionsfoundation.org (consulté le )
- « Santa Barbara Mission--American Latino Heritage: A Discover Our Shared Heritage Travel Itinerary », sur www.nps.gov (consulté le )
- « California Missions », sur factcards.califa.org (consulté le )
- « Santa Barbara Mission--Early History of the California Coast--A National Register of Historic Places Travel Itinerary », sur www.nps.gov (consulté le )
- « California Mission Life », sur factcards.califa.org (consulté le )
- Miguel León-Portilla, « California in the Dreams of Gálvez and the Achievements of Serra », The Americas, vol. 41, no 4,‎ , p. 428–434 (ISSN 0003-1615, DOI 10.2307/1007349, lire en ligne, consulté le )
- « California Indians – California Missions Foundation », sur californiamissionsfoundation.org (consulté le )
- (en) Deana Dartt-Newton et Jon M. Friands, « Little Choice for the Chumash: Colonialism, Cattle and Coercion in Mission Period California », American Indian Quarterly,‎ summer-autumn 2006 (JSTOR https://www.jstor.org/stable/4139021, lire en ligne)
- Geiger, Maynard, O.F.M, Ph.D, The Indians of Mission Santa Barbara in Paganism and Christianity, Old Mission, Santa Barbara, California, The Franciscan Fathers, (lire en ligne)
- (en) Robert H. Jackson, « The Population of the Santa Barbara Channel Missions: 1813-1832 », Journal of California and Great Basin Anthropology,‎ vol. 12, no. 2 (1990), p. 268-274 (lire en ligne)
- The Chumash Science Through Time Project: The Chumash Revolt of 1824, Sabine Talaugon (Director & Editor), Joe Talaugon (Chumash Narrator), Alan Salazar (Chumash/Tataviam Narrator) () Oakland, California : Iwex Consulting, LLC.
- Rose Beebe et Robert Senkewicz, Lands of Promise and Despair: Chronicles of Early California, 1535-1846, Santa Clara, Santa Clara University, (ISBN 1-890771-48-1, lire en ligne )
- Lisbeth Haas, Saints and Citizens: Indigenous Histories of Colonial Missions and Mexican California, Berkeley and Los Angeles, California, University of California Press, (ISBN 9780520276468), « Chapter 4 »
- Coleccion de leyes y decretos del Congreso General de la Nacion Megicana en los Años 1833 a 1835
- (en-US) « Santa Bárbara », sur California Missions (consulté le )
- (en) « About | Santa Barbara | Santa Barbara Mission Archive-Library », sur sbmal (consulté le )