MĂ©morial anglais de la bataille de Waterloo
Le mémorial anglais de la bataille de Waterloo (appelé en anglais « The British Waterloo Memorial ») est un monument situé dans le cimetière de Bruxelles, dans la commune d’Evere, et sculpté par Jacques de Lalaing[1]. Il a été inauguré le 26 août 1890 par le Duc de Cambridge, qui était le fils de la reine Victoria et le commandant en chef de l’armée britannique, dans le but « d’offrir une sépulture digne d’eux aux restes des officiers, sous-officiers et soldats tombés à Waterloo et recueillis soit dans les anciens cimetières de la ville ou bien dans les champs aux environs de Waterloo et de Quatre-Bras et qui ne pouvaient plus y reposer"[2].
Type |
Monuments aux morts |
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Sculpteur |
Jacques de Lalaing |
Matériau |
Bronze et pierre |
Construction |
1889 |
Pays | |
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RĂ©gion |
RĂ©gion de Bruxelles-Capitale |
Commune |
Commune d'Evere |
Coordonnées |
50° 51′ 57″ N, 4° 25′ 16″ E |
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Description
Le mémorial a été réalisé par galvanoplastie par l’entreprise « Alker de Haren » en 1888. Il se compose de bronze coulé qui repose sur un socle de blocs de pierre prenant la forme d’un cercueil[3]. Sur le monument, l’allégorie de Britannia y est représentée, agenouillée et la tête penchée avec un casque et un trident abaissé[4]. Elle est entourée d'armes, d'uniformes et d'équipements britanniques. Au pied du monument se trouvent trois lions qui sont couchés au pied de la figure de Britannia. Un des trois lions dort.
À l’entrée du socle, des boucliers circulaires sont fixés sur les côtés. Ils portent les noms des régiments qui ont combattu pendant la campagne[5].
Sur le bouclier supérieur de gauche se trouvent indiqués les régiments suivants: “ 1st Dragoon Guards, Scots Greys, 95th Rifles, Welsh Fusiliers, Royal Artillery, 1st Bn 3rd Foot Guards, Royal Horse Guards Blues, 40th- 33rd - 32nd - 30th - 28th - 27th - 14th - 4th Foot Regiments ”[5].
Sur le bouclier inférieur gauche, il y a indiqué : “1st Royal Dragoons, 1st Royal Scots, Coldstream Guards”[5].
Sur le bouclier de droite il y a l'indication des régiments suivants: “1st Royal Dragoons, 1st Royal Scots, Coldstream Guards, 7th - 10th - 15th - 18th Hussars, 1st Bn 2nd Life Guards, 6th Inniskilling Dragoons, Highlanders, 42nd - 79th - 92nd -51st - 52nd Light Infantry, 71st Highland Reg., 10th - 12th - 13th - 23rd Light Dragoons[5].
Sur le monument se trouve l’inscription "MORTUORUM PATRIA MEMOR", signifiant “le pays soucieux de ses morts”[6].
A l’intérieur du monument se trouve un couloir central avec de chaque côté huit panneaux de pierre inscrivant des noms de soldats anglais[7]. Celui-ci abrite une crypte qui loge seize cellules. Cependant, seulement quinze d’entre-elles contiennent « les restes des officiers britanniques » tués pendant la Bataille de Waterloo le 18 juin 1815[8]. Les personnes qui y reposent sont : « le lieutenant-colonel Willam Henry Milnes, le 1er lieutenant Michaël T. Cromie, le capitaine John Lucie Blackman, le capitaine Edward Grose, l’enseigne James Lord Hay, le capitaine Thomas Brown, le lieutenant Samuel Shute Barrington, le sergent major Edward Cotton, le lieutenant-colonel Edward Stables, le colonel sir Alexander Gordon, le colonel sir William Howe De Lancey, le 1er lieutenant Charles Spearman, le major Arch. John Maclean, le capitaine William Stothert, le capitaine William John Lloyd ainsi que le 1er lieutenant John Clyde"[9].
A l’extérieur, une douzaine de pierres tombales ont été posées le long des allées pour honorer la mémoire des combattants britanniques défunts à diverses époques[10]. En face du monument, la pierre tombale originelle du Colonel de Lancey y est posée. Elle provient du cimetière du Quartier-Léopold[5].
Localisation
Le monument anglais se localise dans le cimetière de Bruxelles, dans la commune d’Evere. Le cimetière en lui-même se situe à l’extrémité de la rue du cimetière de Bruxelles en venant de la chaussée de Louvain.
Il y a deux possibilités de chemins pour arriver au monument, au départ de la grande grille d'entrée. Il faut soit passer dans l'avenue centrale pour arriver au terrain-plein et à la tombe d’Adolphe Max, puis pivoter à droite pour aller au bout de l'avenue. Soit, en marchant quelques centaines de mètres sur le chemin de droit qui se trouve le long du mur du cimetière[11].
Histoire
Deux endroits commémorent la mémoire des soldats anglais morts à la bataille de Waterloo. Il y a vingt-trois plaques funéraires sur les murs de la chapelle royale de Waterloo, qui est un bâtiment circulaire datant du XVIIe siècle. Et il y a le Mémorial de Waterloo qui a ensuite été déménagé dans le cimetière d’Evere et qui est actuellement le Mémorial aux officiers anglais morts à la bataille de Waterloo[12].
