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Marie Denis

Marie Denis, née Éliane Stas de Richelle à Liège le et décédée à Ixelles le , est une écrivaine et féministe belge.

Marie Denis
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Biographie

Ayant Ă©pousĂ© en 1942 Albert MeeĂąs, magistrat belge, elle s'implique avec lui dans le mouvement catholique des Équipes Notre-Dame, dont ils deviendront les responsables en Belgique mais dĂ©missionneront au dĂ©but des annĂ©es 60. Après avoir mis au monde et Ă©levĂ© six enfants, Marie Denis a publiĂ© un premier roman en 1961, Des jours trop longs. Voulant rendre le vĂ©cu fĂ©minin ambivalent d'une grossesse, par opposition aux injonctions natalistes au "bonheur Ă©vident" de la maternitĂ©, ce livre a connu un certain succès par les dĂ©bats qu'il a suscitĂ©s dans des magazines fĂ©minins, familiaux, etc.[2] Elle a obtenu le prix Victor-Rossel en 1967 pour son deuxième roman, L'Odeur du père, dont un extrait a Ă©tĂ© publiĂ© dans Les Temps Modernes[3] par Simone de Beauvoir[4], avec qui elle a entretenu une correspondance suivie. Un portrait sans concession mais sans ressentiment d'un père Ă©garĂ© dans les apparences. Dans le rĂ©cit CĂ©lĂ©bration des grands-mères, publiĂ© en 1969, elle retrace son enfance ballottĂ©e entre ses familles paternelle (de petite aristocratie gantoise) et maternelle (haute bourgeoisie liĂ©geoise) qui la prenaient alternativement en charge avec ses frère et sĹ“ur cadets. Son pseudonyme d'Ă©crivaine s'inspire d'ailleurs du nom d'une de ses grands-mères.

Appelée à siéger en 1966 au Conseil national des femmes de Belgique (organisation qui fédère les organismes féministes belges depuis 1905), elle va s'intéresser naturellement aux problèmes vécus par les femmes (c'est notamment l'année de la Grève des femmes de la FN Herstal), dont plus spécifiquement les veuves.

Elle a été au comité de rédaction du recueil littéraire trimestriel Audace[5]. Devenant journaliste, elle a partagé avec Françoise Collin la responsabilité des pages culturelles de l'hebdomadaire La Relève (1965-1970), où elles créent en 1970 une rubrique "Femmes"[6]. Elles y évoquent notamment les livres récents de Germaine Greer et de Betty Friedan, etc., affrontant ainsi un comité de rédaction essentiellement masculin[7]. De cette période date leur amitié et leur engagement commun pour le féminisme. Marie Denis produit également des articles pour La Revue Nouvelle, le Ligueur (journal de la Ligue des Familles en Belgique), etc. Elle a par ailleurs fait partie jusque dans les années 2000 du comité de direction de La Revue nouvelle[8].

Elle a jouĂ© un rĂ´le actif dans ce qu'on a appelĂ© la deuxième vague du fĂ©minisme en Belgique. Elle crĂ©e en 1972 Le Petit Livre Rouge des Femmes[9] - [6] - [10] avec Jeanne Vercheval et Suzanne Van Rokeghem. Elle a Ă©tĂ© l’une des fondatrices de la Maison des femmes Ă  Bruxelles et l’une des initiatrices des JournĂ©es des femmes (organisĂ©es Ă  Bruxelles, le et les annĂ©es suivantes). Cofondatrice du magazine Voyelles, elle a fait partie du comitĂ© de rĂ©daction des Cahiers du Grif .

Après une intense activitĂ© militante de dix annĂ©es, Marie Denis a publiĂ© encore Dis Marie, c'Ă©tait comment rue du MĂ©ridien 79 ? en 1980 et Le Retour des choses en 1985, puis Le FĂ©minisme est dans la rue avec Suzanne Van Rokeghem en 1992[11]. Elle a aussi prononcĂ© de nombreuses confĂ©rences en Belgique, au QuĂ©bec, etc. Elle a notamment travaillĂ© sur Simone de Beauvoir, Suzanne Lilar, Luce Irigaray...

En 1995, plusieurs de ses articles de La Revue Nouvelle sont repris dans un recueil, La Rose des Vents, titre de la rubrique où ils avaient paru. Le choix est fait par elle de ses articles plus littéraires que militants, consacrés à la vie comme elle vient.

Elle a reçu en 1998 le prix Félix Denayer pour l'ensemble de son œuvre et le prix Scriptores Christiani pour La Célébration des grands-mères, publiée en 1969 et rééditée en 1997.

Ses petites-filles Catherine et Éléonore Meeùs ont écrit avec Stéphanie Van Vyve une pièce de théâtre, Des jours trop longs, inspirée du roman éponyme et créée, dans une mise en scène de Cécile Van Snick, par Éléonore Meeùs et Stéphanie Van Vyve au Festival de Spa le .

