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Maurice Spata

Muriki ou Maurice Spata (en albanais: Muriq Shpata, en grec: ÎœÎżÏ…ÏÎŻÎșης ÎŁÏ€ÎŹÏ„Î±Ï‚) gouverna Arta de la fin 1399 ou du dĂ©but 1400 Ă  sa mort en 1414 ou 1415. Son rĂšgne fut dominĂ© par ses guerres contre Carlo Ier Tocco, comte palatin de CĂ©phalonie et Zante. Il rĂ©ussit Ă  dĂ©fendre sa capitale, Arta, mais en dĂ©pit de quelques succĂšs, ne put empĂȘcher Ioannina de tomber aux mains de Tocco.

Maurice Spata
Biographie
DĂ©cĂšs
Activité

Biographie

Maurice appartenait Ă  la famille albanaise des Spata. Il Ă©tait le petit-fils de Gjin (Jean) Bua Spata, le premier dirigeant albanais d’Arta. Il avait un frĂšre, Yaqub Spata et deux demi-frĂšres d’un second mariage de sa mĂšre, Charles Marchesano et Maddalena[1] - [2] - [3]. Peu avant de mourir le , Jean avait dĂ©signĂ© son frĂšre, Sgouros Spata (en), alors gouverneur de Naupacte, comme son successeur Ă  Arta. Quelques jours aprĂšs que Sgouros se soit installĂ© Ă  Arta, la ville fut prise par un aventurier, nommĂ© Bokoi (Bongoes) qui y installa, selon la Chronique de Ioannina, un rĂšgne de terreur. Alors que Sgouros s’enfuyait vers AngelĂłkastro, possiblement en , Maurice rĂ©ussit Ă  Ă©vincer Bokoi d’Arta et Ă  s’emparer du gouvernement[1] - [4] - [5].

En 1402-1403, Maurice vint au secours de Sgouros alors que celui-ci Ă©tait assiĂ©gĂ© Ă  AngelĂłkastro par les forces de Carlo Ier Tocco. L’attaque, dirigĂ© par le gĂ©nĂ©ral Galasso Peccatore, fut repoussĂ©e, mais Sgouros mourut peu aprĂšs, laissant ses possessions Ă  son fils, Paul Spata[6] - [7]. Tocco avait l’appui dans ses campagnes d’un clan albanais rival des Spata, les Bua, dirigĂ© par les frĂšres Maurice et Dimo[8]. En 1406, Carlo et les frĂšres Bua unirent leurs forces pour dĂ©vaster l’Acarnanie et les environs d’Arta sans toutefois rĂ©ussir Ă  s’emparer de la citĂ©, Ăąprement dĂ©fendue par Maurice Spata. À AngelĂłkastro cependant, Paul Spata, qui n’avait pas les qualitĂ©s de son pĂšre, se sentit menacĂ© par l’avance de Tocco et, en 1406, appela les Ottomans Ă  son aide. Ceux-ci, commandĂ©s par le commandant turc de Thessalie, Yousouf Beg, traversa les montagnes d’Acarnanie avec une armĂ©e de 20 000 hommes. Mais celle-ci fut dĂ©cimĂ©e en tentant de traverser le fleuve Acheloos alors en pleine crue. Les survivants tentĂšrent, mais sans succĂšs d’assiĂ©ger Vonitsa, Ă  la suite de quoi Yousouf Beg dut se rĂ©signer Ă  conclure un accord avec les Tocchi. Maurice refusant de venir Ă  l’aide de son cousin, Paul cĂ©da AngelĂłkastro aux Ottomans (dont Carlo Tocco devait s’emparer en moins d’une annĂ©e plus tard) et se retira Ă  Naupacte qu’il devait vendre Ă  Venise pour 1 500 ducats en 1407-1408[1] - [9] - [10].