L’idée d’exhumer les morts de Waterloo provient du gouvernement britannique[13]. En 1815, Bruxelles comptait une dizaine de cimetières mais seuls deux cimetières acceptaient les inhumations de protestants[14]. Ces deux cimetières créés en 1794 étaient la propriété des principales paroisses bruxelloises. Leur abandon, décidé en 1872, fut effectif en août 1877 mais il restait à organiser le transfert des tombes d’officiers anglais décédés en 1815, « les concessions de leurs tombes ayant été accordées plus ou moins officieusement par l’intermédiaire de l’Église protestante de Bruxelles. »[14]. « Le transfert de ces tombes fut le prétexte, pour les Anglais, à leur projet de construction d’un monument de prestige »[14].
En 1888, les autorités anglaises décident de construire un « monument à la mémoire de ceux qui sacrifiaient leur vie en juin 1815 »[14]. La ville de Bruxelles accorde « un terrain gratuit et une concession perpétuelle » dans le cimetière de Bruxelles, à Evere de 30 m²[6] - [14].
Cette crypte renferme en tout dix-sept cellules. Huit corps provenant du cimetière du Quartier-Léopold qui avaient été provisoirement transférés au cimetière de Bruxelles le 8 février 1889 avant d'être définitivement dans la crypte le 29 juillet 1890. La veille, deux corps provenant du cimetière de Saint-Gilles y avaient été ré-inhumés et six corps le seront encore le 30 juillet dont quatre en provenance des Quatre-Bras et les deux inhumations du Gaumont. Les six derniers transferts relèvent d'une précipitation de la part de sir Morgan, un banquier chargé par la légation britannique de l'organisation de toutes ces exhumations et ré-inhumations et des relations avec les services de la ville de Bruxelles. Un mois avant l'inauguration du monument, il écrit le 28 juillet au bourgmestre Charles Buls pour lui demander l'autorisation pour ces derniers transferts[15].
Le bourgmestre répond le lendemain par lettre et délivre l'autorisation des transferts, qui auront lieu le 30 juillet 1890, mais à une condition. La pierre tombale du capitaine Blackman doit rester là où il se trouve parce que le bourgmestre veut que les souvenirs restent à Hougoumont et qu’ils soient respectés pour faire hommage à la mémoire des soldats morts en défendant leur patrie. La pierre tombale de Blackman se trouve donc toujours au Goumont mais son corps réside au cimetière de Bruxelles à Evere[16].
Références
- Damien Zanone, « La chose de Waterloo » : une bataille en littérature, Boston, Brill, , p. 51
- Yves Vander Cruysen, Waterloo démythifié !, Bruxelles, Jourdan, , p. 154
- Victor Besme, « LE MÉMORIAL DE LA BATAILLE DE WATERLOO À EVERE LA RESTAURATION DE BRITANNIA », sur patrimoine.bruxelles,
- (en) R.E. Foster, Wellington and Waterloo: The Duke, The Battle and Postery 1815 – 2015, The History Press,
- « CAMPAGNE DE 1815 - Le monument britannique d'Evère », sur napoleon-monuments.eu (consulté le )
- (en) David Buttery, Waterloo battlefield guide, Pen and Sword,
- Georges SPEECKAERT, Isabelle BAECKER, Les 135 vestiges et monuments commémoratifs des combats de 1815 en Belgique, Waterloo, Relais de l'histoire, , p. 65
- Henry Lachouque, Napoléon à Waterloo, Paris, Feni,
- Yves Vander Cruysen, Waterloo démythifié !, Bruxelles, Jourdan, , p. 155
- Georges SPEECKAERT et Isabelle BAECKER, Les 135 vestiges et monuments commémoratifs des combats de 1815 en Belgique, Waterloo, Relais de l'histoire, , p. 65
- Georges SPEECKAERT et Isabelle BAECKER, Les 135 vestiges et monuments commémoratifs des combats de 1815 en Belgique, Waterloo, Relais de l'histoire, , p. 64
- Yves Vander Cruysen, Waterloo démythifié!, Bruxelles, Jourdan, , p. 128
- Yves Vander Cruysen, Waterloo démythifié !, Bruxelles, Jourdan, , p. 143
- Claude Van Hoorebeeck, « Blackman, John-Lucie : pourquoi sa tombe est-elle à Hougomont ? », Bulletin de l'Association belge napoléonienne, no 118,‎ , p. 7
- Claude Van Hoorebeeck, « Du neuf à propos de la pierre tombale du capitaine John-Lucie Blackman », Association belge napoléonienne, no 125,‎ , p. 34
- Claude Van Hoorebeeck, « Du neuf à propos de la pierre tombale du capitaine John-Lucie Blackman », Association belge napoléonienne, no 125,‎ , p. 35
Bibliographie
- BUTTERY, D., Waterloo battlefield guide, Pen and Sword, 2013.
- LACHOUQUE, H., Napoléon à Waterloo, Paris, Feni, 1964.
- SPEECKAERT, G., et BAECKER, I., Les 135 vestiges et monuments commémoratifs des combats de 1815 en Belgique,Waterloo, Relais de l'histoire, 1990.
- VANDER CRUYSEN, Y., Waterloo démythifié ! essai historique, Bruxelles, Jourdan, 2014.
- ZANONE, D., « La chose de Waterloo » : une bataille en littérature, Boston, Brill, 2017.
- FOSTER., R.E., Wellington and Waterloo: The Duke, The Battle and Postery 1815 – 2015, The History Press, 2014.
- « CAMPAGNE de 1815 - le monument britannique d'Evere», sur napoleon-monuments.eu (consulté le 11 décembre 2020)
- Victor Besme, « LE MÉMORIAL DE LA BATAILLE DE WATERLOO À EVERE LA RESTAURATION DE BRITANNIA », sur patrimoine.bruxelles, décembre 2016.