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MĂ©moires d'outre-tombe

Les Mémoires d'outre-tombe sont la principale œuvre de François-René de Chateaubriand (1768-1848), dont la rédaction commence en 1809, sous le titre Mémoires de ma vie, et s'achève en 1841. L'édition originale des Mémoires d'outre-tombe, titre final du projet, est publiée en douze volumes entre 1849 et 1850 chez Penaud frères (Paris), après une diffusion en feuilleton dans le journal La Presse. Chateaubriand souhaitait que ces mémoires ne soient publiés qu'après sa mort, d'où leur titre.

MĂ©moires d'outre-tombe
Image illustrative de l’article Mémoires d'outre-tombe
François-René de Chateaubriand, peint par Girodet-Trioson, au début du XIXe siècle.

Auteur François-René de Chateaubriand
Pays Drapeau de la France France
Genre Autobiographie
Éditeur Penaud frères
Lieu de parution Paris

Jean d'Ormesson décrit les Mémoires d'outre-tombe comme un « chef-d’œuvre absolu »[1].

Conception

Chateaubriand n'avait premièrement pas l'intention d'écrire ses mémoires, comme il le signale dans le premier livre des Mémoires de ma vie, mais c'est lors d'une promenade au parc de Montboissier que le chant d'une grive lui rappelle toute son enfance et le pousse à se remettre à l'ouvrage.

Résumé

On divise cette Ĺ“uvre en quatre parties distinctes :

  • livres 1 Ă  12, gĂ©nĂ©alogie, enfance, Ă©tudes, hĂ©sitations religieuses, carrière de militaire et de voyageur ;
  • livres 13 Ă  18, carrière littĂ©raire ;
  • livres 19 Ă  34, carrière politique ;
  • livres 35 Ă  42, retraçant la fin de sa vie et ses considĂ©rations sur l'avenir possible de la France.

Enfance et jeunesse

Chateaubriand commence son récit par une longue explication sur ses origines familiales et plus particulièrement sur les déboires de ses oncles et de son père. Celui-ci a en effet réussi à redorer le blason de sa famille et à rétablir sa situation économique. Rigoureux, entêté, le père de Chateaubriand est un homme autoritaire, faisant régner de façon stricte et parfois oppressante l'ordre au sein de sa famille. Cependant, à sa mort, Chateaubriand en gardera quelques souvenirs émus et respectueux, voyant son géniteur d'un autre œil, plus compréhensif avec le recul des années.

Le jeune François-René passa son enfance et son adolescence entre Saint-Malo et le château de Combourg, que son père avait décidé de réinvestir après des années de semi-abandon. Y menant une vie réglée selon les désirs de son père, Chateaubriand profite néanmoins de ses instants de liberté pour faire de longues promenades dans le parc du château et les forêts voisines, qui exalteront sa mélancolie et son imagination : se forge ainsi en lui un sentiment fort de communion avec la nature qui le plonge dans de profondes rêveries passionnées, où il entend pour la première fois l'appel de sa Muse. Les passions de son cœur juvéniles nées de ces promenades solitaires seront notamment une grande source d'inspiration pour son roman autobiographique René. Pris parfois de doutes, malgré la solidité de sa foi chrétienne, Chateaubriand manque un jour d'abréger sa vie à l'aide d'une arme à feu, dont le coup ne partira pas. Conforté, par cette tentative ratée, dans sa nécessité de vivre malgré son malheur et ses passions, Chateaubriand voit là un signe de l'amour de Dieu pour lui et se tourne vers le christianisme avec une grande ferveur.

Chateaubriand est le dernier d’une fratrie de six enfants — il a quatre sĹ“urs et un frère aĂ®nĂ© — issue d’une famille de gentilshommes vivant en Bretagne. Étant le dernier de la fratrie, il n’est pas traitĂ© de la mĂŞme façon que son frère aĂ®nĂ©. Il est dĂ©laissĂ© par ses parents, mal habillĂ© et d’abord Ă©levĂ© en nourrice Ă  PlancoĂ«t, entre Dinan et Saint-Malo, chez sa grand-mère maternelle, jusqu'Ă  l’âge de trois ans. Il revient ensuite Ă  Saint-Malo chez ses parents, qui nĂ©gligent son Ă©ducation jusqu'Ă  l’âge de sept ans. François-RenĂ© est abandonnĂ© aux domestiques, il doit se contenter d’une Ă©ducation minimale, dispensĂ©e par un maĂ®tre qui lui donne quelques notions de dessin, d’anglais, d’hydrographie et de mathĂ©matiques. Il dit avoir eu une enfance oisive, qui lui a permis aussi de jouer et de profiter de l’environnement qui l’entoure[2].

