Livre d'Hénoch
Le Livre d'Hénoch, aussi appelé 1 Hénoch ou Hénoch éthiopien, est un écrit pseudépigraphique de l'Ancien Testament attribué à Hénoch, arrière-grand-père de Noé. Hénoch s'écrit en hébreu חנוך.
Titre original |
(gez) መጽሐፈ ሄኖክ |
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Personnages |
La généalogie d'Hénoch est donnée dans le texte de la Genèse (chap. V, versets 18 à 29).
Reconnaissances officielles
- Le Livre d'Hénoch a été écarté par le canon juif de la Bible hébraïque. À l'époque hellénistique, il n'a pas non plus été inclus dans la Bible dite des Septante (en grec).
- Il était connu en Occident, au moins indirectement : on retrouve par exemple son influence dans les passages consacrés au calendrier dans les textes hiberno-latins, comme l’Altus prosator.
- L'Église orthodoxe éthiopienne est la seule à le reconnaître comme canonique.
Rédaction
La composition des différents livres s'étire sur une période allant d'avant le IIIe siècle au Ier siècle avant notre ère[1] : concernant le Livre des Veilleurs, la recherche est partagée entre le IIIe siècle et une datation plus haute encore, au IVe siècle, voire au début de ce siècle[2]. Certaines parties du livre ont vraisemblablement été composées en hébreu, d'autres en araméen[3]. Avant la découverte des fragments en araméen parmi les manuscrits de la mer Morte, R. H. Charles avait déjà identifié que les chapitres 1-5 furent composés en hébreu, en utilisant le Texte massorétique du Deutéronome[4] ou en araméen. Cette double possibilité pousse les chercheurs comme Dillmann à parler d' hébreu-araméen pour l'original[5].
Publications
L’existence d'un livre éthiopien attribué à Hénoch est connue en Europe à partir du XVe siècle.
Dès 1606, certains passages en grec ont été publiés (à partir des fragments conservés par Georges le Syncelle au IXe siècle).
En 1773, le voyageur écossais James Bruce apporta, d'Éthiopie en Grande-Bretagne, trois exemplaires de ce livre[6]. Deux manuscrits sont conservées à la bibliothèque bodléienne. Le troisième est une copie spécifiquement préparée pour Louis XV et qui est aujourd'hui conservée à la Bibliothèque nationale de France[7].
La première traduction en anglais date de 1821, publiée à Oxford par Richard Laurence. Ce dernier édita le texte éthiopien en 1838. La première édition du texte éthiopien avec plusieurs manuscrits (cinq) a été réalisée à Leipzig par August Dillmann en 1851[1].
La version originale en araméen était considérée comme perdue jusqu'à ce que l'on en retrouve des parties à Qumrân en 1947[8] parmi les manuscrits de la mer Morte.
D'autres fragments ont été publiés :
- Ceux contenus dans des manuscrits conservés à la bibliothèque vaticane en 1844.
- Ceux issus d'une tombe découverte en 1886 à Akhmîm en Égypte (publiés en 1892).
- Certains conservés à la bibliothèque de l'université du Michigan (publiés en 1937).
- Il existe également des fragments en latin, syriaque et copte.
Contenu
L’Hénoch éthiopien est composé de cinq livres[1], précédés d'une introduction (1-5) aux trois premiers livres[9] :
- Le Livre des Veilleurs[10] (6-36) a été composé à une époque antérieure à 200 avant notre ère[1]. Il décrit la rébellion et la chute des anges déchus puis plusieurs voyages visionnaires d'Hénoch au Ciel et aux Enfers en compagnie des archanges qui lui font diverses révélations. Le livre se divise lui-même en deux parties, L.V.1 (6-11) et L.V.2 (12-36)[9].
- Le Livre des Paraboles (37-71) a été composé vers 30 avant notre ère[1]. Il contient des paraboles et des visions concernant la fin des temps et le Jugement dernier. Cette section contient le livre de l'apocalypse de Noé.
- Le Livre de l'Astronomie (72-82) a été composé vers la même époque que les Veilleurs[1]. C'est un traité d'astronomie et de météorologie.
- Le Livre des Songes (83-90) a été composé vers 160 avant notre ère[1]. C'est un recueil de songes visionnaires.
- L’Épître d'Hénoch (91-108), composé au Ier siècle avant notre ère[1], dit aussi Parénèses, contient un ensemble d'exhortations et d'annonciations. Cette partie se trouve aussi sous le nom : Livre de l'exhortation et de la malédiction. Les trois derniers chapitres sont considérés comme des appendices, le chapitre 105 étant une conclusion au livre[11].
Suivant Joseph Milik, la deuxième place de l'ouvrage était initialement occupée par un Livre des Géants[12], ce qui expliquerait le hiatus chronologique que constitue la présence du Livre des Paraboles, plus récent que les autres[13].
