Merlinettes
Les Merlinettes est le surnom donné aux femmes du Corps féminin de transmission (CFT) de l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale. Leur surnom est dérivé du général Merlin, commandant les transmissions en Afrique du Nord, qui eut l'idée de cette création et qui en conduisit la réalisation en hiver 1942 en Afrique du Nord. Elles sont les premières femmes « soldats » de l'armée de terre française.
Historique
À l'hiver 1942, le général Lucien Merlin (alors colonel) commande les transmissions des trois armées françaises[1]. Il décide de créer le Corps féminin de transmission (CFT)[2] et lance une campagne de recrutement jamais faite auparavant de personnel féminin par voie d'affichage[2] en Afrique du nord française[1]. Sur les affiches, on peut lire des slogans tels que « Pour libérer la France. Françaises, venez au Corps Féminin des Transmissions » ou « Françaises, engagez-vous dans les Transmissions »[1]. Ce recrutement intervient dans une période de pénurie de combattants pour l'armée française et donc le but est de libérer des hommes pour le combat[1]. À l'issue de cette campagne, 1275 opératrices sont recrutées et formées comme radio, téléphoniste, télétypiste, radio/secrétaire d'analyse, électriciennes[1], formations alors non spécifiques aux femmes, et réparties au sein des trois armes. Selon l'historien Luc Capdevila « C'est la première fois qu'un corps spécifique de femmes soldats sans missions qui relèvent d'un corps traditionnel est créé. »[1]. Auparavant les femmes au sein de l'armée se trouvaient dans le domaine sanitaire — infirmières ou ambulancières — ou secrétaires[1].
Après leur formation, 150 d'entre elles sont engagées, au niveau corps d'armée et supérieur, sur le théâtre d'opérations en Tunisie en mars 1943, puis 377 intègrent le Corps expéditionnaire français en Italie (CEF)[1]. Elles débarquent à Naples[3] et progressent, avec les forces françaises du général Juin lors de la campagne d'Italie[2], de Monte Cassino, du Garigliano à Rome pour atteindre Sienne. C'est dans cette ville qu'elles participent au défilé du 14 juillet 1944.
En avril 1944, les Merlinettes sont 1095 dont 37 officiers et 121 sous-officiers[1].
Le , celles du Corps expéditionnaire rembarquent à Tarente sur la côte Adriatique et le , les Merlinettes débarquent à Saint-Tropez lors du débarquement de Provence. Certaines vont participer également à la campagne de l'armée aux ordres du général de Lattre de Tassigny de la Provence à Strasbourg, puis après le franchissement du Rhin[2], l'avancée vers Sigmaringen. Après l'armistice, les unités de transmissions du CFT s'arrêtent définitivement à Innsbruck le .
La valeur de leur engagement est soulignée par le général Carpentier, chef d'état-major du CEF : « dans des circonstances extrêmement dures, le personnel féminin des transmissions a été admirable » et par le général de Lattre de Tassigny[2] : « les volontaires féminines de la 1re Armée (...) ont fait preuve d'un dévouement souriant, d'un zèle sans défaillance, certaines même d'un héroïsme magnifique. Elles peuvent être fières de la part qu'elles ont prise à notre victoire ».
Parachutages en zone occupée
Certaines Merlinettes sont à Londres pour leur formation et intègrent ensuite les opérations du Special Operations Executive (SOE) britannique. Elles sont parachutées en France occupée au printemps et en été 1944. Parmi elles, Suzanne Mertzizen, Marie-Louise Cloarec, Eugénie Djendi et Pierrette Louin, toutes arrêtées par la Gestapo, torturées et déportées à Ravensbrück, sont fusillées le par les Allemands au camp de Ravensbrück[2].
Notes et références
- Aude Borel, « Le saviez-vous ? Les Merlinettes », sur le site du ministère de la Défense
- Elisabeth Lesimple, « Les Merlinettes, opératrices de transmission [France Seconde Guerre mondiale] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Dictionnaire universel des créatrices, Éditions Des femmes, , p. 2898-2899
- Benoît Hopquin, « Les " Merlinettes ", héroïnes oubliées de la seconde guerre mondiale », Le Monde,‎ (lire en ligne)
Annexe
Bibliographie
- Blondé (général) et Turlain (capitaine), Historique des Transmissions de l'Armée de terre : Tome 1 : Des origines à 1940 / Tome 2 : De 1940 à 1962 / Tome 3 : De 1963 à 1988, Armée de terre, coll. « APPAT », (ASIN B0014WF4KY)
Articles connexes
Lien externe
- Musée des transmissions Espace Ferrié, Cesson-Sévigné (35, Ille-et-Vilaine)