Afin d’endiguer l’avance de Tocco, Maurice se tourna vers son voisin du nord, le despote de Ioannina, EsaĂč de' Buondelmonti. Les relations entre les deux hommes Ă©taient tendues parce qu’Esau qui avait Ă©pousĂ© en 1396 la mĂšre de Maurice, IrĂšne, l’avait divorcĂ©e en 1402 afin d’épouser Eudokia Balƥıć. NĂ©anmoins, le danger commun rapprocha les deux hommes qui conclurent une alliance vers 1410, scellĂ©e par le mariage de la fille de Maurice au fils d’Esau, Giorgio[1] - [11]. La guerre d’usure que se livrĂšrent Maurice et Carlo Tocco en fut une de raids et de contre-raids dont chaque partie sortit victorieuse tour Ă  tour, marquĂ©e de trĂȘves scellĂ©es par des alliances matrimoniales comme celle de Charles Marchesano qui Ă©pousa une fille naturelle de Carlo Tocco[1]. C’est du reste pendant les festivitĂ©s entourant ce mariage Ă  Rogoi que Maurice et ses invitĂ©s furent informĂ©s du dĂ©cĂšs d’Esau, le . Ce dĂ©cĂšs marqua le dĂ©but d’une lutte entre Tocco et les seigneurs albanais pour la possession de Ioannina dont hĂ©ritaient le jeune Giorgio, ĂągĂ© de sept ans, et sa mĂšre. Mais ce furent les habitants de Ioannina eux-mĂȘmes qui devaient dĂ©cider de leur destin en dĂ©posant Eudokia BalĆĄić, qui avait suscitĂ© leur hostilitĂ© en se comportant comme Thomas Preljuboviċ, et Giorgio. Avec l’aide du seigneur de GjirokastĂ«r, Gjon Zenebishi, Maurice tenta en vain d’assiĂ©ger la capitale Ă©pirote, mais dut se contenter de piller les environs. Les habitants de la ville, qui se refusaient Ă  l’idĂ©e d’un seigneur albanais ou serbe prĂ©fĂ©rĂšrent se rendre Ă  Tocco, un Italien, neveu du trĂšs populaire Esau de' Buondelmonti qui avait garanti les privilĂšges et propriĂ©tĂ©s de l’Église de Ioannina. Tocco put donc faire une entrĂ©e triomphale dans la ville, le 1er avril[1] - [12]. Ceci suffit Ă  renforcer l’alliance entre Maurice et Zenebishi qui fut confirmĂ©e par une alliance matrimoniale entre la fille de Maurice et le fils de Zenebishi, Simon. Les deux seigneurs albanais Ă©taient disposĂ©s Ă  nĂ©gocier avec Tocco, mais ce dernier imbu de ses rĂ©cents succĂšs, multiplia les raids contre leurs territoires. Voyant la chose, Maurice et Zenebishi se tournĂšrent vers leurs clans, rĂ©ussirent Ă  lever une imposante armĂ©e qui affronta celle de Tocco Ă  la bataille de Kranea dans le district de Mesopotamon, au printemps ou Ă  l’automne 1412. Victorieux, les Albanais se dirigĂšrent vers Ioannina qu’ils tentĂšrent en vain d’assiĂ©ger[1] - [13]. Fin 1412 ou dĂ©but 1413, Carlo Tocco dut se rĂ©signer Ă  appeler les Turcs en renfort, donnant l’une de ses filles naturelles en mariage Ă  Musa Çelebi, un des princes ottomans qui revendiquait la dignitĂ© de sultan durant l’interrĂšgne ottoman (1403-1413). Cette alliance renforça la position de Tocco, mais Musa fut dĂ©fait et tuĂ© plus tard la mĂȘme annĂ©e par son frĂšre, Mehmed Ier[14]. Durant la mĂȘme pĂ©riode, Maurice avait conclu une alliance avec le rival italien de Tocco en MorĂ©e, le prince d’AchaĂŻe, Centurione II Zaccaria[1]. Le demi-frĂšre de Maurice, Charles, qui avait Ă©tĂ© nommĂ© gouverneur de Rhiniasa, tenta de rejoindre Tocco, mais fut capturĂ© par des magistrats locaux qui le livrĂšrent Ă  Maurice[1]. Un scandale impliquant le fils de Zenebishi et un gendre de Maurice se termina par une querelle entre les deux souverains albanais et la rupture de leur alliance. Tocco se tourna alors rapidement vers Zenebishi pour conclure la paix avec lui[1].

