Mego (label)

Le label Mego est fondé en 1994 par Ramon Bauer, Andreas Pieper et Peter Meininger. Le nom du label serait une référence à l'expression "My Eyes Glaze Over", du futurologue et géostratège américain Herman Kahn[4].

La première publication de Mego, en mai 1995, est le vinyle 12" Fridge Trax, une collaboration de General Magic (Ramon Bauer et Andi Pieper) et Peter Rehberg (sous son nom de scène Pita). Il s'agit de compositions basées sur l'enregistrement d'un frigidaire[1]. Durant cette même année 1995, Mego publie plusieurs vinyles 12": Die Mondlandung (par General Magic et Elin), Stützpunkt Wien 12, et Instrument de Fennesz.

Parmi les publications marquantes de cette première période figurent les premiers albums solo de Rehberg (sous le nom de Pita), Seven Tons For Free (1996) et de Fennesz, Hotel Paral.lel (1997). Tous deux sont honorés en 1999 par le Prix Ars Electronica pour Digital Musics[5].

En 1998 sort IT ISO161975, premier album de Florian Hecker.

En janvier 1999, des artistes du label Mego donnent trois soirées de concert au NTT InterCommunication Center (ICC) à Tokyo. Parmi les artistes présents: le trio Fennesz / O’Rourke / Rehberg, Pita, General Magic, Fennesz, Farmers Manual, Russel Haswell et Zbigniew Karkowski[6]. Octobre 1999 voit la publication de Get Out, le deuxième album solo de Pita.

En décembre 1999 sort The Magic Sound of Fenn O’Berg, album qui réunit des enregistrements de cinq concerts du trio Fennesz, Jim O’Rourke et Rehberg donnés entre mai 1998 et juillet 1999 à Berlin, Hambourg, Paris, Vienne et Tokyo[7].

Kevin Drumm en concert

En 2001, les albums Endless Summer de Fennesz et Shojo Toshi de Noriko Tujiko proposent des univers sonores inhabituellement chaleureux et ensoleillés. À l'inverse, Sheer Hellish Miasma par Kevin Drumm se situe, selon Philip Sherburne, "entre le Metal Machine Music de Lou Reed et le black metal scandinave"[8]. L'année 2001 voit également des publications d'Ilpo Väisänen (son premier album solo Asuma), du trio IBM formé par Bruce Gilbert, Ilpo Väisänen et Mika Vainio (The Oval Recording), et de Jim O'Rourke (I'm Happy, And I'm Singing, And A 1, 2, 3, 4).

En 2005, après 10 ans et 75 publications, Mego fait face à des difficultés financières[4]. Ramon Bauer et Andreas Pieper décident de stopper le label. Peter Rehberg fonde alors Editions Mego, qui poursuit le travail exploratoire et maintient disponible le catalogue de Mego[9]. Le label devient plus productif que jamais: 50 productions sortent en 2012.

Parmi les albums les plus emblématiques, le critique Philip Sherburne cite le premier album du duo KTL (formé par Rehberg et Stephen O’Malley), Hubris (2016) de Oren Ambarchi, Ecstatic Computation (2019) de Caterina Barbieri, et Peel (2020) du musicien kényen KMRU[8].

En janvier 2014, le label Mego est invité au CTM Festival à Berlin, et présente plusieurs concerts au cours de quatre soirées[4].

En 2015, le 20e anniversaire de la première publication Mego est célébré par une série de "label showases". Des concerts ont ainsi lieu au cours de l'année, notamment à Tokyo, Vienne, Barcelone, Londres, Bâle, Hong Kong, Berlin et Stockholm[10] - [11].

Au sein de l'entité Editions Mego, Peter Rehberg a institué plusieurs "sous-labels", qui sont le fruit de collaborations[12] et dont la direction artistique est confiée à des artistes proches de Mego[13].

• Ideologic Organ, débuté en 2011, dirigé par Stephen O’Malley et consacré à la musique acoustique[14].
• KTL Live Archive, consacré à la publication des enregistrements de concerts du duo KTL.
• Old News, dirigé par Jim O’Rourke, consacré à l'édition d'enregistrements (anciens ou récents) de ce musicien.
• Sensate Focus, sous l'égide de Mark Fell, consacré à l'édition de "musique pouvant être jouée dans des boîtes de nuits" selon Rehberg[15].
• Spectrum Spools, débuté en 2011, dirigé par John Elliott (membre du groupe Emeralds), consacré à l'édition d'artistes émergents de musique électronique[16].
• Recollection GRM, dirigé par François Bonnet et Daniel Teruggi, consacré à la réédition sur vinyle d'œuvres "classiques" liées au Groupe de recherches musicales (GRM). Parmi les artistes publiés dans cette série: Michèle Bokanowski, Pierre Henry, Éliane Radigue, Luc Ferrari, Bernard Parmegiani ...
• Portraits GRM, deuxième collaboration avec INA GRM, cette série débutée en 2020 publie des œuvres électro-acoustiques composées à la suite de commandes du GRM[17]. Les artistes publiés sont Jim O'Rourke, Lucy Railton, Max Eilbacher, Hecker et Okkyung Lee[18].

Peter Rehberg meurt d'une crise cardiaque le 22 juillet 2021 à Berlin à l'âge de 53 ans[1]. Le site The Quietus a annoncé que seuls les trois labels Ideologic Organ, Recollection GRM et Portraits GRM continueront à l'avenir leurs publications[19].

Le label Editions Mego termine ses activités avec les dernières publications planifiées par Peter Rehberg: Piano Music 1-7, par Powell, et une réédition de l'album Returnal de Oneohtrix Point Never.