Cependant, l'enfance de Chateaubriand fut aussi une période heureuse marquée par une grande complicité avec ses sœurs, notamment avec Lucile à laquelle il sera très attaché durant toute sa vie. Leur imaginaire enfantin leur fait percevoir le château de Combourg comme un lieu inquiétant, lieu de tous les fantasmes et de toutes les craintes. Le petit François-René et ses sœurs s'amusent à lire le soir des livres effrayants, qui font frémir leur imagination. Certaines pages des Mémoires, qui décrivent Combourg comme un lieu paisible et majestueux le jour, mais inquiétant et rempli de fantômes la nuit, prennent ainsi des allures de roman gothique.

Description du XIXe siècle

L’histoire nous fait découvrir la France rurale de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècle et plus précisément la Bretagne, terre où Chateaubriand a passé son enfance.

On découvre les mœurs de l’époque dans une France très traditionnelle. Cette France du début du XIXe siècle est codifiée : la société est répartie en différentes classes sociales, qui ne se mélangent pas. Les Chateaubriand ont des origines nobles et ils accordent une grande importance à leur généalogie.

On voit aussi l’importance des croyances et le poids de la religion qui structure les fêtes et sorties familiales. Avant la Révolution, l’éducation est assurée par des religieux.

On découvre que la France était aussi engagée dans des batailles à l’étranger et on constate que le destin de nombreux personnages évoqués par l’auteur a basculé à la Révolution : beaucoup y ont perdu la vie, y compris dans la famille de Chateaubriand.

La RĂ©volution

Chateaubriand raconte ensuite en détail son séjour à Paris alors que cette ville connaît les bouleversements liés à la Révolution française. Profondément marqué par certaines démonstrations sanglantes des sans-culottes (notamment par une tête montée sur une pique devant sa fenêtre), Chateaubriand décide d'embarquer pour l'Amérique afin de fuir le tumulte qui le menace.

Voyage en Amérique

Afin d'échapper à la Révolution qui emportera une partie de sa famille, Chateaubriand prend la mer pour se rendre en Amérique afin de trouver un passage par le nord entre l'Atlantique et l'océan Pacifique. Il gardera des souvenirs très forts de son séjour, de ses rencontres, et des coutumes des tribus indigènes, qui l'inspireront pour la rédaction du Génie du Christianisme, d'Atala et de René.

Napoléon

Chateaubriand obtient d'abord une place à l'Ambassade de France à Rome : Napoléon cherche en effet à obtenir les faveurs des monarchistes en favorisant ainsi un noble comme Chateaubriand.

Bien que fortement opposé à Napoléon dès l'assassinat du duc d'Enghien, Chateaubriand consacre de longues pages à l'empereur, où se mêlent la fascination pour le génie du général et la méfiance envers une mégalomanie qu'il juge funeste pour les hommes et pour la France.

Analyse

S'ils comportent des traits qui les rapprochent du genre littéraire des mémoires (au sens classique du terme, comme les Mémoires de Saint-Simon de Saint-Simon), les Mémoires d'outre-tombe s'inspirent également des Confessions de Rousseau, au sens où Chateaubriand traite — outre les événements politiques et historiques auxquels il assiste — de détails de sa vie privée et de ses aspirations personnelles. L'auteur traite donc des événements historiques majeurs dont il fut témoin (Révolution, République, Empire, Restauration, Monarchie de Juillet) mais en même temps nous dévoile son moi intérieur, dans une confidence aussi proche qu'intime à son lecteur.

C'est également dans cet ouvrage qu'on trouve quelques-uns des meilleurs exemples français de prose poétique, genre dans lequel Chateaubriand excellait.

Éditions

Actuellement, les Mémoires sont publiés dans la collection du Livre de poche et dans la Bibliothèque de la Pléiade.

Manuscrit

Un des exemplaires du manuscrit, dont Chateaubriand avait d'abord demandé qu'il ne fût publié que cinquante ans après sa mort (et qu'il accepta ensuite de faire publier dès son décès), avait été déposé chez un notaire et a fait l'objet d'un procès en 2015[3]. Ce manuscrit est, depuis 2013, conservé sous scellés à la BNF.

Références

  1. François-René de Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. 1, Gallimard, coll. « Quarto », Avant-propos (Jean d'Ormesson)
  2. François René de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe
  3. « Procès d’outre-tombe pour les « Mémoires » », sur Le Monde,

Voir aussi

Bibliographie

  • GĂ©rard Gengembre, « Le Paris rĂ©volutionnaire des MĂ©moires d'outre-tombe ou la scène prodigieuse », dans Paris et la RĂ©volution : actes du colloque de Paris I, 14-16 avril 1989, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire moderne » (no 22), , XI-391 p. (prĂ©sentation en ligne), p. 377-386.

Liens externes

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