Lignages de Soria
Les douze Lignages de Soria (los Doce Linajes de Soria)[1], constituent un groupe de clans, semblables aux phratries ou aux curies des villes antiques, au sein desquels uniquement pouvaient en vertu de la loi municipale ĂȘtre choisis la plupart des magistrats de la ville de Soria situĂ©e en Vieille Castille et hĂ©ritiĂšre de l'antique Numance.
Les douze Lignages de Soria firent construire en 1604 sur la grand-place la Casa de los Linajes, devenu l'hĂŽtel de ville, oĂč l'on peut voir la rosace des Lignages ornant le frontispice.
Ce type d'institution urbaine loin d'ĂȘtre un systĂšme de gouvernance isolĂ©, existait en de nombreuses citĂ©s europĂ©ennes qui Ă©taient ainsi Ă©galement dirigĂ©es par des lignages patriciens hĂ©rĂ©ditaires tels que les Lignages de Bruxelles, les Lignages d'Alten Limpurg de Francfort, les Tribus de Galway, les Paraiges de Metz, les Estendes de Verdun, etc.
Ainsi, d'aprĂšs le colloque La ville en Europe (23-, UniversitĂ© Paris) : « le conseil municipal sĂ©villan Ă©tait accaparĂ© par des lignages comme les Guzmanes, Ponce de LeĂłn, etc. De mĂȘme Ă Valladolid, contrĂŽlĂ©e par les lignages de Tovares y Reoyos. Dans la mĂȘme situation se trouvent les villes de Baeza, Plasencia, Trujillo, Ciudad Real, Ăvila, Soria, Ăbeda, Toledo et Santa Cruz de Tenerife. Pour la Couronne dâAragĂłn il a eu, cependant, un plus grand poids de la bourgeoisie citoyenne. Cependant lâĂ©volution de la municipalitĂ© conduirait jusquâĂ une complĂšte aristocratisation des conseils municipaux au dĂ©but de XVIIIe siĂšcle ».
Les origines
Selon la tradition des Lignages de Soria, « ils sont si antiques qu'il n'existe rien d'aussi antique en Espagne ». Il existe des traces de leurs blasons déjà sous Alphonse VIII (1158-1214), donc dÚs le début de l'existence de l'Héraldique, née vers 1125.
Il n'est donc pas impossible qu'il s'agisse lĂ d'un reste de l'organisation antique de la citĂ©, qui comme toutes les villes Ă©tait composĂ©es de Curies groupant elles-mĂȘmes diverses gentes descendantes d'un ancĂȘtre commun par voie tant fĂ©minine que masculine, comme pour les phratries hellĂ©niques.
Pour d'autres, selon une légende épique, ils seraient issus de douze chevaliers compagnons du Cid.
D'aprĂšs d'autres travaux historiques rĂ©cents de MarĂa Asenjo GonzĂĄlez : « La prospĂ©ritĂ© de Soria Ă la fin du Moyen Ăge est trĂšs inĂ©galement partagĂ©e entre ses habitants. Elle renforce une tendance Ă une plus grande hiĂ©rarchisation sociale dont se faisait dĂ©jĂ Ă©cho le fuero concĂ©dĂ© par Alphonse X et lui donne un tour dĂ©finitif en consacrant au sein de la ville le primat dâune Ă©lite, les caballeros villanos, les âChevaliers Urbainsâ (les Douze Lignages), qui parviennent peu Ă peu Ă se dĂ©prendre du jeu contraignant des parentĂšles pour asseoir le pouvoir de leur groupe (p. 435). PassĂ© le milieu du XVe siĂšcle, ils sâimposent ainsi Ă la tĂȘte de la ville dont ils confisquent le gouvernement, dĂ©sormais confiĂ© chaque annĂ©e Ă 6 regidores, choisis en alternance dans les 12 lignages principaux et rĂ©forment mĂȘme lâespace quâils partagent en 12 cuadrillas, renfermant chacune plusieurs Ă©glises des anciennes collaciones dont la trace disparaĂźt progressivement dans un paysage urbain appelĂ© Ă se perpĂ©tuer tout au long de lâĂ©poque moderne (p. 587). »
Prérogatives des Douze Lignages
Les fonctions suivantes étaient réservées aux membres des Douze Lignages de Soria:
- les dix-huit mairies nobles.
- douze charges de regidor.
- trois représentants de la ville aux Cortes.
- le droit de porter la banniĂšre du Conseil de Soria.
- la jouissance exclusive du pacage de Valdosadero.
- la protection en campagne des personnes royales.
Les Douze lignages de Soria et les familles qui en font partie
- I Barnuevo:
Aceves/Acebes, Arista, Castellano, GarcĂa, JimĂ©nez, Lezcano, Lope, Medrano, Mendoza, Ortega, Ovando, Serna, Sotomayor, Trillo, VĂ©lez y Vera.
