Mathieu DĂ©subas
Mathieu Majal, dit Désubas, né le 28 février 1720 aux Ubas près de Vernoux-en-Vivarais, et mort exécuté à Montpellier le 2 février 1746, est un pasteur du désert français.
Naissance | |
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Décès |
(Ă 25 ans) Montpellier |
Activité |
Biographie
Il est le fils de Jacques Majal et de Marie, née Chapon[1], et tire son surnom de son lieu de naissance, les Ubas (ou Ubats). Alors que le culte protestant reste interdit depuis l'Édit de Fontainebleau, Mathieu Majal est reçu comme prédicateur en 1738, puis consacré pasteur le 30 juillet 1743, après des études au séminaire français de Lausanne. Alors qu'il devait prêcher au Chambon le 12 décembre 1745, il est arrêté près de Saint-Agrève, sur dénonciation d'un catholique[2]. Il est conduit à Vernoux, où une foule nombreuse essaie de le délivrer. S'ensuit une fusillade qui tue trente-six coreligionnaires[1]. De sa prison, Majal écrit à la foule un message d'apaisement : « Je vous prie, Messieurs, de vous retirer, les gens du roi sont ici en grand nombre ; il n'y a eu déjà que trop de sang répandu. Je suis fort tranquille et entièrement résigné aux volontés divines »[3].
Conduit et incarcéré à Montpellier, capitale du Languedoc, il est interrogé par l'intendant, qui éprouve de la sympathie pour le pasteur. En vertu d'un édit de Louis XV, il est condamné à mort et pendu le 2 février 1746 sur l'esplanade où Claude Brousson et Pierre Durand avaient été exécutés. Dans une dernière lettre de consolation à ses père et mère, il écrivait : « je me glorifie de souffrir pour le nom de Christ ; je m'en réjouis, je suis heureux de ce qu'il m'a choisi pour le confesser devant les hommes, pour suivre ses traces et celles de tant d'illustres et glorieux martyrs »[4].
Complainte
Comme d'autres pasteurs du Désert, Désubas est commémoré par une complainte (avec des variantes)[5]. Voici quelques strophes citées par Jean Carbonnier[6] :
« Notre glorieux prince
A proscrit pour jamais
De toutes ses provinces
La loi des réformés.
Pourquoi faire violence ?
Monsieur, vous avez tort,
Et selon l'ordonnance,
Vous méritez la mort.
Zubas avec constance
RĂ©pond Ă ce seigneur :
Si j'ai prêché en France
La loi de mon Sauveur,
Les apôtres en Judée,
En Galilée épars,
Prêchaient en ces contrées
En dépit de César.
Il répondit humblement
Qu'il avait modestement
Prêché le saint Évangile
Dans les bois et dans les champs,
Au peuple pauvre et docile
Qu'on appelle protestants. »
Hommages
- Désubas est commémoré le 3 février dans le calendrier des églises luthériennes.
- Une stèle a été érigée en sa mémoire à Vernoux[7].
Références
- « Mathieu MAJAL dit DÉSUBAS, pasteur », sur web.archive.org, (consulté le )
- Jean Estéoule, Vie et passions huguenotes au cœur du Vivarais, Curandera, , p. 196-197.
- Jean Estéoule, op. cit., p. 198.
- « DESUBAS », sur www.regard.eu.org (consulté le )
- François Boulet (compte-rendu), « Christian Maillebouis, Didier Perre, Complaintes des huguenots en Velay. Mazet-Saint-Voy, 1776-1838 », Revue d'histoire du protestantisme, vol. 5, no 1,‎ , p. 139–142 (ISSN 2624-8379, lire en ligne)
- Jean Carbonnier, Coligny ou les sermons imaginaires, Paris, Presses universitaires de France, (ISBN 2-13-037180-9), p. 94-95.
- Christian Prost, « Vernoux-en-Vivarais. La stèle du pasteur Désubas restaurée », sur www.ledauphine.com,