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Lunetterie en France

Le terme de lunetterie désigne les techniques et moyens utilisés pour la conception, la fabrication, le commerce, ou la réparation des instruments d'optique, appareils de l'observation visuelle des objets proches ou éloignés, mesure de la vue et appareils de la correction de la vision des personnes.

Histoire de la lunetterie en France

En France, la profession de lunetier est réglementée par Henri III[1], qui promulgue en 1581 des statuts des miroitiers-lunettiers[2].

À la fin du XVIIIe siècle, le forgeron et négociant Pierre-Hyacinthe Caseaux lance une activité de création de lunettes à montures légères en fil de fer, à Morez[3]. La lunetterie industrielle se développe alors dans le massif du Jura, en raison du savoir-faire en matière de travail du métal dans la région[4]. Cette industrie y emploie une dizaine de milliers de personnes dans les années 1950, mais à la suite de délocalisations qui commencent dans les années 1980, ce nombre tombe à un millier dans les années 2020[5]. En 2020, l'entreprise morézienne Fidela 1820 est placée en redressement judiciaire après 200 ans d'activité[6], elle ferme ses portes deux ans plus tard[7].

La lunetterie jurassienne retrouve toutefois un essor avec le mouvement du « made in France[8] » et la transition écologique[9]. L'école des Meilleurs Ouvriers de France en lunetterie, seule école au monde où est enseignée la fabrication de montures, est créée en 2011 à Morez[10].

Les spécificités du marché

Les lunettes sont à l’origine un produit de santé. Depuis l’après seconde guerre mondiale, les lunettes ont pris pied dans le monde de la mode. Leur utilisation et les enjeux de ce marché sont à la fois médicaux et esthétiques.

La Sécurité Sociale et les mutuelles

En France les lunettes de vue avec des prescriptions ophtalmologiques sont remboursées par le système de Sécurité Sociale et les mutuelles.

La Sécurité sociale et les organismes complémentaires de santé permettent aux adhérents de renouveler leur équipement optique. Les Français renouvellent très peu leurs lunettes, seulement tous les quatre ans en moyenne car le marché de l'optique pose un problème entre le poids des dépenses et le niveau de vie. Sur la période 1996-2007, le niveau de vie des Français a augmenté de 25,9 % alors que la consommation de biens médicaux de la famille « optique, prothèses, petits matériels et pansements » a augmenté de 142 %[11].

Le prix moyen d’une paire de lunettes Ă©quipĂ©e de verres simples est de 200 â‚¬ (100 â‚¬ la monture et 100 â‚¬ les verres). Cette moyenne passe Ă  500 â‚¬ (100 â‚¬ la monture et 400 â‚¬ les verres) quand la monture est Ă©quipĂ©e de verre progressif. Les Français paient directement de leur poche 45 % du prix des lunettes. Ils paient indirectement les 55 % restant Ă  travers les cotisations pour la SĂ©curitĂ© Sociale (10 %) et les mutuelles (45 %)[11].

Ces chiffres sont des moyennes et ne reflètent pas la situation de chacun. Il faut tenir compte des 7 % de Français qui ne sont pas couverts par une mutuelle. Et rappeler qu’en 2007 la France comptait 8 034 000 personnes pauvres, c’est-Ă -dire avec un revenu individuel disponible infĂ©rieur Ă  880 euros par mois, ces personnes ne peuvent pas s'offrir des lunettes de vue, c'est un problème de santĂ© publique[12].

Mutation du marché apparition des nouveaux acteurs

L'enjeu est tellement de taille qu'aujourd'hui les plus grandes complémentaires de santé gèrent des réseaux d'opticiens.

Les principaux réseaux et plates-formes de soins[13]
Nom Personnes protégées Réseau
Itelis : AXA, Mutuelle mieux-ĂŞtre 6 millions 1 500 opticiens, 3 300 dentistes, trois enseignes d'audioprothèse.
Kalivia : Malakoff MĂ©dĂ©ric, Harmonie Mutuelles 6 millions 4 600 opticiens, 2 000 audioprothĂ©sistes
SĂ©vĂ©ane : Groupama, Pro BTP 6 millions 1 500 opticiens, 3 300 chirurgiens-dentistes
SantĂ©clair : Covea Allianz 5,5 millions 1 500 opticiens, 3 200 dentistes, 600 pharmaciens
MGEN 3,3 millions 1 600 opticiens affiliĂ©s, 25 600 dentistes
Carte Blanche : Swiss Life 2 millions Inconnu

