Accueil🇫🇷Chercher

Marie de Grandmaison

Marie de Grandmaison, née Marie-Madeleine Burette à Blois en 1761, se fit connaître comme cantatrice à la Comédie-Italienne où elle fit une carrière. Elle est surtout connue sous le nom de son père adoptif, Babin de Grandmaison, et c’est sous ce nom qu’elle fut traduite au tribunal révolutionnaire et condamnée à mort le [1].

Marie de Grandmaison
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Marie-Madeleine Burette
Activité

Une carrière lyrique modeste

Au dĂ©cès de sa mère Ă  Blois en 1768, Marie-Madeleine Burette fut adoptĂ©e avec son frère Louis-François et sa sĹ“ur Marie-Catherine par un ami ou parent de sa famille, le sieur Jacques Babin de Grandmaison qui pourvut Ă  leur Ă©ducation[2]. Les deux filles qui avaient de fort belles voix, entamèrent une carrière lyrique, tandis que le frère fut avocat au Parlement de Paris vers 1780 puis directeur des postes Ă  Beauvais (1786), puis Ă  Étampes sous la RĂ©volution[3]. Marie-Madeleine et sa sĹ“ur Marie-Catherine[4] se firent entendre pour la première fois au Concert spirituel. Elles obtinrent l’une et l’autre un ordre de rĂ©ception Ă  la ComĂ©die italienne. Marie dĂ©buta le dans le rĂ´le de « Marine Â», dans « la Colonie Â», comĂ©die en deux actes traduite de l’italien par Framery, musique de Sacchini. On apprĂ©cia la puretĂ© de son chant, on lui reprocha les « minauderies Â» de son jeu de scène. Ses principaux rĂ´les sont celui de « Colombine Â» dans le « tableau parlant Â», texte d’Anseaume, musique de GrĂ©try ; « Lucette Â» dans La Fausse Magie, paroles de Marmotel, musique de GrĂ©try ; « Agathe Â» dans L’Ami de la maison, par les mĂŞmes auteurs ; ou encore « Rosette Â» dans La Bonne fille, paroles de Cailhava sur une musique de Piccini. Le public la rĂ©clamait. Quant au comitĂ© du théâtre il notait Ă  son sujet : « En travaillant davantage sa mĂ©moire, qui est souvent en dĂ©faut dans la musique, elle peut rĂ©ussir beaucoup. » Pourtant, elle se fit rare puis renonça Ă  la carrière tandis que sa sĹ“ur Marie-Catherine y persistait avec un grand succès. Marie-Madeleine rencontra le baron d’Augny, puis elle se lia avec Jean-Pierre de Batz Ă  l’époque de la RĂ©volution, en 1792, ils avaient chacun un appartement au 2e Ă©tage de l’hĂ´tel de Mme Suzanne Griois, rue de MĂ©nars, no 7. Leur liaison dura quelques mois, et Marie de Grandmaison se plaisait beaucoup dans l’Ermitage de Charonne, sur la route de Bagnolet, une folie dont Batz avait fait l’acquisition en 1787. Elle y convia ses amis artistes et aussi la sociĂ©tĂ© contre-rĂ©volutionnaire formĂ©e par les proches amis du baron de Batz.

La Terreur

Pour des raisons que l’on ignore, le baron de Batz vendit sa propriĂ©tĂ© de Charonne Ă  Jacques Babin de Grandmaison, le père adoptif de son amie, et voyagea Ă  l’étranger pendant l’annĂ©e 1792. Il revint dĂ©but janvier 1793 et se rencontra avec plusieurs dĂ©putĂ©s, appartenant pour plusieurs au premier ComitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale, celui d’avant la « loi des suspects Â», Ă©galement le citoyen Nicolas Luillier, procureur syndic du dĂ©partement et enfin divers administrateurs de police hĂ©bertistes. Il reçut certains d’entre eux dans la villa de Charonne oĂą Marie de Grandmaison fit les honneurs. Ces rĂ©unions auxquelles assista une ou deux fois un ancien garde du corps nommĂ© Louis Guillaume Armand furent Ă  l’origine des lĂ©gendes qui coururent, en l’an II, sur les grands complots fomentĂ©s par Batz.

