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MĂ©thodes qualitatives

En sciences sociales, les méthodes qualitatives regroupent un ensemble de méthodes de recherche utilisées dans les études qualitatives. Elles trouvent leur utilité notamment en sciences humaines et sociales. Elles laissent délibérément de côté l'aspect quantitatif pour gagner en profondeur dans l'analyse de l'objet d'étude. Pour cela diverses techniques, fondées sur l'administration de questions ouvertes et l'exploration du langage, sont mises en œuvre : les entretiens (notamment de type semi-directifs), les observations participantes et les « focus groupes » (ou entretien collectif), sont les plus utilisés. D'autres outils de recueil de données existent, moins utilisés : le récit de vie, les entretiens répétés, les observations directes et indirectes...

Les méthodes d'analyse des données sont multiples et appartiennent généralement à des disciplines précises et à des traditions intellectuelles, parmi elles, nous pouvons citer : l'analyse thématique, l'analyse de contenu, la grounded theory, ou encore le desk research (en).

Les méthodes qualitatives sont parfois utilisées conjointement aux méthodes quantitatives, notamment dans la méthodologie Q ou les méthodologies mixtes [1] - [2].

Techniques de la méthodologie qualitative

Les techniques d'« observation directe »

Ces techniques consistent à collecter des données de terrain en utilisant divers supports, sans intervenir de manière significative sur le terrain (ou du moins, le plus souvent, en tentant de réduire l'impact de l'observation sur les groupes observés).

Ces techniques sont très variables. Elles peuvent varier suivant le contexte. La croissance des réseaux numériques a notamment renforcé les techniques d'observation numérique : forums participatifs Online, Journaux en ligne, etc.

Les entretiens

Les techniques d'entretien peuvent être dites passives, lorsqu'elles n'ont pas d'influence, ou très peu, sur la situation sociale étudiée.

  • Classification selon le niveau de directivitĂ© du chercheur.
    • L'entretien libre ou non-directif : Principalement pour les rĂ©cits de vie, il n'y a pas ou vraiment peu de questions. Techniquement, le chercheur pose une question initiale au sujet, et le laisse s'exprimer sans l'arrĂŞter ou l'orienter par ses propres remarques. Si le sujet ne parvient plus Ă  continuer, il lui reformule alors les derniers propos qu'il a tenus, pour le relancer.
    • L'entretien semi directif : Les questions sont ouvertes et en nombre restreint.
    • L'entretien directif : Nombreuses questions. Les rĂ©ponses aux questions posĂ©es sont principalement oui/non.
  • Classification selon le contexte de l'entretien.
    • Les entretiens peuvent ĂŞtre rĂ©alisĂ©s en face Ă  face, par tĂ©lĂ©phone, par Internet, etc.
    • Le support peut ĂŞtre oral, textuel, etc.
    • Le contexte de l'entretien peut varier : lieu de travail, lieu de loisir ou de dĂ©tentes, etc.
    • Entretien en groupe, isolĂ©s, etc.

Les résultats obtenus dans les entretiens varient parfois sensiblement suivant que l'on modifie un ou plusieurs de ces paramètres.

Méthodes de collecte des données dites « actives »

Ces méthodes se caractérisent par une implication forte du chercheur dans son « objet d'étude ». Le chercheur s'immerge dans un groupe pour mieux le comprendre, met des acteurs dans des situations contrôlées, ou tente de transformer une situation sociale pour mieux la comprendre.

Plusieurs critères permettent de distinguer les différentes méthodes.