Structure Ă©conomique

La structure économique du marché de l'optique est composée de différents acteurs dans un environnement en croissance. Elle représente un marché qui pèse en France plus de 5,08 Md€ [11]

Environnement

Plusieurs moteurs conditionnent l'environnement économique du secteur de la vue et expliquent la croissance du marché :

  • La politique de santĂ© publique (campagnes de sensibilisation et de prĂ©vention, transferts de compĂ©tences des ophtalmologistes aux opticiens).
  • Les moteurs sociodĂ©mographiques (accroissement du vieillissement de la population, Ă©volution des modes de vie, intĂ©rĂŞt croissant pour la santĂ©).
  • Offres des OCAM(*) (prise en charge diffĂ©renciĂ©es, crĂ©dits santĂ©)
  • Offres des industriels et crĂ©ateurs (innovation technologiques, contrats et licences).

Évolution du marché dans le temps

L'évolution du marché dans le temps et ventes des produits en moyenne (unité : %, taux de croissance annuelle en valeur)[14]
Verres Montures Lentilles Solaires Pdts. lentilles Autres Total
2002 1,9 % -0,2 % 6,1 % -12,4 % -5,4 % Inconnu 0,4 %
2003 5,9 % 3,1 % 9,1 % 9,4 % 2,4 % Inconnu 5,6 %
2004 3,8 % Inconnu 7,2 % -1,7 % Inconnu Inconnu 3,5 %
2005 2,2 % 2,6 % 8,1 % 2 % -1,4 % Inconnu 2,7 %
2006 2,3 % 1,6 % 3,1 % 3,4 3,6 % Inconnu 2,1 %
2007 2,9 % 1,9 % 2,6 % 6,0 % -4,1 % 2,6 % 2,6 %
2008 2,3 % 3,7 % 3,4 % 5,4 % -1,1 % Inconnu 2,8 %


Consommation d'optique

Consommation d'optique en France (unités : en millions d'euros, indice des volumes base 100 en 2000, taux de croissance annuelle en %)[14]
Consommation en valeur Consommation en volume
Millions Croissance Indice Croissance
2000 3 394 14,4 % 100,0 13,9 %
2001 3 775 14,4 % 110,1 10,1 %
2002 3 933 4,2 % 113,1 2,7 %
2003 4 089 4,0 % 114,8 1,5 %
2004 4 311 5,4 % 118,5 3,3 %
2005 4 451 3,2 % 120,5 1,5 %
2006 4 651 4,5 % 125,5 4,3
2007 4 880 4,9 % 130,7 4,2 %
2008 5 030 3,1 % 132,6 1,5 %
2009 5 095 1,3 % 133,7 0,8 %

Évolution du prix et du pouvoir d'achat

Depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000, les verres ophtalmiques sont devenus des produits extrĂŞmement sophistiquĂ©s qui tendent vers la fabrication sur-mesure. Ils apportent un confort de port et de vision indĂ©niables. Cependant, cette course au perfectionnement reprĂ©sente un coĂ»t Ă©levĂ©. Depuis plusieurs annĂ©es, l’investissement en recherche et dĂ©veloppement correspond Ă  5 % du chiffre d’affaires des verriers. Vendre des verres plus nombreux et sophistiquĂ©s nĂ©cessite de former de plus en plus de commerciaux, mais aussi de les Ă©quiper d’outils d’aide Ă  la vente adaptĂ©s et enfin de financer des campagnes publicitaires. Ces coĂ»ts additionnels Ă  la recherche et au dĂ©veloppement se rĂ©percutent sur les prix de vente. En 2007, le prix moyen payĂ© en France pour une paire de verres simples foyers Ă©tait de 100 â‚¬[15]. Le prix moyen d’une paire de progressifs atteignait 400 â‚¬. Il est alors difficile de trouver des progressifs Ă  moins de 150 € la paire, et ils dĂ©passent parfois 1 000 â‚¬ [16] la paire. A contre courant, certains opticiens proposent des prix plus bas, notamment par le biais de nouveaux rĂ©seaux de distribution comme internet ou mĂŞme en boutique Ă  la suite de la crĂ©ation de Lunettes pour tous par Xavier Niel en 2014.

Le cadre juridique du marché français

Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, par l'intermédiaire de Lucie Dufour, responsable des relations presse et médias de la Direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des Soins du ministère de la Santé et des Sports, a confirmé le vendredi que : « La France ne s'oppose pas à la vente sur Internet de produits optique. C'est une voie de distribution, soumise aux mêmes règles que celles applicables aux professionnels installés et exerçant dans des structures. Ces règles visent à garantir la qualité et la sécurité des soins et des prestations de santé. Comme tous les produits de santé vendus sur Internet et en pharmacie, la France impose des règles d'exercice de la profession (diplômes, compétences...), de conseil au patient et de sécurité. Ces règles s'appliquent à tous les professionnels de santé quels que soient les supports de vente ».