Influences
L'épître de Jude cite une prophétie que l'auteur attribue à « Hénoch le septième depuis Adam » :
- Jude 14-15 : « Énoch aussi, le septième depuis Adam, a prophétisé à ceux-ci, en disant : Voici, le Seigneur est venu au milieu de ses saintes myriades, pour exercer un jugement contre tous, et pour faire rendre compte à tous les impies parmi eux de tous les actes d'impiété qu'ils ont commis et de toutes les paroles injurieuses qu'ont proférées contre lui des pécheurs impies ».
Les versets du 1 Hénoch :
- 1 Hénoch 60, 8 : « Hénoch le septième depuis Adam ».
- 1 Hénoch 1, 9 : « Voici, le Seigneur est venu avec ses saintes myriades, pour exercer un jugement contre tous, et pour faire rendre compte à tous les impies parmi eux de tous les actes d'impiété qu'ils ont commis et de toutes les paroles injurieuses qu'ont proférées contre lui des pécheurs impies ».
Et la source probable de cette section de 1 Hénoch :
- Deutéronome 33, 2 : « Et il est sorti du milieu des saintes myriades. Il leur a de sa droite envoyé le feu de la loi ».
Jude cite vraisemblablement une tradition orale qui sera elle-même reprise dans le Livre d'Hénoch.
- Citation extraite du Livre des jubilés concernant Hénoch : « Hénoch était le premier homme parmi les hommes qui sont nés sur Terre qui apprit l'écriture et la connaissance et la sagesse et qui écrit dans un livre les signes du ciel selon l'ordre de leurs mois afin que les hommes connaissent les saisons des années selon l'ordre de séparation de leurs mois. Et il était le premier à écrire un témoignage et qui témoigna aux fils des hommes parmi les générations de la Terre, et fit le décompte des semaines des jubilés et leur fit savoir les jours des années et plaça en ordre les mois et décompta des sabbaths des années ainsi que nous [les] lui avons fait savoir ».
Développements ultérieurs (mysticisme et zététique)
Annexes
Bibliographie
- 1976 : Le Livre d'Enoch, Paris, Robert Laffont, (c)1975 / dépôt légal 2e trimestre 1976), dans la collection « Les portes de l'étrange » (dirigée par Francis Mazière). Il est divisé en 105 chapitres (au lieu des 107 précisés dans le paragraphe « Contenu » ) et n'indique pas la partition en cinq livres (plus l'introduction).
- 1978 : (en) Michael A. Knibb, The Ethiopic Book of Enoch : A New Edition in the Light of the Aramaic Dead Sea Fragments, Oxford, Oxford University Press,
- 1987 : André Caquot, « Énoch », dans Marc Philonenko (dir.), Écrits intertestamentaires, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade »,
- 2008 : Michaël Langlois, Le Premier Manuscrit du Livre d'Hénoch : étude épigraphique et philologique des fragments araméens de 4Q201 à Qumrân, Paris, Cerf, , 605 p. (ISBN 978-2-204-08692-9). Préface d'André Lemaire (résumé en ligne)
- 2014 : Paolo Sacchi (trad. Luc Leonas), Les apocryphes de l'Ancien Testament : Une introduction, Cerf,
Articles connexes
- 2 Hénoch ou Livre des secrets d'Hénoch
- 3 Hénoch ou Livre des Palais
- Liste des livres de la Bible
- Ange
- Vol du feu
Liens externes
- Une version en ligne du Livre d'Hénoch, sur le site areopage.
Notes et références
Notes
Références
- Sacchi 2014, p. 77
- Sacchi 2014, p. 85
- E. Isaac « 1 Enoch, a new Translation and Introduction » in ed. James Charlesworth The Old Testament Pseudepigrapha, vol. 1 (ISBN 0-385-09630-5) (1983) p.6
- « In 'He comes with ten thousands of His holy ones the text reproduces the Massoretic of Deut.33,2 in reading ATAH = erchetai, wheras the three Targums, the Syriac and Vulgate read ATIH, = met'autou. Here the LXX diverges wholly. The reading ATAH is recognised as original. The writer of 1-5 therefore used the Hebrew text and presumably wrote in Hebrew. » R. H. Charles, Book of Enoch: Together with a Reprint of the Greek Fragments, Londres, 1912, page lviii.
- François Martin, Le Livre d'Hénoch traduit sur le texte éthiopien, Paris, Letouzet et Ané, paris, 317 p., p. 58
- Caquot 1987, p. 466
- Knibb 1978, p. 1
- Qumrân, le secret des manuscrits de la mer Morte, BNF, 2010.
- Sacchi 2014, p. 87
- « Veilleur » signifie ici « ange »
- François Martin, Le Livre d'Hénoch traduit sur le texte éthiopien, Paris, Letouzey et Ané, , 317 p., p. 86-87
- « Géant » signifiant ici « démon »
- Sacchi 2014, p. 78