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Les Huit Jardins du paradis

Les Huit Jardins du paradis (en persan: هشت بهشت (hasht behecht)) est un poème épique du genre dâstân fort célèbre d'Amir Khousrow (1253-1325). Composé vers 1302, il fait partie de son Khamseh. Le poème est basé sur le Haft Paykar (Les Sept Beautés) de Nizami, écrit vers 1197, lui-même inspiré de récits épiques du Livre des rois de Firdoussi datant de 1010 environ. De même que le Haft Paykar de Nizami, Les Huit Jardins du paradis traite d'une légende mettant en scène Vahram V Gour, le tout étant traité dans le style des Mille et Une Nuits, avec des récits populaires racontés par sept princesses. Khousrow apparaît comme le premier écrivain à avoir ajouté le récit des Trois Princes de Serendip, ainsi que l'histoire du vol du chameau.

Vahram Gour Ă  la chasse (British Museum)
Vahram Gour écoute Dilaram charmer les animaux (Bibliothèque d'État du Victoria)

Les huit paradis, qui se conforment à l'idée islamique du paradis avec huit portes et huit jardins, sont chacun ornés d'une pierre précieuse ou d'une matière spécifique[1]. Sept des huit paradis sont des pavillons construits pour permettre à Vahram d'écouter les histoires qui lui sont contées. Cette conception est reliée aussi à l'architecture persane avec par exemple différents Hasht Behecht, qui sont des jardins comportant un plan de huit sections figurant les différents espaces du paradis[1].

C'est aussi le nom du palais Hacht-Behecht Ă  Ispahan en Iran.

Le récit

Le récit débute avec l'histoire de Vahram et de Dilaram.

Plus tard, Vahram dispose à l'intérieur du parc de son palais de sept pavillons à dôme construits de différentes couleurs. Une princesse l'attend à l'intérieur de chacun de ces pavillons et Vahram Gour en visite un chaque jour de la semaine et écoute chaque princesse lui raconter une histoire[2]:

  • Samedi – le Pavillon Noir – la princesse indienne (le rĂ©cit des Trois princes de Serendip) : vĂŞtu de noir, Vahram se rend au Pavillon Noir oĂą se trouve la princesse indienne ; il est aiguillonĂ© par l'amour et lĂ©gèrement grisĂ© par le vin qui lui a Ă©tĂ© versĂ© et Ă©coute le rĂ©cit de la princesse avant de s'endormir. Les trois fils d'un puissant roi sont envoyĂ©s par leur père dans un lointain voyage. Ils rencontrent en chemin un Arabe qui a perdu son chameau. Les princes, qui ont remarquĂ© les traces de l'animal, le dĂ©crivent Ă  son propriĂ©taire ; mais sans qu'ils aient le temps de comprendre quoi que ce soit, l'Arabe les prend pour les voleurs de son chameau et les traĂ®ne en justice. Par ordre du roi de la ville, ils sont jetĂ©s en prison ; cependant le chameau est entretemps retrouvĂ© et les princes sont libĂ©rĂ©s. Le sultan, Ă©tonnĂ© de la sagesse de ces princes Ă©trangers, les invite Ă  sa table, puis les laisse seuls. Ils conversent alors entre eux et racontent que le vin qu'ils boivent est fait de sang humain, que l'agneau qu'ils mangent a Ă©tĂ© nourri par un chien et que le sultan n'est que le fils d'un simple cuisinier. Le sultan qui avait Ă©coutĂ© leur conversation est pris de colère et fait interroger le vigneron et le berger. Le premier confirme que sa vigne pousse sur un ancien cimetière et le second qu'un loup a attaquĂ© la brebis, si bien que son agnelet a dĂ» ĂŞtre nourri par une chienne ordinaire. Ensuite le sultan parvient Ă  trouver sa mère qui lui avoue qu'elle a bien Ă©tĂ© enceinte du cuisinier du palais. ÉbranlĂ©, le sultan offre des prĂ©sents aux trois frères, si pleins de sagesse, et les rend Ă  leur père.
  • Dimanche – le Pavillon Jaune – la princesse du Nimrouz: Vahram se rend chez la princesse du Sistân avec de beaux vĂŞtements de couleur safran ; elle lui raconte l'histoire de l'orfèvre Hassan, originaire du Khorassan (il s'agit donc d'un sujet de la partie orientale de l'Empire ; l'histoire rappelle un des chapitres du « Conte du perroquet », fameux rĂ©cit persan). L'orfèvre a reçu la commande du roi de ciseler un grand Ă©lĂ©phant en or. Hassan mène sa tâche Ă  bien, mais garde pour lui une partie de l'or, l'intĂ©rieur de l'Ă©lĂ©phant Ă©tant fait simplement de fer. L'un des voisins envieux d'Hassan persuade sa femme d'aller demander Ă  la femme d'Hassan combien pèse cet Ă©norme Ă©lĂ©phant d'or. La femme bavarde rĂ©vèle Ă  la femme du voisin envieux que l'Ă©lĂ©phant doit ĂŞtre chargĂ© sur un bateau et qu'il ne sera pas difficile de noter la diffĂ©rence de profondeur d'immersion que la charge aura fait subir au navire et que l'on pourra la mesurer ensuite avec des balances pleines de gravats. Entretemps le sultan apprend qu'il a Ă©tĂ© trompĂ© par Hassan et le fait emprisonner dans une tour. Sa femme parvient Ă  faire sortir Hassan de sa prison grâce Ă  une corde que l'orfèvre malin noue Ă  un crochet, tandis que sa femme est accrochĂ©e Ă  l'autre extrĂ©mitĂ©. Elle monte ainsi dans la tour et Hassan descend. Finalement la femme bavarde se trouve enfermĂ©e dans la tour car la corde est lâchĂ©e pour la punir de ses bavardages. AmusĂ© par la rouerie de l'orfèvre, le sultan lui pardonne et le prend Ă  son service..
  • Lundi – le Pavillon Vert – la princesse slave
  • Mardi – le Pavillon Rouge – la princesse tatare
  • Mercredi - le Pavillon Violet – la princesse de Byzance (Rome)
  • Jeudi – le Pavillon Brun – la princesse arabe
  • Vendredi – le Pavillon Blanc – la princesse du Khwarezm