  • La collecte des donnĂ©es peut se faire :
    • in situ, c'est-Ă -dire en situation rĂ©elle ;
    • en laboratoire.
  • La collecte des donnĂ©es peut se faire par :
    • l'intĂ©gration dans un groupe sans volontĂ© de le transformer, il s'agit de la famille des mĂ©thodes d'observation participante ;
    • la modification d'une situation sociale par une expĂ©rience isolĂ©e et brève, ces mĂ©thodes sont courantes en psychologie sociale et en ethnomĂ©thodologie ;
    • l'intervention de long terme : le chercheur s'implique (plus ou moins) dans une transformation sociale de long terme. Ces mĂ©thodes regroupent notamment les diffĂ©rentes dĂ©marches de recherche-action, l'analyse institutionnelle, la socio-analyse, l'intervention sociologique, etc.
  • La collecte des donnĂ©es peut ĂŞtre :
    • contrĂ´lĂ©e et planifiĂ©e a priori ;
    • restituĂ©e a posteriori sans qu'il n'y ait forcĂ©ment eu au dĂ©part de volontĂ© de collecte de donnĂ©es. Une large partie de la mĂ©thode dite comprĂ©hensive se fonde indirectement sur cette dĂ©marche. Il en va de mĂŞme dans les mĂ©thodes comme l'histoire de vie et le rĂ©cit de vie.
  • La collecte peut se faire en groupe et sur un groupe, comme dans l'analyse en groupe, ou individuellement ou sur un individu.

Triangulation des méthodes de collecte

Par analogie à la triangulation utilisée en mathématiques, la triangulation des méthodes qualitatives fait référence à l'usage croisé de techniques de recueil de données[3].

Exemple de triangulation des méthodes en étude qualitative, d'après Koners et Goffin (2007)[4].

Indifféremment appelée triangulation ou mixed-methods en anglais, celle-ci est définie comme « la combinaison de méthodologies dans l'étude d'un même phénomène »[5]. Son objectif alors est quadruple[6] :

  • Fournir une richesse qualitative et une meilleure comprĂ©hension du phĂ©nomène Ă©tudiĂ© ;
  • Augmenter la fiabilitĂ© et la validitĂ© de l'Ă©tude ;
  • AmĂ©liorer la comprĂ©hension d'une Ă©tude ;
  • Rassurer les chercheurs quant aux rĂ©sultats fournis par l'Ă©tude.

Son utilisation permet de mieux appréhender des phénomènes qui ne seraient pas directement observables, par exemple les interactions sociales. De fait, la triangulation, tout comme les méthodes qualitatives, s'inscrit préférentiellement dans une cadre épistémologique constructiviste ou interprétationiste, plutôt que positiviste[6]. Son usage est vivement recommandé dans les études qualitatives afin d'en augmenter la qualité des résultats[7].

Les méthodes qualitatives font partie d'un des cinq angles de collecte de données dans la méthodologie plus générale dite de percolation de données[8], qui couvre aussi conjointement les méthodes quantitatives, la revue des écrits (y compris les écrits scientifiques), les interviews d'experts, et la simulation par ordinateur. À ce chapitre, la percolation des données offre une vision et une méthodologie plus complètes que la triangulation des données lors de l'analyse des phénomènes sous observation.

Méthodes de traitement des données en analyse qualitative

Fondamentalement, deux méthodes différentes se dégagent.

Dans un cas, le traitement des données se fait a posteriori et exclusivement par le chercheur. C'est la méthode la plus courante.

Dans l'autre, notamment dans la recherche-action, les acteurs sont amenés à participer directement au traitement des données, qui peuvent leur être restituées par le pilote (l'expérimentateur ou le chercheur) au cours de l'expérience, afin qu'ils les intègrent au sein de la situation expérimentale pour orienter eux-mêmes l'expérience. Cette approche constitue la base de la Grounded Theory[9], ou théorie ancrée en français, dont l'objet est, notamment, de définir un champ d'étude peu connu. Ces méthodes mettent davantage en avant les interactions entre le chercheur et le groupe d'étude, et dans certains cas, questionnent sur la différence entre sociologie profane et sociologie professionnelle.

Parmi les méthodes de traitement des données les plus connues, citons l'analyse de contenu.

