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MĂ©moire racetrack

La mémoire racetrack ou mémoire à parois de domaine est un composant de mémoire permanente expérimental, en cours de développement à l’Almaden Research Center d'IBM, sous la direction de Stuart Parkin[1]. Au début de l'année 2008, une version 3 bits a passé les tests[2]. Si cette technologie arrive à maturité, elle promet une densité de stockage et un temps d'accès supérieurs aux autres composants mémoire à état solide, les mémoires flash et disques durs[3].

Principe

La mĂ©moire racetrack utilise des courants d'Ă©lectrons Ă  spins cohĂ©rents et des nanofils de silicium pour canaliser les champs magnĂ©tiques le long de micro-fils en permalloy (diamètre d'environ 200 nm et Ă©paisseur de 100 nm). Au passage du courant, les domaines transitent sous la tĂŞte de lecture magnĂ©tique, très voisine du câble, ce qui modifie la polaritĂ© des domaines et permet le stockage de bits. Une mĂ©moire racetrack est faite de plusieurs fils et tĂŞtes de lecture/Ă©criture. Du point de technique, les mĂ©moires racetrack ne sont qu'une forme moderne de la mĂ©moire Ă  bulles des annĂ©es 1970. Il y eut, encore auparavant, des mĂ©moires Ă  ligne de dĂ©lai comme les lignes de dĂ©lai au mercure des annĂ©es 1940 et 1950, utilisĂ©es dans les ordinateurs UNIVAC I et EDSAC. Comme les mĂ©moires Ă  bulles, les mĂ©moires racetrack utilisent un courant Ă©lectrique pour translater une file de domaines magnĂ©tiques Ă  travers le substrat solide et les Ă©lĂ©ments stockĂ©s prĂ©cĂ©demment. Grâce Ă  plusieurs amĂ©liorations dans la dĂ©tection des dipĂ´les magnĂ©tiques, fondĂ©es sur le dĂ©veloppement de capteurs spintroniques magnĂ©torĂ©sistifs, il est devenu envisageable d'exploiter la crĂ©ation de nano-domaines magnĂ©tiques, ce qui promet un taux d'intĂ©gration inĂ©galĂ©.

Performances

Les prĂ©dictions de 2008 suggĂ©raient qu'une mĂ©moire racetrack permettrait d’atteindre des temps d’accès de 20-32 ns, Ă  comparer avec 10 000 000 ns pour un disque dur, ou 20-30 ns pour une DRAM ordinaire. Ă€ l'Ă©poque, on envisageait d'amĂ©liorer encore ce score grâce Ă  un buffer d'environ 9,5 ns. Le dĂ©bit moyen d'une mĂ©moire racetrack devrait atteindre 250-670 Mbauds, Ă  comparer avec 12 800 Mbauds pour les circuits DDR3 DRAM, 1 000 Mbauds pour un disque dur et 1000 Ă  4 000 Mbauds pour une mĂ©moire flash. La seule technique qui, actuellement, prĂ©sente un meilleur temps de latence que la mĂ©moire racetrack est la SRAM, de l'ordre de 0,2 ns, mais moyennant un coĂ»t plus Ă©levĂ©.

Les mĂ©moires racetrack sont l'une des solutions techniques susceptibles de remplacer les mĂ©moires conventionnelles que sont les DRAM et les mĂ©moires flash, tout en prĂ©sentant les caractères d'un composant mĂ©moire polyvalent[3] (faible coĂ»t unitaire, sĂ©curitĂ© des donnĂ©es Ă  long terme). Les techniques concurrentes sont les RAM magnĂ©tiques (MRAM), la MĂ©moire Ă  changement de phase (PCRAM) et autres FeRAM : elles offrent un taux d'intĂ©gration comparable (mais gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieur) Ă  celui des mĂ©moires flash, leur principal avantage Ă©tant l'absence d’usure Ă  l'Ă©criture, qui limite la durĂ©e de vie des mĂ©moires flash. Les MRAM Ă  effet de champ offrent un temps d'accès de ns, mais le stockage d'un bit occupe une surface de 25 Ă  40 F2 : elles peuvent se substituer Ă  une SRAM, mais sont trop volumineuses pour du stockage de masse. Le meilleur taux d'intĂ©gration dans cette famille de composants est celui des PCRAM, avec 5,8 F2 par bit ce qui est Ă©quivalent Ă  celui des mĂ©moires flash, tout en affichant des temps d'accès de 50 ns. NĂ©anmoins, aucun de ces composants n'est en mesure de rivaliser avec les mĂ©moires racetrack, surtout en termes de densitĂ©. Par exemple, en l'espace de 50 ns, une mĂ©moire racetrack transfère Ă  peu près cinq bits, ce qui fait un taux de stockage par bit de 20/5=F2 ; et Ă  surface de circuit comparable (20 F2), elle permet de stocker 2 Ă  2,5 fois plus de donnĂ©es que les cellules mĂ©moires concurrentes (RRAM ou MRAM).

On espère de cette technologie une densité 10 à 100 fois supérieure à la mémoire flash, avec un nombre de cycles d'écriture illimité.

DĂ©fis technologiques

Le premier obstacle technologique qu'il a fallu franchir était la nécessité d'abaisser la fréquence des pulses de courant électrique (de quelques nanosecondes à une microseconde) pour assurer la translation des domaines magnétiques le long du câble. Dans ces conditions, le temps d'accès était à peu près aussi long que pour un disque dur. Grâce au microscope à rayons X, on a réalisé que le transit des domaines était perturbé par la présence de défauts cristallins dans les nanofils, lesquels épinglaient les domaines ; et qu'en l'absence de tels défauts, il suffisait de pulses électriques de quelques nanosecondes pour translater les parois de domaines le long des nanofils[4].

La tension exigĂ©e pour translater les domaines est proportionnelle Ă  la longueur des fils ; quant Ă  la densitĂ© de courant, elle doit dĂ©passer une valeur seuil (comme dans l'Ă©lectromigration) ce qui, Ă©tant donnĂ© la taille microscopique des fils, correspond une densitĂ© de courant Ă©norme (> 108 A/cm2); ainsi, un fils de 30 nm Ă— 100 nm exige un courant supĂ©rieur Ă  mA. C'est donc une consommation Ă©lectrique très supĂ©rieure Ă  celle d’autres mĂ©moires, par ex., les mĂ©moires Ă  transfert de moment (STT-RAM) ou les mĂ©moires flash.

Voir aussi

Notes

  1. Spintronics Devices Research, Magnetic Racetrack Memory Project
  2. Masamitsu Hayashi et al., « Current-Controlled Magnetic Domain-Wall Nanowire Shift Register », Science, vol. 320, no 5873,‎ , p. 209–211 (PMID 18403706, DOI 10.1126/science.1154587, lire en ligne)
  3. D'après Sparsh Mittal, « A Survey of Techniques for Architecting Processor Components using Domain Wall Memory », ACM J. Emerg. Technol. Comput. Syst.,‎ (DOI https://dx.doi.org/10.1145/0000000.0000000, lire en ligne).
  4. 'Racetrack' memory could gallop past the hard disk

Liens externes

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