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Louis de Courcillon de Dangeau

Louis de Courcillon, dit l'abbé de Dangeau (janvier 1643 à Paris - à Paris), est un homme d'Église et grammairien français, connu pour avoir été le premier à décrire les voyelles nasales de la langue française.

Louis de Courcillon de Dangeau
Biographie
Naissance
Décès
Activités
Famille
Dangeau de Courcillon (d)
Père
Louis de Courcillon, Seigneur de Dangeau (d)
Mère
Charlotte des Noues (d)
Fratrie
Autres informations
Membre de

Biographie

Louis de Courcillon de Dangeau naît en janvier 1643[1]. Il descend d'une famille protestante du Maine et était un arrière-petit-fils de Philippe Duplessis-Mornay. Les barons de Château-du-Loir avaient compté parmi leurs premiers vassaux les de Courcillon, qui habitaient le château de ce nom à Dissay.

Il se convertit au catholicisme sous l'influence de Bossuet en 1667, à l'instar de son frère, Philippe de Courcillon de Dangeau.

Ambassadeur extraordinaire en Pologne, lecteur du roi de 1671 à 1685, il fut pourvu des commendes de l'Abbaye de Fontaine-Daniel, le , et de l'abbaye de Clermont, près de Laval, en 1710, des prieurés de Gournay-sur-Marne et de Crespy-en Valois.

Il devient ensuite camérier d’honneur des papes Clément X et Innocent XII. Il est élu membre de l'Académie française en 1682.

Saint-Simon l'a évoqué à plusieurs reprises dans ses Mémoires. D'Alembert a dit de lui qu'il « s'occupa surtout très longtemps du soin délicat et pénible de faire l'énumération exacte des sons de notre langue » (Éloges, 1779). Sa formulation du concept de voyelles nasales sera plus tard reprise et précisée par Nicolas Beauzée, qui les définira en opposition aux articulations orales dans sa Grammaire générale en 1767.

Les modifications que l'abbé de Dangeau se propose d'introduire dans l'orthographe française frapperont par ailleurs Robert de Brye, qui s'en inspirera dans L'Histoire et les Amours du Duc de Guise, surnommé le Balafré. Dans la préface de cet ouvrage paru en 1695, il écrit : « Une Letre imprimée de Monsieur l’Abé Dangeau, à Monsieur de Pontchartrain, qui m’est tombée dans les mains, m’a déterminé à une chose où j’avois de l’inclination ; elle établit ce nouveau sistème d’Ortografe avec beaucoup de nèteté, et même d’agrémens (...). Le dessein de cete nouveauté est d’aprocher autant qu’il est posible l’Ortografe de la prononçiation. Tant de personnes y sont interessées, qu’il y a lieu d’esperer de la faveur dans cete entreprise. D’abord on a retranché toutes les letres doubles dans les mots où elles ne servent point à la prononçiation, come dans, appeler, le premier p ; dans, ocasion, le premier c : on a aussi retranché les letres qui n’étoient restées qu’en faveur de l’Analogie, come l’s dans écrire, l’l et l’m dans Gentis-homes (...). L’utilité de cete Ortografe est grande ; elle aporte de la briéveté dans les Livres, du ménage dans l’Impression, de la facilité dans la Lecture ».

Les armoiries de l'abbé de Courcillon étaient d'argent, à la bande fuselée de gueules, au lion d'azur à senestre.