Secteurs utilisant les Ă©tudes qualitatives

  • Les Ă©tudes qualitatives sont largement utilisĂ©es en sociologie, psychologie clinique et en anthropologie.
  • Mais les Ă©tudes qualitatives sont aussi pratiquĂ©es de plus en plus par les industriels qui cherchent Ă  bien comprendre leurs cibles, elles sont alors notamment utilisĂ©es Ă  des fins marketing.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie indicative

  • Arborio, A.-M. Fournier, P, L'EnquĂŞte et ses mĂ©thodes. L'observation directe, Paris : Nathan, 1999.
  • Bardin, L, L’Analyse de contenu, Paris : Presses universitaires de France, 2001.
  • Becker, H.-S, Les Ficelles du mĂ©tier. Comment conduire sa recherche en sciences sociales, Paris : La DĂ©couverte, 2002.
  • Blanchet, A. Gotman, A, L'EnquĂŞte et ses mĂ©thodes. L'entretien, Paris : Nathan, 1992.
  • Bourdieu, P. Passeron, J.-C. Chamboredon, J.-C, Le MĂ©tier de sociologue, Paris : Mouton, 1968.
  • Chauchat, H, L'EnquĂŞte en psycho-sociologie, Paris : Presses universitaires de France, 1985.
  • Coenen-Huther, J, Observation participante et thĂ©orie sociologique, Paris : L’Harmattan, 1995.
  • Combessie, J.-C, La MĂ©thode en sociologie, Paris : La DĂ©couverte, 1996.
  • Glaser, B. Strauss, A, La dĂ©couverte de la thĂ©orie ancrĂ©e : stratĂ©gies pour la recherche qualitative, Paris : Armand Colin, 2010.
  • Hatzfeld, H. Spiegelstein, J, MĂ©thodologie de l’observation sociale, Paris : Dunod, 2000.
  • Laplantine, F, La Description ethnographique, Paris : Nathan, 1996.
  • PaillĂ©, P. Mucchielli, A, L'analyse qualitative en sciences humaines et sociales, Paris : Armand Colin, 2012.
  • Quivy, R. Van Campenhoudt, L, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris : Dunod, 1988.
  • Weinberg, A, La fausse querelle des mĂ©thodes, Sciences humaines. no 35, . p. 14-21.
  • François DĂ©pelteau, La dĂ©marche d'une recherche en sciences humaines. De la question de dĂ©part Ă  la communication des rĂ©sultats, Bruxelles, De Boeck UniversitĂ©, 2000.
  • Jean-Claude Kaufmann, L'entretien comprĂ©hensif, Nathan, 2001.
  • Alex Mucchielli, Les mĂ©thodes qualitatives, Paris, PUF, 1994.

Liens

Notes et références

  1. (en) R. Burke Johnson, Anthony J. Onwuegbuzie et Lisa A. Turner, « Toward a Definition of Mixed Methods Research », Journal of Mixed Methods Research, vol. 1, no 2,‎ , p. 112–133 (ISSN 1558-6898 et 1558-6901, DOI 10.1177/1558689806298224, lire en ligne, consulté le )
  2. Larivière, Nadine, 1970- et Corbière, Marc, 1967-, Méthodes qualitatives, quantitatives et mixtes : dans la recherche en sciences humaines, sociales et de la santé, , 684 p. (ISBN 978-2-7605-4011-8 et 2760540111, OCLC 870269447, lire en ligne)
  3. Jick (1979), Mixing qualitative and quantitative methods : Triangulation in action, Administrative Science Quaterly, vol. 24, p. 602-611.
  4. Koners, U., Goffin, K., (2007), Learning from postproject reviews : A cross-case analysis, Journal of Product Innovation Management, vol. 24, p. 242-258.
  5. Traduction libre de Denzin, N.K. (1978), The Research Act: A Theoretical Introduction to Sociological Methods, 2nd ed., McGraw-Hill, New York, NY.
  6. Jonsen, K., Jehn, K.A., (2007),Using triangulation to validate themes in qualitative studies, Qualitative Research in Organizations and Management : An Internationl Journal, vol. 4, n°2, p. 123-150.
  7. Hlady-Rispal, M., (2002),La méthode des cas : Application à la recherche en gestion, Édition De Boeck, Bruxelles.
  8. Mesly, Olivier (2015). Creating Models in Psychological Research. États-Unis : Springer Psychology : 126 pages. (ISBN 978-3-319-15752-8)
  9. Glaser, Barney G., Strauss, Anselm L., (1967), The Discovery of Grounded Theory : Strategies for Qualitative Research.
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