Publications

  • ConnaĂ®tre la vie : Choix de textes français commentĂ©s Ă  l’usage des Ă©tudiantes des classes infĂ©rieures de l’enseignement secondaire [sous le nom d’Éliane MeeĂąs], anthologie, Éditions universitaires, Bruxelles, 1960, 222 p. Illustrations de Xavier de CallataĂż.
  • Des jours trop longs, roman, Éditions universitaires, Paris, 1961, 167 p.
  • L'Odeur du père, roman, prix Victor-Rossel 1967 ; première Ă©d. Robert Morel, Forcalquier, 1972, 130 p.; rĂ©Ă©d. Éditions NĂ©vrosĂ©e, Bruxelles, 2019 (Ă©dition revue), 110 p. (ISBN 978-2-931048-20-7).
  • CĂ©lĂ©bration des grands-mères, Robert Morel, Forcalquier, 1969 ; rĂ©Ă©d. Mols, Grâce-Hollogne, 1997 (Ă©dition revue), 107 p., (ISBN 2-87402-001-X) ; rĂ©Ă©d. (en grands caractères) Encre bleue, Villegly, 1998, 140 p., (ISBN 2-84379-038-7).
  • Flandres, coll. « La Cuisine rustique Â», Robert Morel, Forcalquier, 1970, 183 p.
  • Le Petit Livre rouge des femmes (avec d'autres auteurs), Éditions Vie ouvrière, Bruxelles, 1972, 52 p. En ligne : Le Petit Livre rouge des Femmes.
  • Dis Marie, c’était comment rue du MĂ©ridien 79 ?, Éditions Voyelles – L’une et l’autre (asbl), Bruxelles, 1980, 205 p.
  • Retour des choses (Reine au jardin suivi de L'Odeur du père), Éditions Tierce, Paris, 1985, 101 p., (ISBN 2-903144-31-1).
  • Le fĂ©minisme est dans la rue : Belgique 1970-1975 (avec Suzanne Van Rokeghem), POL-HIS, De Boeck, Bruxelles, 1992, 236 p., (ISBN 2-87311-009-0), maintenant disponible en ligne.
  • La Rose des vents, Quorum, Ottignies-Louvain-la-Neuve, 1995, 191 p., (ISBN 2-930014-47-4).

Les archives de Marie Denis sont déposées au Centre d'archives et de recherches pour l'histoire des femmes (AVG-Carhif).

Notes et références

  1. « http://www.archiefbank.be/dlnk/AE_15350 » (consulté le )
  2. Juliette Masquelier et CĂ©cile Vanderpelen-Diagre, « Normal, souhaitable ou frauduleux, Discours catholiques sur la sexualitĂ© dans la Belgique des annĂ©es 1950-1960 Â», dans La Sainte Famille, SexualitĂ©, Filiation et ParentalitĂ© dans l'Eglise Catholique, sous la dir. de CĂ©cile Vanderpelen-Diagre et de Caroline Sagesser, Bruxelles, Ă©ditions de l'ULB 2017 : « Le rĂ©cit semble rĂ©pondre Ă  une vraie demande : de longs extraits sont publiĂ©s dans les magazines Elle et TĂ©moignage chrĂ©tien. La rĂ©ception critique, essentiellement catholique, est très enthousiaste. Dans La MĂ©tropole, le journaliste et critique littĂ©raire FrĂ©dĂ©ric Kiesel parle d’« une rĂ©ussite extraordinaire ». Les critiques sont unanimes Ă  dire que le rĂ©cit « sonne vrai ». »
  3. Les Temps Modernes, 23e annĂ©e, janvier 1968, no 260.
  4. Simone de Beauvoir propose le roman Ă  Gallimard, qui ne le prend pas ; elle dĂ©cide alors d'en publier un large extrait. Lettre du 29 juin 1967 dans Marie Denis, « Lettres de Simone de Beauvoir », Les cahiers du GRIF, no 34,‎ , p. 15.
  5. Paul Aron, Pierre-Yves Soucy, Les revues littĂ©raires belges de langue française de 1830 Ă  nos jours, Bruxelles : Éditions Labor et Archives et MusĂ©e de la littĂ©rature, 1998, p. 85.
  6. (it) Mara Montanaro, « Françoise Collin: Nascere alla scrittura tra Bruxelles e New York », PĂłlemos, vol. X.1,‎ , p. 202-213 (ISSN 2281-9517, lire en ligne, consultĂ© le ), p. 205-206.
  7. « Marie Denis : sur l'aventure du feminisme a la belge,ses acquis et les combats qui restent encore a mener », sur Le Soir (consulté le )
  8. Joëlle Kwaschin, « Marie Denis », La Revue Nouvelle, (consulté le ).
  9. Disponible en ligne en PDF : Le Petit Livre rouge des Femmes
  10. Voir aussi Le Chou 104 (mai-juin 2018), p. 8-10.
  11. Martine Vandemeulebroek, « Les féministes doivent-elles libérer les hommes », Le Soir, 3/10/1992

Sources

  • Sophie Kotányi, Dis-moi Marie, production Marisa Films et C.B.A., Bruxelles, 1985, 29 minutes, couleur.
  • Laure de Hesselle, «Marie Denis : sur l'aventure du fĂ©minisme Ă  la belge, ses acquis et les combats qui restent encore Ă  mener», Le Soir, ().
  • JoĂ«lle Kwaschin, NĂ©crologie dans La Revue nouvelle, 2006 ().
  • Suzanne Van Rokeghem, Jeanne Vercheval-Vervoort & Jacqueline Aubenas, Des femmes dans l’histoire en Belgique, depuis 1830, Éditions Luc Pire, Bruxelles, 2006, (ISBN 978-2-87415-523-9).
  • Claudine Marissal et Éliane Gubin, Jeanne Vercheval : Un engagement social et fĂ©ministe, Institut pour l'Ă©galitĂ© des hommes et des femmes, Bruxelles, 2011 (disponible aussi en fichier PDF).


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