Mat à l'étouffée
Aux échecs, un mat à l'étouffée est un schéma de mat donné par un cavalier, dans lequel le roi n'a aucune case de fuite, car il est entouré (ou étouffé) par ses propres pièces.
Ce mat a généralement lieu dans un coin de l'échiquier, car le roi a alors seulement trois cases libres où se déplacer. La forme la plus commune du mat à l'étouffée est représentée dans le diagramme de droite. Le cavalier en f7 met le roi en échec. Celui-ci n'a pas de case de fuite car il est entouré par ses propres pièces : la tour en g8 et les pions en g7 et h7. De même, par un effet miroir, les Blancs peuvent être matés avec leur roi en h1 et le cavalier en f2. Des positions similaires sont plus rares sur l'aile-dame (a1 pour le roi blanc, a8 pour le roi noir), le grand roque étant moins fréquent que le petit.
Description du mat
Mat à l'étouffée après 27.Cf7+ Rg8 28.Ch6+ Rh8 29.Dg8+ Txg8 30.Cf7#
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Position du mat
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Pour un effectuer un mat à l'étouffée, il est en général nécessaire de sacrifier du matériel (des pièces) pour faire en sorte d'enfermer le roi adverse avec ses propres pièces. Toutefois, il peut arriver que le roi soit déjà enfermé par ses propres pièces.
Une des méthodes habituelles pour obtenir un mat à l'étouffée a été jouée dans un match entre Jan Timman (avec les Blancs) et Nigel Short (Noirs), en 1990, à Tilbourg. À partir de la position du diagramme, on obtient (en notation échiquéenne) : 27.Cf7+ Rg8 28.Ch6+ Rh8 29.Dg8+ Txg8 30.Cf7#[1]. Ce qui implique, après l'échec du cavalier, un échec double de la dame et du cavalier, puis le sacrifice de la dame, que le roi ne peut pas prendre, et c'est donc la tour qui s'en charge. La dernière case libre à côté du roi est occupée. Le cavalier peut "étouffer" le roi et le mettre en échec et mat.
Cette technique est très connue, depuis longtemps : elle s'appelait improprement le mat de Philidor, d'après le Français Philidor, bien qu'elle ait été décrite quelques siècles plus tôt, en 1497, par Luis Ramírez Lucena, dans son livre Repetición de Amores y Arte de Axedrez[2] - [3].
Exemples dans des parties officielles
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Un premier exemple de mat à l'étouffée dans des parties entre maîtres a eu lieu entre Edward Lasker (en Blanc) et Israel Albert Horowitz (avec les Noirs), à New York, en 1946 : 1.d4 Cf6 2.Cf3 d5 3.e3 c5 4.c4 cxd4 5.Cxd4 e5 6.Cf3 Cc6 7.Cc3 d4 8.exd4 exd4 9.Cb5 Fb4+ 10.Fd2 0-0 11.Fxb4 Cxb4 12.Cbxd4 Da5 13.Cd2 De5+ 14.Ce2 Cd3#.[4]
Un autre exemple survient dans la partie entre Unzicker et Sarapu, à l'Olympiade de Siegen, en 1970: 1.e4 c5 2.Cf3 Cf6 3.e5 Cd5 4.Cc3 e6 5.Cxd5 exd5 6.d4 Cc6 7.dxc5 Fxc5 8.Dxd5 Db6 9.Fc4 Fxf2+ 10.Re2 0-0 11.Tf1 Fc5 12.Cg5 Cd4+ 13.Rd1 Ce6 14.Ce4 d6 15.exd6 Fxd6?? 16.Cxd6 Td8 17.Ff4! Cxf4? 18.Dxf7+ Rh8 19.Dg8+![5] doit maintenant abandonner face à la menace 19...Txg8 20.Cf7#
Voir aussi
Notes et références
- (en) « Jan Timman vs Nigel Short », sur ChessGames (consulté le ).
- (es) Luis Ramírez Lucena, Repetición de Amores y Arte de Axedres, Salamanca, Leonardo Hutz y Lope Sanz, , 261 p. (lire en ligne), p. 201.
- (en) Sonja Musser Golladay, Los Libros de Acedrex Dados E Tablas : Historical, Artistic and Metaphysical Dimensions of Alfonso X's "Book of Games", ProQuest, (OCLC 412767962), p. 278.
- (en) « Edward Lasker vs Israel Albert Horowitz », sur ChessGames (consulté le )
- (en) « Wolfgang Unzicker vs Ortvin Sarapu », sur ChessGames (consulté le )