Maurice mourut en 1414 ou en 1415[1]. Sa veuve, une Serbe du nom de Nereta, n’était guĂšre populaire et le couple n’avait pas de fils. La succession Ă©chut donc au frĂšre de Maurice, Yaqub Spata (en), qui avait Ă©tĂ© Ă©levĂ© chez les Turcs et Ă©tait musulman. Lors de la mort de Maurice, il se de hĂąta de se rendre Ă  Arta rĂ©clamer son hĂ©ritage, alors que Charles Marchesano devenait gouverneur de Rogoi (en)[15]. Mais les successeurs de Maurice se rĂ©vĂ©lĂšrent incapables de rĂ©sister aux assauts de Tocco et Yaqub fut tuĂ© en 1416 dans une embuscade. Arta se rendit, ce qui mit fin Ă  la domination albanaise dans la rĂ©gion[16]. Tocco, pour sa part, se hĂąta de faire hommage Ă  l’empereur byzantin, Manuel II, qui consentit, comme cela avait Ă©galement Ă©tĂ© le cas du sultan turc, Ă  lui confĂ©rer le titre de despote, titre que seuls les empereurs byzantins pouvaient concĂ©der et dont le dernier titulaire Ă©pirote avait Ă©tĂ© Esau, mort en 1411 [17].

Descendance

De son mariage avec Nerata, une Serbe, Maurice aurait eu trois filles dont les noms sont inconnus[1] - [3] :

  • l’une qui Ă©pousa Giorgio de' Buondelmonti ;
  • une qui Ă©pousa Simon Zenvisi, seigneur de Strovilo ;
  • une qui Ă©pousa, aprĂšs la mort de Maurice, Carlo II Tocco.

Notes et références

Note

    Références

    1. PLP [Prosopographisches Lexikon der Palaiologenzeit] 1991, 26524. ÎŁÏ€ÎŹÏ„Î±Ï‚ ÎœÎżÏ…ÏÎŻÎșης
    2. PLP 1978, 5969. ΕÎčÏÎźÎœÎ·.
    3. Nicol (2010) p. 255.
    4. Nicol (2010) pp. 164, 169.
    5. Fine (1994) pp. 355-356.
    6. Nicol (2010) p. 170.
    7. Fine (1994) p. 356.
    8. Nicol (2010) pp. 169-170.
    9. Fine (1994) p. 356.
    10. Nicol (2010) pp. 171-172.
    11. Nicol (2010) pp. 173-174.
    12. Nicol (2010) pp. 175-177.
    13. Nicol (2010) pp. 179-180.
    14. Nicol (2010) p. 181.
    15. Nicol (2010) p. 182.
    16. Nicol (2010) pp. 185-187.
    17. Nicol (2010)p. 183.

    Bibliographie

    Sources anciennes

    Deux chroniques nous sont parvenues datant de la fin du despotat :

    • la Chronique de Ioannina pour la pĂ©riode 1341-1400 :
      • (el) L. Vranousis, « To Chronikon ton Ioanninwn kat’ anekdoton dimodi epitomin » [« La chronique de Ioannina selon la tradition populaire »], Medieval Archive Yearbook, AcadĂ©mie d'AthĂšnes, vol. 12, 1962, p. 57–115 ;
    • la Chronique de Tocco pour la pĂ©riode 1375-1422 :
      • (el) G. SchirĂČ, ΀ο Î§ÏÎżÎœÎčÎșό τωΜ ΀όÎșÎșωΜ. ΀α Î™Ï‰ÎŹÎœÎœÎčΜα ÎșÎ±Ï„ÎŹ τας Î±ÏÏ‡ÎŹÏ‚ Ï„ÎżÏ… ΙΕ αÎčÏŽÎœÎżÏ‚ [« La chronique des Tocco, Ioannina au dĂ©but du XVe siĂšcle »], Ioannina, Etaireia Ipirotikon Meleton, 1965 ;
    • (it) G. Shiro, Cronaca dei Tocco di Cefalonia di anonimo. Prolegomeni, testo critico e traduzione, Rome, coll. « CFHB », 1975.

    Sources contemporaines

    • (en) Fine, John Van Antwerp (1994). The Late Medieval Balkans: A Critical Survey from the Late Twelfth Century to the Ottoman Conquest. University of Michigan Press. (ISBN 978-0-472-08260-5).
    • (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208).
    • (en) Nicol, Donald MacGillivray (2010). The Despotate of Epiros 1267–1479: A Contribution to the History of Greece in the Middle Ages. Cambridge University Press. (ISBN 978-0-521-13089-9).
    • (de) Trapp, Erich; Walther, Rainer; Beyer, Hans-Veit; Sturm-Schnabl, Katja. Prosopographisches Lexikon der Palaiologenzeit, 3. Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 1978.
    • (de) Trapp, Erich; Beyer, Hans-Veit; Kaplaneres, Sokrates; Leontiadis, Ioannis. Prosopographisches Lexikon der Palaiologenzeit 11. Vienne, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, 1991.

    Articles connexes

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