Méta-éthique
La méta-éthique désigne la partie de la philosophie morale qui analyse les concepts fondamentaux de l'éthique, leurs présupposés épistémologiques et leur signification. Elle va de pair avec l'éthique normative, dont elle est censée définir les fondements. La méta-éthique s'intéresse par exemple à la signification de concepts moraux comme bon, juste, devoir, mais aussi conscience morale, fin ; elle est aussi appelée pour cette raison éthique analytique.
Il existe deux grands courants qui se recoupent en partie : le non-cognitivisme et le cognitivisme moral.
Étymologie
Le terme méta-éthique vient du mot grec méta (par-delà, après) et d'un autre mot grec : « éthique ». La méta-éthique est « par-delà » l'éthique dans la mesure où elle n'a pas pour but de définir de nouvelles normes ou lois morales mais d'étudier la nature des énoncés éthiques eux-mêmes. Elle ne dit pas par exemple « tu dois agir de cette manière » mais analyse la nature de tels énoncés impératifs. À travers l'application d'une échelle de la complexité à toutes les dimensions de la personne, de ses liens à toutes les parties prenantes et dans toutes les composantes de sa vie, l'intelligence sociale propose une articulation mesurable de la méta-éthique.
Histoire de la méta-éthique
Le développement de la philosophie morale au cours du XXe siècle est allé de pair avec la revendication d'autonomie. Ce mouvement a été amorcé par le philosophe britannique G. E. Moore, auteur de l'ouvrage qui est à l'origine de la philosophie morale contemporaine, Principia Ethica (1903). Il part du constat que l'éthique est sui generis et par conséquent qu'elle constitue un domaine d'étude à part entière.
C'est de cette spécificité que naît la méta-éthique, c'est-à-dire l'étude de l'éthique non pas dans son contenu, mais dans ses fonctionnements fondamentaux. Une autre conséquence de la spécificité de l'éthique est l'irréductibilité des valeurs aux faits, c'est-à-dire l'impossibilité en tant qu'êtres finis observant une réalité infinie, de produire des constructions morales prétendant à une validité générale. La méta-éthique s'est donc séparée de la philosophie pratique, entendue comme réflexion sur l'action morale. Cette branche de la philosophie morale a dominé les esprits pendant toute la première partie du XXe siècle.
Voir aussi
Bibliographie
- Alfred Jules Ayer, Langue, vérité et logique, 1981
- Richard Mervyn Hare, La langue de la morale
- Angèle Kremer-Marietti, L'éthique en tant que méta-éthique, Paris, L'Harmattan, 2002
- Moore, George Edward, Principia Ethica, Reclam
- Franz Rosenzweig, L'Etoile de la Rédemption, 2003 [1919], Seuil, coll. La couleur des idées
- Charles Leslie Stevenson, Ethics and language, New Haven, Conn. 1960
- A. C. Zielinska (éd.), Textes-clés de métaéthique : connaissance morale, scepticismes et réalismes, Paris, Vrin, 2013