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Liqian

Liqian (chinois : 骊靬 ; pinyin : Liqian) ou encore (Li-Jien, ou Li-chien)[1] est un comté disparu de l'actuelle province de Gansu au nord de la Chine. Sur le site de la ville antique de Liqian se trouve aujourd'hui le village de Zhelaizhai.

GĂ©ographie

Au printemps 1989, un historien chinois, Guan Yiquan, et un chercheur australien, David Harris, ont indiquĂ© que le village chinois de Zhelaizhai Ă©tait le site actuel le plus probable pour l'emplacement de la ville antique de Liqian[2]. Liqian se trouvait dans la partie nord de la Chine, sur la bordure orientale du dĂ©sert de Gobi[3]. C'est dĂ©sormais une rĂ©gion rurale, la ville la plus proche Ă©tant Ă©loignĂ©e de 300 kilomètres[3].

Théorie de la descendance romaine

La région de la ville antique de Liqian est connue pour ses habitants. Certaines personnes là-bas ont des traits physiques caucasiens, tels que des nez aquilins, des cheveux blonds ou de couleur claire, des yeux bleus ou verts. Au XXe siècle, des théories ont commencé à suggérer que certains des habitants pourraient descendre de légionnaires romains[4].

Dans les années 1940, Homer H. Dubs, professeur d'histoire chinoise à l'Université d'Oxford, a établi un lien entre Liqian et la Rome antique. Il a suggéré que les habitants étaient les descendants des prisonniers de guerre romains capturés à l'issue de la bataille de Carrhes[5]. Ces troupes auraient été réinstallées par les Parthes victorieux sur leur frontière orientale et, selon Dubs, auraient pu devenir des mercenaires qui auraient pris part à la bataille de Zhizhi entre les Chinois et les Xiongnu en 36 avant l'ère chrétienne[6]. Des comptes rendus de chroniqueurs chinois mentionnent la capture d'une "formation de soldats en écailles de poisson", où Dubs a vu une allusion à la formation militaire dite de la tortue romaine, consistant à se protéger de tous les côtés à l'aide de grands boucliers[7].

Plusieurs enquêtes ont été menées depuis[3]. En 2005, des tests génétiques ont confirmé que certains des villageois étaient d'origine caucasienne, mais le test n'a pas déterminé si elles descendaient bel et bien des Romains[8]. Or tous les anthropologues sont loin d'en être convaincus. Interviewé dans un article de presse en 2005[8], Xie Xiaodong, généticien à l'université de Lanzhou, remarquait : « Même s'ils sont d'origine romaine, cela ne signifie pas qu'ils proviennent nécessairement de cette légion romaine-là ». Selon une étude génétique chinoise menée en 2007[9], « une origine mercenaire romaine ne peut être acceptée comme vraie en raison de la variation génétique paternelle, et la population actuelle de Liqian est plus probablement un sous-groupe de la majorité chinoise Han ». En 2007, Rob Gifford a commenté cette théorie en la présentant comme un « mythe rural » parmi tant d'autres[10].

De plus, des gens dotés de traits caucasiens vivaient en Asie Centrale plusieurs siècles avant l'arrivée des Romains ; les momies du Tarim et certaines populations du Sud de la Sibérie comprenaient des individus dotés de chevelures claires[11]. Et à l'heure actuelle, aucun vestige archéologique susceptible de prouver une présence romaine dans la région (des pièces de monnaie ou des armes, par exemple) n'a été découvert à Zhelaizhai[7].

Notes et références

  1. https://www.academia.edu/1203735/The_Origins_of_Roman_Li-chien
  2. La légion perdue de l'empire du Milieu, article de Frédéric Koller dans L'Express le 2 janvier 2003. Page consultée le 28 juin 2016.
  3. Spencer (2007).
  4. par Frédéric Koller et, « La légion perdue de l'empire du Milieu », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Romains en Chine », sur informations.com (consulté le ).
  6. Dubs (1941).
  7. Squires (2010).
  8. Hunt for Roman legion reaches China, article de Xinhua dans China Daily le 20 novembre 2010. Page consultée le 28 juin 2016.
  9. Zhou, An, Wang et alii (2007).
  10. Gifford (2007), p. 185.
  11. Keyser, Bouakaze, Crubézy et alii (2009).

Bibliographie

  • (en) Homer H. Dubs, "An Ancient Military Contact between Romans and Chinese", American Journal of Philology, Johns Hopkins University Press, vol. 62 no 3, 1941, p. 322–330.
  • (en) Homer H Dubs, « A Roman City in Ancient China », Cambridge University Press, vol. 4, no 2,‎ , p. 139–148 (DOI 10.1017/S0017383500015916, JSTOR 642135)
  • (en) Rob Gifford, "We Want to Live!", dans China Road : A Journey Into the Future of a Rising Power, New York, Random House, 2007, p. 185. (ISBN 1400064678)
  • (en) Ethan Gruber, « The Origins of Roman Li-chien », University of Virginia,
  • (en) Christine Keyser, Caroline Bouakaze, Eric CrubĂ©zy, et ali, "Ancient DNA provides new insights into the history of south Siberian Kurgan people", Human Genetics, , vol. 126 no 3, p. 395–410.
  • (en) Chinese villagers 'descended from Roman soldiers', article de Nick Squires dans The Telegraph le .
  • (en) DNA tests for China's legionary lore, article de Richard Spencer dans le Sydney Morning Herald le .
  • (en) Liu Weifeng, « Romans in China stir up controversy », China Daily,‎ , p. 13 (lire en ligne)
  • Ruixia Zhou, Lizhe An, Xunling Wang, et ali, "Testing the hypothesis of an ancient Roman soldier origin of the Liqian people in northwest China: a Y-chromosome perspective", Journal of Human Genetics, vol. 52 no 7, , p. 584–591. DOI:10.1007/s10038-007-0155-0. PMID 17579807.

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