En fait, après avoir longuement insistĂ© auprès de la municipalitĂ©, il avait enfin obtenu un passeport et quittĂ© Paris au milieu de l’étĂ© 1793 pour aller chez ses amis d’EprĂ©mesnil au Havre. Cependant, Louis-Guillaume Armand s’était compromis dans diverses affaires de fausse monnaie, et il fut condamnĂ© Ă  la dĂ©portation. Grâce au ComitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale, il obtint un sursis en acceptant de devenir indicateur de prison sous la houlette de Dossonville. Armand a ainsi rĂ©sumĂ© son rĂ´le dans cette affaire lamentable dont Marie de Grandmaison, arrĂŞtĂ©e Ă  Charonne, placĂ©e contre argent en dĂ©tention chez elle, puis envoyĂ©e Ă  Sainte-PĂ©lagie, fut l’innocente victime. « Une nommĂ©e Grandmaison, dit-il, femme ou maĂ®tresse du ci-devant baron de Batz, Ă©tait en prison oĂą j’étais. Dossonville me proposa de lui dire que, si elle voulait donner une somme de 50 000 Ă©cus, il la viendrait tirer de prison avec un ordre du ComitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale et qu’il la laisserait Ă©chapper. Et Ă  ce qu’il disait, le ComitĂ© lui en donnerait l’ordre en lui faisant entendre que, par ce moyen, il pourrait avoir le baron de Batz, ce « fameux conspirateur Â» (sic). Il l’a mĂŞme proposĂ© en comitĂ© dans le temps, si les membres qui y Ă©taient alors s’en souviennent. Cela serait aisĂ© Ă  vĂ©rifier surtout auprès des citoyens Amar et Jagot, membres du ComitĂ©. J’ai Ă©tĂ© obligĂ© de lui dire que je lui en parlerais avec l’intention de ne pas le faire. Il (Dossonville) me disait qu’il n’y avait que ce moyen lĂ  pour avoir de l’argent[5]. » TerrorisĂ©e, Marie de Grandmaison craignait de compromettre qui que ce soit, mais se doutant que Batz n’était certainement plus au Havre depuis l’arrestation de ses amis d’EprĂ©mesnil, elle pouvait lui indiquer qu’il s’était rendu dans cette ville sous le nom de Robert. Un document original publiĂ© par Courtois confirme l’implication entière, dans cette affaire politico-policière, du ComitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale qui donna des pouvoirs illimitĂ©s Ă  Dossonville pour aller enquĂŞter au Havre d’oĂą il revint bredouille. Dès lors, Marie de Grandmaison Ă©tait perdue. Elie Lacoste, membre de la police politique du ComitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale, la fit comprendre dans le rapport sur la prĂ©tendue conspiration de Batz, ainsi que Barère de Vieuzac et son vieux complice Vadier, prĂ©sident dudit ComitĂ©, le lui avaient enjoint. On sacrifia Ă  la mĂŞme occasion la jeune femme de chambre de Marie de Grandmaison, Nicole Bouchard, âgĂ©e de dix-huit ans, qui avait Ă©tĂ© tĂ©moin des chantages Ă  rĂ©pĂ©tition exercĂ©s par le comitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale et ses agents contre sa maĂ®tresse. Elles furent dĂ©capitĂ©es toutes les deux le , couvertes de la chemise rouge des parricides.

Notes et références

  1. Paris, État civil reconstitué, vue 7/19.
  2. Il s’agit peut-être du même homme qui fut guillotiné à Paris le 13 pluviôse an II
  3. Né en 1758 à Blois, il mourut à la pointe Coupée en Louisiane en 1814. Il avait épousé en 1786 Marie-Henriette d’Angicourt.
  4. Marie-Catherine Ă©pousa un industriel du nom de Ferroussat
  5. Olivier Blanc, La Corruption sous la terreur, p. 154.

Bibliographie

  • Émile Campardon, L'OpĂ©ra au XVIIIe siècle, Paris, 1885.
  • Émile Campardon, Les ComĂ©diens Italiens, Paris, 1885.
  • Olivier Blanc, Les Hommes de Londres, Paris, Albin Michel, 1989.
  • Olivier Blanc, La Corruption sous la terreur, Paris, Robert Laffont, 1993.

Représentation littéraire

Marie de Grandmaison est un personnage secondaire de la série romanesque de Juliette Benzoni Le Jeu de l'amour et de la mort.

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.