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Lieutenant-gouverneur au Canada

Au Canada, un lieutenant-gouverneur ou une lieutenante-gouverneure (anglais : lieutenant governor) est le représentant du monarque dans une province.

Les lieutenants-gouverneurs sont nommés par le gouverneur général du Canada sur l'avis du premier ministre. Ils restent généralement en fonction pendant cinq ans. Depuis un jugement du Comité judiciaire du Conseil privé, ils sont considérés représentants du monarque et non pas du gouvernement fédéral.

Dans les territoires, le poste Ă©quivalent est celui de commissaire.

Terminologie

Le féminin de lieutenant-gouverneur est lieutenante-gouverneure[1]. Si le terme s'écrit tout en minuscules, les deux noms prennent la majuscule pour qualifier la personne dans les formules d’appel et de salutation, précédées de l'adresse « Son Honneur l'honorable », notamment dans un courrier[2].

Le titre de courtoisie « Son Honneur » s’écrit avec deux majuscules et est réservé aux lieutenants-gouverneurs ou aux lieutenantes-gouverneures en cours de mandat[3], en plus du titre d’honorable qu’ils ou elles portent à vie. La combinaison Son Honneur l’honorable paraît redondante, mais s’explique par le fait que les deux titres sont sanctionnés de manière distincte[4].

Nomination

L'article 58 de la Loi constitutionnelle de 1867 prévoit :

« Il y aura, pour chaque province, un officier appelé lieutenant-gouverneur, lequel sera nommé par le gouverneur-général en conseil par instrument sous le grand sceau du Canada[5]. »

La Constitution prévoit que les lieutenants-gouverneurs restent en fonction au moins cinq années, à moins d'être révoqués avec l'accord des deux chambres du Parlement du Canada.

En application du principe du gouvernement responsable, le « gouverneur-général en conseil » signifie le gouvernement du Canada[6], généralement en consultation avec le premier ministre de la province concernée[7] - [8] - [9]. Les lieutenants-gouverneurs canadiens se différencient des gouverneurs des États australiens qui sont nommés directement par la reine sur conseil du gouvernement de l'État.

Contrairement au gouverneur général, qui fut pendant longtemps choisi parmi les pairs ou, du moins, les Britanniques, les lieutenants-gouverneurs sont depuis 1867 surtout des Canadiens ou des personnes résidant au Canada depuis longtemps, même si, jusqu'à la résolution Nickle en 1919, certains ont reçu des titres de chevalerie. La nomination au poste de lieutenant-gouverneur sert souvent à promouvoir des femmes ou des membres de minorités[10]. La première femme lieutenant-gouverneure a été Pauline Mills McGibbon en Ontario de 1974 à 1980.

Depuis 2012, le premier ministre est conseillé pour les nominations par un comité consultatif sur les nominations vice-royales[11].

En cas de vacance, le gouverneur général peut nommer un administrateur qui exerce les fonctions du lieutenant-gouverneur jusqu'à une nouvelle nomination permanente. L'administrateur est généralement un juge d'une cour supérieure.

Fonction

Nommé par le gouverneur général sur les conseils du premier ministre du Canada et rémunéré par le gouvernement fédéral, le lieutenant-gouverneur est néanmoins, selon les termes d'une décision rendue en 1892 par le Comité judiciaire du Conseil privé, « tout autant le représentant de Sa Majesté, pour les besoins du gouvernement provincial, que l'est le gouverneur général pour les besoins du gouvernement du Dominion ».

Le lieutenant-gouverneur est ainsi chargé d'ouvrir, proroger ou dissoudre l'assemblée législative provinciale, sanctionner les projets de loi, adopter les décrets et accorder l'approbation préalable aux projets de loi de finances. Le lieutenant-gouverneur est aussi chargé d'assermenter le premier ministre provincial.

La Loi constitutionnelle de 1867 accorde au lieutenant-gouverneur le droit de refuser de sanctionner un projet de loi ou, par le biais du pouvoir de désaveu et de réserve, de le soumettre à l'accord du gouvernement fédéral. Ce pouvoir, fréquemment utilisé au début de la Confédération, est aujourd'hui tombé en désuétude. Le dernier lieutenant-gouverneur à réserver un projet de loi était en Saskatchewan en 1961[12].

Liste

Notes et références

  1. Claude L. Desrosiers, greffier de l’Assemblée législative, Ministère des Services aux consommateurs et aux entreprises, Gazette de l’Ontario : Avis parlementaire—sanction royale, vol. 133, Toronto, Ontario, Imprimeur de la Reine pour l’Ontario (no 2), , 24 p. (ISSN 0030-2937, lire en ligne), p. 1 :
    « Au nom de Sa Majesté la Reine, Son Honneur le administrateur a accordé la sanction royale aux projets de loi suivants au bureau de la lieutenante-gouverneure »
  2. « lieutenant-gouverneur », sur la banque de données terminologiques et linguistiques du Canada, Gouvernement du Canada, (consulté le )
  3. Gouvernement du Canada, « Formules épistolaires : Les dignitaires provinciaux et territoriaux » (consulté le )
  4. « Banque de dépannage linguistique - Titres honorifiques », sur bdl.oqlf.gouv.qc.ca (consulté le )
  5. Loi constitutionnelle de 1867, art. 58 [lire en ligne (page consultée le 4 novembre 2012)].
  6. Brun, Tremblay et Brouillet 2008, p. 362.
  7. (en) John McCullough, « Interview with Lieutenant Governor Iona Campagnolo », (consulté le )
  8. Michael D. Jackson, « The Senior Realms of the Queen », Canadian Monarchist News, Toronto, Monarchist League of Canada, vol. Autumn 2009, no 30,‎ , p. 9
  9. [PDF] (en) John Aird, Loyalty in a changing world, Toronto, Queen's Printer for Ontario, (ISBN 0-7729-0213-5, lire en ligne), p. 2
  10. MacLeod 2008, p. 38
  11. « Comité consultatif sur les nominations vice-royales », sur pm.gc.ca
  12. « http://ualawccsprod.srv.ualberta.ca/ccs/index.php/pr/539-reservation-and-disallowance », sur ualawccsprod.srv.ualberta.ca

Bibliographie

  • Henri Brun, Guy Tremblay et EugĂ©nie Brouillet, Droit constitutionnel, Cowansville (QuĂ©bec), Éditions Yvon Blais, , 5e Ă©d., 1548 p. (OCLC 233522214).
  • (en) Kevin S. MacLeod, A Crown of Maples, Ottawa, Queen's Printer for Canada, (ISBN 978-0-662-46012-1, lire en ligne), p. 16

Articles connexes

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