- II Calatañazor:
Ălvarez de Calatañazor, Araes, Contreras, Espinosa, Montenegro, Ribera, Sandoval, Tapia, Vallejo, y Villanueva.
- III et IV Chanciller I et Chanciller II (forment deux lignages):
Aguilera, AracĂłn, CĂĄceres, CalderĂłn, Carrillo, CastejĂłn, Flores, GarcĂ©s, GarcĂa, GonzĂĄlez, Granado/Granados, Herrera, JimĂ©nez, Ledesma, LĂłpez, Lucena, Miranda, Molina, Morales, RamĂrez, Rueda, Ruiz, San Clemente, Soria, Sotomayor, y Vera.
- V Don Vela:
Ăvilas, BeltrĂĄn, Berguilla/Verguilla, Caravantes, Cervantes, Chaves, Espinosa, GironĂ©s, Lara, Mendoza, Ontiveros, Rivera, Vela/Velas, VelĂĄzquez, VĂ©lez, Vera, y Zapata.
- VI et VII Morales forme deux Maisons: Somos et Hondoneros:
Aguirre, Albornoz, Arévalo, Camargo, Céspedes, Estancia, Guelgas, Moral, Naharros/Navarro, Salamanca, Salcedo, Setrén, Sevilla, Vera, Vergara, Zapata, y Zurita.
- VIII et IX Salvadores forme deux lignages et deux Maisons:
Barnuevo, Bravo de Lagunas, Cal, CerdĂĄ, Garanga, Garnica, Gayango, Laguna, Malo, Matamalo, Medrano, RĂo, RĂos, Salcedo, Sarabia, Solier/Soler, Soria, Torres, y Vera.
- X San Llorente:
Ălvarez de ChĂĄvaler, Amaya, Barnuevo, Barroso, Basurto, Brezero, CalderĂłn, Contreras, Dos Ramas, Gamboa, Hinojosa, Mariaca, MarrĂłn, Montes, Muñoz, Neyla, Oquina, PapiĂłn/PipaĂłn, Peñaranda, Perea, RodrĂguez de Villanueva, Roma, Villanueva, Zaldierna, y ZĂĄrate.
- XI Santa Cruz:
Espinosa, Pacheco, Rebolledo, y Vallejo
- XII Santisteban:
Ălvarez, Albiz/Alvis, Beteta, Eras, Esteban, EstĂ©vanez, Fuenmayor, GimĂ©nez/JimĂ©nez, GonzĂĄlez, Ăñiguez, Villanueva, y Vinuesa.
Bibliographie
- F. M. de las Heras Borrero, "La Asociacion de los Doce Linajes Troncales de Caballeros Hijosdalgos de Soria", dans Hidalguia, Madrid, 1983, pp. 165-176.
- François Schoonjans, "à propos des Douze Lignages de Soria. Essai analogique", dans, Les Lignages de Bruxelles, Bruxelles, 1983, n°95-96, pp.97 à 112.
- MarĂa Asenjo GonzĂĄlez, "Espacio y sociedad en la Soria medieval, siglos XIII-XV, Soria", Ediciones de la Excma, DiputaciĂłn Provincial de Soria, 1999.
- MERCHĂN FERNĂNDEZ, C.: Gobierno municipal y administraciĂłn local en la España del Antiguo RĂ©gimen, Madrid, 1988.
- DOMĂNGUEZ ORTIZ, A.: Las clases privilegiadas en el Antiguo RĂ©gimen, Madrid, 1973.
- RaĂșl MOLINA RECIO, Antonio J. MIALDEA BAENA et Juan A. GAVILĂN SĂNCHEZ, La ville en Europe 23-, UniversitĂ© Paris 13, campus de lâIUT de Saint-Denis, Les manifestations du pouvoir dans la ville: Cordoue, XVIe-XVIIIe siĂšcles
- Alain van Dievoet, "Lignages de Bruxelles et d'ailleurs", dans: Les lignages de Bruxelles. De brusselse geslachten, n° 166, Bruxelles, , pp. 363-371.
Notes
- Référence principale, avec abondante bibliographie: François Schoonjans, "à propos des Douze Lignages de Soria. Essai analogique", dans, Les Lignages de Bruxelles, Bruxelles, 1983, n°95-96, pp.97 à 112 et Alain van Dievoet, "Lignages de Bruxelles et d'ailleurs", dans: Les lignages de Bruxelles. De brusselse geslachten, n° 166, Bruxelles, juillet 2010, pp. 363-371.
Articles connexes
Liens externes
- Les lignages de Bruxelles, institution analogue. (Site de Muyser Lantwyck).
- Site officiel des LIGNAGES DE BRUXELLES
- Histoire des Douze Lignages de Soria
- Les douze Lignages de Soria et le Mythe du Roi Arthur et des Chevaliers de la Table Ronde
- Site des Douze Lignages de Soria