MDPI
MDPI (abréviation pour Multidisciplinary Digital Publishing Institute) est un éditeur de revues scientifiques en libre accès qui impose des frais de publication. MDPI publie plus de 300 revues[1] couvrant une grande variété de champs scientifiques, et lance environ dix nouvelles revues chaque mois.
Fondation |
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Sigle |
(en) MDPI |
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Forme juridique | |
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Site web |
(en) www.mdpi.com |
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Les articles soumis aux revues MDPI subissent une étape d'évaluation par les pairs, mais la qualité de cette étape a été contestée (certains articles rejetés par les évaluateurs ayant été acceptés par l'éditeur). Il a donc été reproché à MDPI d'être une machine à faire de l'argent, réclamant des frais de publications disproportionnés (1300€ par article), recourant à l'envoi massif de courriels promotionnels, et davantage guidée par la quantité que la qualité[2] - [3] - [4] - [5] - [6] - [7] - [8].
MDPI est dirigé par Shu-Kun Lin et est issu de l'association Molecular Diversity Preservation International, qui avait pour objectif de constituer une collection de substances naturelles rares[9]. À cette fin a été créé en 1996 le journal Molecules avec Springer Verlag. L'année suivante, MDPI a repris seule l'édition de la revue. Selon ses propres informations, MDPI a des bureaux à Pékin, Wuhan, Barcelone et Belgrade.
Tous les articles des revues MDPI sont publiés sous licence Creative Commons.
Molecular Diversity Preservation International
Collecte et stockage de substances naturelles
L'association déclarée Molecular Diversity Preservation International[10] a été fondée en 1996 par Shu-Kun Lin et Benoit R. Turin à Bâle. Le but de cette association était de constituer et de préserver une collection de substances naturelles rares. Cette collection a été remise à la MDPI Sustainability Foundation[11] en 2012 ; parallèlement, l'association Molecular Diversity Preservation International a été dissoute. La collecte et le stockage de ces substances naturelles rares sont actuellement supervisés par la société MolMall Sarl[12] pour le compte de la MDPI Sustainability Foundation[13].
Revue Molecules
La revue spécialisée Molecules a été fondée en 1996 en coopération avec Springer-Verlag pour enregistrer la documentation sur les substances naturelles collectées. C'était la première revue scientifique publiée par l'éditeur en Libre accès. La revue était axée sur la synthèse et la chimie organique de produits naturels, mais selon ses propres informations, elle couvre tout le spectre de la chimie en 2019[14].
MDPI (Multidisciplinary Digital Publishing Institute)
Naissance
MDPI AG est un éditeur commercial de revues en libre accès. Il a été fondé par la Molecular Diversity Preservation International Organization. Il a été officiellement enregistré en mai 2010 à Bâle, en Suisse, par Shu-Kun Lin et Dietrich Rordorf et a maintenant deux bureaux en Chine et deux autres bureaux en Espagne et en Serbie en plus du siège de Bâle[9].
MDPI tire ses ressources principalement des frais de traitement d'articles pour la vérification, la révision et la publication des articles scientifiques[15]. MDPI est soutenu par plus de 67200 chercheurs et éditeurs universitaires actifs. Plus de 263500 auteurs ont publié avec MDPI (en novembre 2020). MDPI est membre du Committee on Publication Ethics (COPE)[9], de l'International Association of Scientific, Technical, and Medical Publishers (STM), et de l'Open Access Scholarly Publishers Association (OASPA)[16].
Modèle économique
Les articles publiés par MDPI sont en libre accès pour les lecteurs. Les frais de publication payés par les auteurs (ou leur institution d'affectation) s'élèvent à 1300-2400€ par article en 2023 (1400 à 2500 francs suisses, prix variable suivant les revues MDPI). Les revues ont un délai de publication extrêmement rapide : ainsi, pour la revue Mathematics, le délai annoncé est de moins d'une semaine en moyenne[17]. Le délai réel de publication est en moyenne plutôt de 11 semaines, selon le Directory of Open Access Journals[18]. Pour obtenir ces délais toutefois bien plus courts que ceux de la plupart des éditeurs historiques en science, MDPI procède à l'envoi massif d'emails pour avoir un rapport d'experts sous 7 jours, et ces rapporteurs-relecteurs reçoivent en retour une réduction des frais de publication de leur propres articles dans des journaux de MDPI[17]. MDPI possède de plus un important effectif de relecteurs-correcteurs (pour le style, la bibliographie, etc.) de plus de 2000 personnes, la plupart en Chine.
Revues scientifiques
En date du 15 janvier 2021, MDPI publie 304 revues académiques dans divers domaines[1] ; 159 d'entre elles sont répertoriées dans la base de données scientifique Web of Science[19]. Dans le Journal Citation Reports, géré par Thomson Reuters comme Web of Science, un facteur d'impact figure, pour 80 des revues de MDPI en 2020[20]. En outre, 72 revues des domaines de la biomédecine et des sciences de la vie sont archivées dans PubMed Central[21], la plus grande archive librement accessible pour la littérature biomédicale spécialisée. Des articles de 160 revues sont également répertoriés dans Scopus[22]. Parmi les référenceurs plus spécialisés thématiquement, MDPI se voit notamment indexer 14 revues dans la base de données Ei Compendex, spécialisée en ingénierie[23], 3 revues dans zbMATH et 5 dans MathSciNet, et 4 dans le Social Sciences Citation Index.
