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Lex Aternia Tarpeia

Les lex Aternia Tarpeia et lex Menenia Sestia sont deux lois votées entre 454 et 452 av. J.-C. qui concernent les conditions de condamnation d'un magistrat régulier à une amende (multa), les modalités de son acquittement et qui fixent une échelle des prix selon laquelle l'amende est évaluée.

Lex Aternia Tarpeia
Lex Menenia Sestia
Type Lois
Auteur(s) Spurius Tarpeius Montanus
Aulus Aternius Varus
Titus Menenius Lanatus
Publius Sestius Capitolinus
Année 454 et 452 av. J.-C.
Intitulé Lex de multis
Lex de aestumatione
Lex de multa et sacramento

Droit romain et lois romaines

Contexte

ProcĂšs de Titus Romilius et Caius Veturius

En 454 av. J.-C., les consuls sortants Titus Romilius et Caius Veturius sont poursuivis en justice pour une question financiĂšre[1] - [2]. En effet, les Ă©lus plĂ©bĂ©iens leur reprochent de ne pas avoir partagĂ© une part du butin (praeda) amassĂ© aprĂšs la campagne victorieuse menĂ©e contre les Èques dans les environs de Tusculum[3]. Les consuls ont prĂ©fĂ©rĂ© vendre l'intĂ©gralitĂ© du butin et reverser les dividendes au trĂ©sor public quasiment Ă©puisĂ©[3]. Les plĂ©bĂ©iens, qui doivent considĂ©rer le partage du butin comme un dĂ», font condamner les consuls Ă  de lourdes amendes, d'une valeur Ă©quivalente Ă  15 000 as pour Caius Veturius et Ă  10 000 as pour Titus Romilius[a 1] - [a 2].

Le problĂšme de la multa

Ces amendes (multae), versĂ©es au trĂ©sor public[4], posent plusieurs problĂšmes pratiques dont les solutions vont ĂȘtre apportĂ©es par la remise en vigueur et l'adaptation d'anciennes lois[4]. Il s'agit de dĂ©finir les raisons pour lesquelles il est possible de condamner un magistrat rĂ©gulier Ă  une amende et les conditions pour l'acquitter. Il faut Ă©galement fixer une rĂšgle d'Ă©quivalence entre la valeur des lingots de bronze et le montant en tĂȘtes de bĂ©tail utilisĂ© pour l'amende[5]. En effet, depuis la chute de la Monarchie, les Romains n'utilisent plus de monnaie et les terres et le bĂ©tail sont devenus des valeurs d'Ă©change fixes[6] - [7].

Lois sur l'estimation des amendes

Lex Aternia Tarpeia

C'est vraisemblablement pour résoudre ce problÚme qu'ont été nommés Aulus Aternius et Spurius Tarpeius. Signalés comme consuls par les auteurs antiques et sur les Fastes[8], il se pourrait qu'il s'agisse en fait de membres d'une commission spéciale de duumviri ou de iudices chargés d'appliquer la rÚgle d'estimation des amendes. Les noms donnés, Aternius et Tarpeius, sont peu usités et semble renvoyer à des familles plébéiennes. L'élection de deux magistrats plébéiens dans le contexte politique du milieu du Ve siÚcle av. J.-C. paraßt peu vraisemblable[9]. Ces deux noms pourraient en fait se rapporter non pas aux magistrats qui demeurent inconnus, mais à d'anciennes lois qui auraient été remises en vigueur à cette occasion[1]. La commission spéciale aurait alors été baptisée legibus Tarpeis Aterniis scribendis[10].

La promulgation de cette loi n’est rapportĂ©e ni par Tite-Live ni par Denys d'Halicarnasse, mais elle est Ă©voquĂ©e sous le nom de lex Tarpeia ou lex Aternia (rarement les deux noms accolĂ©s) par CicĂ©ron[a 3] et commentĂ©e par Aulu-Gelle. D'aprĂšs ce dernier, Ă  l'Ă©poque, les amendes sont rĂ©glĂ©es en tĂȘtes de bĂ©tail (pecunia), avec un montant maximum (multa suprema) de deux ovins et de trente bovins par jour, et un minimum d'un ovin. Selon l'auteur antique, la qualitĂ© des bĂȘtes n’étant pas homogĂšne, cela crĂ©e des inĂ©galitĂ©s lors des versements des amendes. La nouvelle loi aurait alors eu pour objectif de corriger ce dĂ©faut en dĂ©finissant un barĂšme d'Ă©quivalence, de dix as pour un ovin et de cent as pour un bovin[a 4].

Lex Menenia Sestia

La lex Menenia Sestia serait une deuxiÚme loi portant sur l'estimation des amendes, votée sous le consulat de Titus Menenius et de Publius Sestius[11]. Néanmoins, il est peu probable que deux lois, au contenu si proche, aient été promulguées à deux années d'intervalle. Il pourrait s'agir d'un doublet, les deux lois n'en représentant en fait qu'une seule[12], ou bien la lex Menenia Sestia est bien une loi distincte, mais qui viendrait consacrer la lex Aternia Tarpeia rédigée en 454 av. J.-C.[4]

Notes et références

  • Sources modernes :
  1. Gagé 1978, p. 77.
  2. Broughton 1951, p. 43.
  3. Gagé 1978, p. 78.
  4. Gagé 1978, p. 79.
  5. Gagé 1978, p. 71.
  6. Gagé 1978, p. 72.
  7. Bayet et Baillet 1943, p. 117.
  8. Broughton 1951, p. 42.
  9. Gagé 1978, p. 76.
  10. Gagé 1978, p. 290.
  11. Broughton 1951, p. 44.
  12. Gagé 1978, p. 75.
  • Sources antiques :
  1. Tite-Live, Histoire romaine, III, 31
  2. Denys d'Halicarnasse, Antiquités romaines, X, 48
  3. Cicéron, De la République, II, 60
  4. Aulu-Gelle, Nuits attiques, XI, 1

Bibliographie

  • Jean GagĂ©, « La Lex Aternia : L'estimation des amendes (multae) et le fonctionnement de la commission dĂ©cemvirale de 451-449 av. J.-C. », L'antiquitĂ© classique, vol. 47, no 1,‎ , p. 70-95 (lire en ligne)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean GagĂ©, « La rogatio Terentilia et le problĂšme des cadres militaires plĂ©bĂ©iens dans la premiĂšre moitiĂ© du Ve siĂšcle av. J.-C. », Revue historique, Presses Universitaires de France, vol. 260,‎ , p. 289-311Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (en) T. Robert S. Broughton, The Magistrates of the Roman Republic : Volume I, 509 B.C. - 100 B.C., New York, The American Philological Association, coll. « Philological Monographs, number XV, volume I », , 578 p.Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Jean Bayet et Gaston Baillet, Tite-Live, Histoire romaine : Tome III, Livre III, Les Belles Lettres, coll. « Collection des universitĂ©s de France SĂ©rie latine », , 276 p. (ISBN 978-2-251-01283-4)Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • (it) N.F. Parise, « Dal bue al bronzo : la misura del valore a Roma prima della moneta », Studi Romani, vol. 39,‎ , p. 92-94
  • (it) A.D. Manfredini, « Tre leggi nel quadro della crisi del V secondo », Labeo, vol. 22,‎ , p. 198-231

Lien externe

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