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Metaxu

Metaxu ou metaxy (en grec: μεταξύ) est un concept de philosophie mĂ©taphysique qui dĂ©signe ce qui est « dans l’intervalle Â», ou encore au juste milieu. La notion est utilisĂ©e et dĂ©finie par Platon.

Concept

Le concept de metaxu apparaĂ®t sous la plume de Platon dans le Banquet[1]. Le terme est liĂ© au personnage de la prĂŞtresse Diotime, comme « intermĂ©diaire » ou au « juste milieu ». Diotime, enseignant Socrate, utilise le terme pour montrer comment la tradition orale peut ĂŞtre perçue par diffĂ©rentes personnes de diffĂ©rentes façons. Dans le poème de Socrate, elle reprĂ©sente Éros non pas comme un extrĂŞme de puretĂ©, mais plutĂ´t comme un « dĂ©mon Â» au sens du grec δαίμων, Éros se trouve entre les dieux et les humains. Diotime expose ainsi les dĂ©fauts de la tradition orale ; elle utilise des contrastes forts pour exprimer la vĂ©ritĂ©, rĂ©vĂ©lant ainsi la vulnĂ©rabilitĂ© au sophisme. Le terme est Ă©galement employĂ© dans le TimĂ©e[2] oĂą il s’applique Ă  l’univers crĂ©Ă© par le DĂ©miurge d’après le Modèle intelligible, et dont la nature est comparable Ă  celle d’un enfant, « intermĂ©diaire Â» entre son père et sa mère.

Postérité

Voegelin et l'entre-deux de l'ĂŞtre humain

Pour Eric Voegelin, le terme exprime la situation « entre-deux Â» de l'ĂŞtre humain : par exemple entre l'infini et le fini, ou entre le commencement de la vie et l'au-delĂ . Chez lui, le terme devient technique pour dĂ©signer la connexion de l'esprit humain avec le monde matĂ©riel, ce qui entraĂ®ne aussi en retour la « conscience d'ĂŞtre Â».

Weil et le bâton de l'aveugle

Pour Simone Weil, le terme renvoie à ce qui sépare et relie à la fois (comme le mur entre deux prisonniers, qu'ils peuvent frapper pour communiquer entre eux). Ainsi le contact pratique de l'esprit humain avec la réalité peut être comparé au bâton de l'aveugle qui lui permet de sentir la distance, sans lui donner un aperçu direct. Un metaxu est l'équivalent d'un pont, d'un seuil et de tout intermédiaire qui établit une médiation pour aller à Dieu. Car Simone Weil donne à ce terme de metaxu une signification métaphysique et religieuse[3].

Simondon et l'articulation entre structure et opération

Pour Gilbert Simondon, le terme éclaire l'articulation entre structure et opération : «[…] l'opération est un μεταξύ entre deux structures et est pourtant d'une autre nature que toute structure »[4].

Bibliographie

  • E.O. Springstead, « MĂ©taphysique de la transcendance et thĂ©orie des metaxu chez Simone Weil », in Cahiers Simone Weil, V-4, , p. 285-306.
  • Jacob Schmutz, « La philosophie de l'ordre d'Eric Voegelin », Revue Philosophique de Louvain, t. 93 Quatrième sĂ©rie, no 3,‎ , p. 255-284 (lire en ligne)

Références

  1. Le Banquet, 202 e - 203 a.
  2. Platon, Timée [détail des éditions] [lire en ligne], 50 d.
  3. Simone Weil, La Pesanteur et la grâce, Plon, 1988, p. 164 à 167.
  4. Gilbert Simondon (préf. Jacques Garelli), L'individuation à la lumière des notions de forme et d'information, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, , 571 p., p. 531.

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