Manuscrits

Le Hacht Behecht, et l'ensemble du Khamseh, ont toujours été extrêmement populaires, même des siècles après la mort du poète, aussi bien aux Indes que dans l'Empire ottoman et l'espace persophone, et il donne lieu à de nombreux manuscrits illustrés et à quantité de miniatures[3].

Le manuscrit du Walters Art Museum (W.623)

Ce manuscrit enluminé est une partie d'un Khamseh datant de 1609 sous le règne des Safavides. tous les textes sont écrits en noir en nastalik avec des têtes de chapitres en rouge[4]

  • Vahram Gour reconnaĂ®t Dilaram par la musique qu'elle joue pour enchanter les animaux
    Vahram Gour reconnaît Dilaram par la musique qu'elle joue pour enchanter les animaux
  • Vahram Gour au Pavillon Rouge
    Vahram Gour au Pavillon Rouge
  • Vahram Gour au Pavillon Brun
    Vahram Gour au Pavillon Brun

Le manuscrit du Walters Art Museum (W.624)

Ce poème a sans doute été enluminé à Lahore à la fin du XVIe siècle sous le patronage d'Akbar (dates de règne: 1556-1605)[5] - [6]

Il est rédigé en nastalik par l'un des plus grands calligraphes de l'époque moghole, Mohammad Husseïn al-Kachmiri, honoré de l'épithète Zarrin Qalam (pinceau d'or). Les noms de plusieurs peintres y figurent: Lal, Manouhar, Sanwalah, Farroukh, Aliquli, Dharamdas, Narsing, Djagannath, Miskina, Moukound, et Sourdas Goudjarati. Les noms des enlumineurs sont Husseïn Nakkach, Mansour Nakkach, Khvadjah Djan Chirazi, et Lotfallah Mouzahhib

  • Les princesses des sept pavillons s'inclinent devant Vahram Gour.
    Les princesses des sept pavillons s'inclinent devant Vahram Gour.
  • Histoire du Pavillon Jaune: Hassan l'orfèvre sort de la tour alors que sa femme va y ĂŞtre emprisonnĂ©e.
    Histoire du Pavillon Jaune: Hassan l'orfèvre sort de la tour alors que sa femme va y être emprisonnée.
  • Histoire du Pavillon Bleu, Metropolitan Museum of Art
    Histoire du Pavillon Bleu, Metropolitan Museum of Art[7]
  • Vahram Gour rend visite Ă  la princesse arabe du Pavillon Brun
    Vahram Gour rend visite Ă  la princesse arabe du Pavillon Brun
  • Histoire de la princesse du Pavillon Blanc.
    Histoire de la princesse du Pavillon Blanc.

Lien interne

Notes et références

Vahram Gour à la chasse, manuscrit du musée d'art islamique de Berlin (vers 1420) de la main de Mahmoud al-Hossein.
  1. « Encyclopaedia Iranica entry on Hast Behest », Iranicaonline.org (consulté le )
  2. (en) Barbara Brend, Perspectives on Persian painting : illustrations to Amir Khusrau's Khamsah, New York, Routledge, , 25–34 p. (ISBN 978-0-7007-1467-4, lire en ligne)
  3. (en) Alyssa Gabbay, Islamic tolerance : Amir Khusraw and pluralism, Londres, Routledge, , 1. publ. Ă©d., 133 p. (ISBN 978-0-415-77913-5), p. 43
  4. « Walters Art Museum Ms. W.623 on », Flickr.com (consulté le )
  5. « The Walters Art Museum set for the manuscript on », Flickr.com (consulté le )
  6. « Description page at », Thedigitalwalters.org (consulté le )
  7. The image page at metmuseum.org

Source

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