Conformément aux lignes directrices de l'OASPA, tous les articles des revues de MDPI sont publiés sous licence CC-BY depuis 2008 et stockés dans les archives numériques de la Bibliothèque nationale suisse et de CLOCKSS[24].
Controverses
L'éditeur a été jugé peu sérieux en février 2014 par Jeffrey Beall, un critique de la prolifération sauvage de l'édition en libre accès[25]. Cette évaluation a été révisée en novembre 2015 à la suite des objections de diverses parties. Ainsi, le chimiste Peter Murray-Rust a jugé la critique de Beall irresponsable et non basée sur des faits. Une étude de l'Open Access Scholarly Publishers Association réalisée en réponse aux critiques de Beall considère que MDPI respecte les normes de leur organisation[26]. Après avoir retiré sa liste du Web, Beall a écrit que des éditeurs prédateurs avaient fait pression sur son employeur pour que celui-ci lui impose de retirer sa liste, mentionnant spécifiquement MDPI comme « essayant d'être aussi encombrant que possible pour l'université en faisant que la gestion des courriels excède celle-ci au point qu'elle fasse taire Beall pour se débarrasser du problème »[27].
En juin 2020, MDPI a suscité une controverse lorsqu'un groupe de chercheurs de l'université de Leeds a été informé par un représentant de MDPI que les universitaires des pays développés seraient prioritaires pour la publication[28] - [29].
Journaux (sélection)
Voici une sélection des revues publiées par MDPI :
- Algorithms
- Atmosphere
- Biology
- Crystals
- Energies
- Entropy
- Genes
- International Journal of Environmental Research and Public Health
- International Journal of Molecular Sciences
- ISPRS International Journal of Geo-Information
- Life
- Marine Drugs
- Materials
- Molbank
- Molecules
- Nutrients
- Polymers
- Remote Sensing
- Scientia Pharmaceutica
- Sensors
- Sustainability
- Viruses
- Water
Notes et références
- (en) « MDPI | Journals A–Z », MDPI, MDPI (Bâle, Suisse) (consulté le )
- Jeffrey Beall, « Chinese Publisher MDPI Added to List of Questionable Publishers » [archive du ], sur Scholarly Open Access,
- Jeffery Beall, « Guest Editing a Special Issue with MDPI: Evidences of Questionable Actions by the Publisher » [archive du ], sur Scholarly Open Access,
- John Timmer, « How the craziest f#@!ing "theory of everything" got published and promoted », Ars Technica,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Dan Nosowitz, « Hilarious "Theory of Everything" Paper Provokes Kerfuffle », Popular Science,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Carl Zimmer, « Life turned upside down », Discover Magazine,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Christos Petrou, « MDPI’s Remarkable Growth », The Scholarly Kitchen,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Lucile Veissier, « MDPI et consorts, des éditeurs dans la zone grise », sur TheMetaNews, (consulté le )
- (en) « MDPI | About », MDPI, MDPI (Bâle, Suisse) (consulté le )
- Molecular Diversity Preservation International.
- MDPI Sustainability Foundation
- (en) « MolMall », MolMall, Molmall Sarl, Lonay, Schweiz (consulté le )
- « MolMall - About us » (consulté le )
- « Journal Menu – Aims & Scope – About Molecules », MDPI Molecules, MDPI (Bâle, Suisse).
- (en) MDPI, « MDPI | Article Processing Charges (APC) Information and FAQ », MDPI (Bâle, Suisse) (consulté le ).
- (en-GB) Open Access Scholarly Publishers Association OASPA, « Member Record: MDPI AG » (consulté le )
- Mathematics
- Mathematics sur DOAJ
- « Web of Science Master Journal List Beta », Web of Science Group, a Clarivate Analytics company, Clarivate Analytics (consulté le ).
- « MDPI | Open Access Journals A–Z : 80 SCI-covered journals », MDPI, MDPI (Bâle, Suisse) (consulté le )
- « MDPI | Journals A–Z : 72 PubMed (NLM)-covered journals », MDPI, MDPI (Bâle, Suisse) (consulté le )
- (en) « MDPI | Journals A–Z : 160 Scopus (Elsevier)-covered journals », MDPI, MDPI (Bâle, Suisse) (consulté le )
- (en) « MDPI | Journals A–Z : 14 Ei Compendex-covered journals », MDPI, MDPI (Bâle, Suisse) (consulté le )
- « clockss.org » (sur Internet Archive)
- Jeffrey Beall, « Chinese Publisher MDPI Added to List of Questionable Publishers » [archive du ], scholarlyoa.com, (consulté le ).
- Conclusions from OASPA Membership Committee Investigation into MDPI
- Jeffrey Beall, « What I learned from predatory publishers », Biochemia Medica, vol. 27, no 2,‎ , p. 273–279 (PMCID 5493177).
- « "What the F?": How we failed to publish a journal special issue on failures : Water, Sanitation and Health (WASH) Blog », sur wash.leeds.ac.uk (consulté le )
- (en-US) Adam Marcus, « Failure fails as publisher privileges the privileged », sur Retraction Watch, (consulté le )