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Mai Chaza

Mai Chaza (née Theresa Nyamushanya en 1914 et morte le ) est une prophétesse zimbabwéenne qui s'est séparée de l'Église méthodiste dans les années 1950 pour fonder son propre mouvement religieux, Guta raJehovah (Cité de Dieu), également connu sous le nom d'Église Mai Chaza.

Mai Chaza
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Biographie
Naissance
Décès
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Biographie

Theresa Nyamushanya (Mai Chaza) naît en 1914 dans la famille Nyamushanya et épouse Chiduza Chaza de Wedza. Ils ont eu six enfants[1]. Fervente méthodiste, elle est initialement active dans des groupes de prière de l'Église méthodiste au Zimbabwe[2]. En 1948, elle estchassée de chez elle dans la ville minière de Concession (située à 45 km de Harare), après avoir été accusée d'avoir causé la mort d'une belle-sœur par le biais de sorcellerie. Elle déménage dans le township de Highfield à Salisbury (maintenant Harare), où elle est hébergée par une autre famille méthodiste[3] - [4]. Elle tombe malade vers 1953-1954 et sombre dans le coma. Son mari divorce[5].

Quand elle se rétablit, elle est saluée comme étant revenue d'entre les morts. Elle annonce que Dieu lui a ordonné de devenir guérisseuse de foi, de vivre une vie de célibat et de guérir les malades, en particulier les femmes stériles. Elle affirme également avoir été réconciliée avec l'esprit de sa belle-sœur décédée[6]. Elle commence à travailler comme n'anga, ou guérisseuse traditionnelle, racontant aux gens les causes de leurs maladies en échange d'un paiement de deux shillings et de six pence. La hiérarchie méthodiste lui ordonne de s'arrêter emais elle refuse de ce plier à cette injonction.

En 1954, elle déménage dans le Mashonaland, à environ 150 km au sud-est de Harare. Elle attire rapidement de nombreux adeptes;son nouveau lieu d'implantation devient le Guta raJehovah ou de la Cité de Dieu. Auto-proclamée prophétesse, elle reçoit des suppliants désireux de trouver des remèdes à leurs problèmes de santé avec des centres de guérison établies dans plusieurs endroits en Rhodésie, mais aussi dans le Bechuanaland voisin (devenu le Botswana)[7] - [8].

Le culte de Mai Chaza mĂ©lange le mĂ©thodisme et la guĂ©rison traditionnelle africaine. Un visiteur de 1954 au Guta raJehovah dĂ©crit la scène : « Les mĂ©lodies d'un hymne mĂ©thodiste nous ont saluĂ© et nous avons vu - dans un enclos d'herbe - des centaines de femmes se balancer et applaudir. Au milieu d'eux se trouvait une longue file de femmes, assises par terre.... D'un cĂ´tĂ© venait Mai Chaza, touchant et priant. Elle a touchĂ© et serrĂ© leur ventre. Il s'agissait de femmes stĂ©riles et la cĂ©rĂ©monie avait pour but de les rendre fĂ©condes[9]. ». Les Ă©checs sont expliquĂ©s comme rĂ©sultant du manque d'engagement du suppliant envers Dieu et de son incapacitĂ© Ă  confesser complètement ses pĂ©chĂ©s antĂ©rieurs. Ses disciples doivent se confesser, et renoncer Ă  l'alcool, l'argent, le tabac[3]. Mai Chaza elle-mĂŞme va plus loin dans ses propres engagements, renonçant au mariage et aux relations sexuelles[10].

Le mouvement de Mai Chaza pose un problème Ă  l'Église mĂ©thodiste dominante,  dĂ©chirĂ©e entre le dĂ©sir de ne pas aliĂ©ner ses fidèles, dont beaucoup considĂ©raient ses rĂ©unions comme autorisĂ©es par l'Église, et la nĂ©cessitĂ© thĂ©ologique d'empĂŞcher son Église de s'Ă©loigner trop de la doctrine officielle de l'Église. L'Église mĂ©thodiste opte plutĂ´t pour une voie mĂ©diane dans l'espoir que le mouvement puisse faciliter un « renouveau au sein de l'Église » et conseille la tolĂ©rance et la patience Ă  son Ă©gard.

Des critiques se font toutefois entendre dans les milieux progressistes africains sur le mouvement Guta raJehovah.  Des leaders d'opinion africains comme Charles Mzingeli (en) se montrent très dubitatifs sur l'idĂ©e que la stĂ©rilitĂ© puissent ĂŞtre guĂ©rie en se repentant de ses pĂ©chĂ©s. Des hrumeurs accusent Mai Chaza d'exploiter ses adeptes et de s'enrichir.

La croissance rapide de son Ă©glise rend nĂ©cessaire plusieurs dĂ©mĂ©nagements de son siège, vers les terres communales de Zimunya près d'Umtali  (devenue Mutare, dans l'est du Zimbabwe) en 1956, puis dans le district de Zvimba au nord-ouest de Harare, en 1960.  C'est Ă  Zvimba que Mai Chaza dĂ©cède le . Ă€ la suite de son dĂ©cès, la direction de la secte est reprise par un disciple, Taxwell Tayali, d'origine zambienne, qui prend le titre de Vamatenga («quelqu'un du ciel»). Il a cependant une influence moindre, et le nombre de disciples diminue.

Références

  1. (en) Lilian Dube, « Mai Chaza: An African Christian Story of Gender, Healing and Power », University of San Francisco,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Kathleen Sheldon, Historical Dictionary of Women in Sub-Saharan Africa, Rowman & Littlefield, , 520 p. (ISBN 978-1-4422-6293-5, lire en ligne), p. 168
  3. (en) T. Scarnecchia, « Mai Chaza's Guta re Jehova (City of God): Gender, Healing and Urban Identity in an African Independent Church », Journal of Southern African Studies, vol. 23, no 1,‎ , p. 87–105 (JSTOR 2637139)
  4. (en) Emmanuel Kwaku Akyeampong et Henry Louis Gates, Dictionary of African Biography, Oxford, OUP USA, (ISBN 978-0-19-538207-5, lire en ligne), p. 47
  5. (en) Phyllis G. Jestine, Holy People of the World : A Cross-Cultural Encyclopedia, ABC-CLIO, , 999 p. (ISBN 978-1-57607-355-1, lire en ligne), p. 532
  6. Steven C. Rubert et R. Kent Rasmussen, Historical Dictionary of Zimbabwe, Scarecrow Press, , 451 p. (ISBN 978-0-8108-3471-2), p. 51
  7. Fred Morton, Jeff Ramsay et Part Themba Mgadla, Historical Dictionary of Botswana, Scarecrow Press, , 512 p. (ISBN 978-0-8108-6404-7, lire en ligne), p. 148
  8. Assa Okoth, A History of Africa : African nationalism and the de-colonisation process, East African Publishers, (ISBN 978-9966-25-358-3, lire en ligne), p. 128
  9. (en) Catherine Higgs, Stepping Forward : Black Women in Africa and the Americas, Athènes, Ohio University Press, , 154–5 p. (ISBN 978-0-8214-1455-2, lire en ligne)
  10. Toyin Falola et Nana Akua Amponsah, Women's Roles in Sub-Saharan Africa, ABC-CLIO, , 79– (ISBN 978-0-313-38544-5, lire en ligne)
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