TĂ©moignages

  • Saint-Simon : « Dangeau avait un frère abbĂ©, acadĂ©micien, grammairien, pĂ©dant, le meilleur homme du monde, mais fort ridicule. Courcillon, voyant son père fort affligĂ© au chevet de son lit, se prit Ă  rire comme un fou, le pria d'aller plus loin, parce qu'il faisait en pleurant une si plaisante grimace qu'il le faisait mourir de rire.»[2]
  • Toujours Saint-Simon : « N'attendons pas le temps de la mort de l'abbĂ© de Dangeau son frère, qui arriva le , pour parler de lui tout de suite. Il naquit huguenot, il y persĂ©vĂ©ra plus longtemps que son frère, et je ne sais s'il y a jamais bien renoncĂ©. Il avait plus d'esprit que son aĂ®nĂ©, et quoiqu'il eĂ»t assez de belles-lettres qu'il professa toute sa vie, il n'eut ni moins de fadeur ni moins de futilitĂ© que lui; il parvint de bonne heure Ă  ĂŞtre des acadĂ©mies. Les bagatelles de l'orthographe et de ce qu'on entend par la matière des rudiments et du Despotère [24] furent l'occupation et le travail sĂ©rieux de toute sa vi. Il eut plusieurs bĂ©nĂ©fices, vit force gens de lettres et d'autre assez bonne compagnie, honnĂŞte homme, bon et doux dans le commerce, et fort uni avec son frère. Il avait Ă©tĂ© envoyĂ© Ă©tant jeune en Pologne, et il avait trouvĂ© le moyen de se faire dĂ©corer d'un titre de camĂ©rier d'honneur par ClĂ©ment X qu'il avait connu en Pologne, non Ă  Rome oĂą il n'alla jamais, et de se le faire renouveler par Innocent XII; il avait aussi achetĂ© une des deux charges de lecteur du roi pour en conserver les entrĂ©es, et y venait de temps en temps Ă  la cour; il y Ă©tait peu; n'y sortait guère de chez son frère, et y avait peu d'habitude »[3]
  • Jules Sandeau a rĂ©sumĂ©, en quelques lignes le savoir de l'acadĂ©micien : « Il a Ă©crit des in-octavo sur les particules, des in-folio sur le mot quelqu'un et des bibliothèques sur le mot quelque. Il a publiĂ© un « in-8 de vingt-quatre pages, ayant pour titre Lettre sur l'ortografe. On voit qu'ici l'orthographe est un peu extraordinaire ; il est vrai de dire que l'abbĂ© de Dangeau savait le grec, le latin, l'italien, le portugais, le« chinois, l'histoire, la gĂ©ographie, la gĂ©nĂ©alogie, le blason et avait une foule d'autres connaissances qui, si elles lui laissaient le temps d'enseigner l'orthographe, ne lui permettaient probablement pas de l'apprendre ».

Ouvrages

  • Nouvelle mĂ©tode de gĂ©ografie historique pour apprendre facilement et retenir la gĂ©ografie moderne et l'anciène, l'histoire moderne et l'anciène, le gouvernement des Ă©tats, les intĂ©rĂŞts des princes, leurs gĂ©nĂ©alogies, etc. (1693)
  • Essais de grammaire contenus en trois lettres d'un acadĂ©micien Ă  un autre acadĂ©micien (1694)
  • Tableau des provinces de France, oĂą l'on voit la description et l'histoire de chaque province du royaume (1694)
  • Principes du blason en quatorze planches oĂą l'on explique toutes les règles et tous les termes de cete siance (1709)
  • Essais de grammaire, qui contiennent : I. un discours sur les voyèles, II. un discours sur les consones, III. une lĂŞtre sur l'ortografe, IV. supplĂ©ment Ă  la lĂŞtre sur l'ortografe. - Suite des essais de grammaire (1711)
  • RĂ©flexions sur la grammaire fransoise (1717)
  • IdĂ©es nouvèles sur difĂ©rantes matières de grammaire (1722)

Notes et références

  1. Richard et Giraud 1822, p. 28.
  2. Saint-Simon, Mémoires (1707-1710), Tome III, Éditions de la Pléiade-Gallimard, 1984, p 748
  3. Saint-Simon, Mémoires (1718-1721), Tome VII, Éditions de la Pléiade-Gallimard, 1987, p 714

Annexes

Bibliographie

  • Charles-Louis Richard et Jean Joseph Giraud, « Dangeau (Louis de Courcillon, abbĂ© de) », dans Bibliothèque sacrĂ©e, ou Dictionnaire universel, t. 9, Paris, (lire en ligne), p. 28

Liens externes

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