Depuis cette annonce les acteurs traditionnels ont vu des acteurs pure players spécialisés dans la vente des lunettes sur internet voir le jour et bénéficier du même système d'assurance que les acteurs traditionnels (notamment l'agrément Sécurité Sociale et mutuelles).

Distributeurs

Les distributeurs traditionnels

Principaux groupes de la profession et leur chiffre d'affaires en 2006
Rang Groupes Actionnariat CA consolidé 2006
1 GrandVision EssilorLuxottica 783 Md€
2 Optic 2000 Groupement coopératifs / Adhérents 352 Md€
3 Guildinvest La guilde des lunetiers 189 Md€
4 Alain Afflelou - 164 Md€
5 Atol Groupement coopératifs / Adhérents 133 Md€

Les distributeurs internet

Avec l'explosion des nouvelles technologies, plusieurs sites internet de vente de lunettes de vue et de soleil ont vu le jour. Certains de ces sites vendent des lunettes complètes, avec verres correcteurs et monture (la monture peut également être fournie par le consommateur). D’autres sites ne vendent que la monture ou que les verres, et dans ce cas la fourniture des verres, le taillage de ceux-ci et le montage sur la monture sont réalisés par un opticien « traditionnel ».

Notes et références

  1. Jean-Claude Margolin, « Des lunettes et des hommes ou la satire des mal-voyants au XVIe siècle », Annales, vol. 30-2-3,‎ , p. 375-393 (lire en ligne)
  2. Joseph Rouyer, Coup d'œil rétrospectif sur la lunetterie précédé de recherches sur l'origine du verre lenticulaire et sur les instruments servant à la vision, Paris, Chez l'auteur, (lire en ligne), p. 122-130 (« Chapitre II. Des règlements de métiers et de la corporation »)
  3. Jean-Marc Olivier, « Des lunetiers moréziens à l'échelle du monde : les fils d'Aimé Lamy (1889-1914) », Travaux de la Société d'émulation du Jura,‎ , p. 141-165 (lire en ligne [PDF], consulté le )
  4. « Deux siècles d'histoire industrielle à Morez », sur Lunetiers du Jura (consulté le )
  5. AFP, « Lunettes made in France: le Jura voit le renouveau poindre à l'horizon », sur Le Point, (consulté le )
  6. Loris Lacroix, « Jura. La plus ancienne manufacture de lunettes placée en liquidation judiciaire » Accès limité, sur Le Progrès, (consulté le )
  7. « Le lunetier Fidela 1820 ferme ses portes après 200 ans d’activité », sur Acuité, (consulté le )
  8. Antoine Delsart, « Ain/Jura. Les «vraies» lunettes 100 % françaises reviennent en force » Accès limité, sur Le Progrès, (consulté le )
  9. Pascale Krémer, « Le secteur de l’optique amorce sa mue écologique, entre collecte de vieilles montures, création innovante et seconde main », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Laëtitia Courti, « Morez. Jura : la seule école au monde à former à la conception de lunettes », sur L'Est républicain, (consulté le )
  11. Enquête numéro 698 de la DRESS, publiée en août 2009 : enquête statistique auprès des organismes complémentaires santé sur leurs exercices de l’année 2007.
  12. INSEE & DRESS : comptes nationaux de la santĂ©, pour la France mĂ©tropolitaine et les Dom. Le niveau de vie annuel moyen des individus Ă©tait de 16 740 â‚¬ en 1996 et 21 080 â‚¬ en 2007. La consommation de biens mĂ©dicaux de la famille « optique, prothèses, orthèses, petits matĂ©riels et pansements » Ă©tait pour l’ensemble des Français de 3,925 milliards d’€ en 1996 et 9,500 milliards d’€ en 2007.
  13. Géraldine Vial, « Harmonie mutuelles et Malakoff Médéric créent le plus gros réseaux d'opticiens » Les Échos, vendredi 5 et samedi 6 mars 2010.
  14. Données GFK dans la presse spécialisée (bienvoir, opticien-lunetier)
  15. Données rapport INSEE source primaire "évolution du marché de l'optique"
  16. Données rapport INSEE source primaire La consommation des ménages en France 2008

Voir aussi

Articles connexes


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