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Les Dix Mille Soleils

Les Dix Mille Soleils (Tízezer nap) est un film hongrois réalisé par Ferenc Kósa, sorti en 1967.

Synopsis

La vie dans les campagnes hongroises depuis l'avant-guerre et la période de la régence de Miklós Horthy jusqu'aux temps des remises en question de l'idéologie communiste d'après 1956. Le titre se réfère à la longueur de cette période d'une trentaine d'années, alors à peu près de « Dix mille jours ».

Fiche technique

Distribution

RĂ©compenses

Commentaire

  • Dix mille soleils, première rĂ©alisation de Ferenc KĂłsa, fut prĂ©parĂ© et conçu dans le cadre du Studio BĂ©la Balázs. « Tout l'ensemble des membres du Studio s'est mis Ă  recueillir pour ce film la documentation nĂ©cessaire. Nous n'avons esquissĂ© son thème que dans les grandes lignes : il s'agissait de dresser une sorte de bilan de ces trente dernières annĂ©es Ă  travers l'histoire d'un jeune homme d'origine paysanne, ou plus exactement de celle de sa famille. (...) Nous avons donc tentĂ©, pour faire ce film, d'appliquer une mĂ©thode qui peut ĂŞtre comparĂ©e Ă  celle que BĂ©la BartĂłk et Zoltán Kodály avaient utilisĂ©e pour recueillir le folklore musical », explique Ferenc KĂłsa (entretien avec István Zsogán publiĂ© par Hungarofilm). Le scĂ©nario dĂ©finitif est mis en forme par KĂłsa, Imre Gyöngyössy et le poète Sándor CsoĂłri. Il fonctionne sur l'Ă©vocation parallèle de deux paysans, SzĂ©les et BánĂł, suivis durant trente ans (dix mille jours, dix mille soleils), depuis les annĂ©es oĂą il fallait se vendre sur le "marchĂ© aux hommes" pour trouver du travail, jusqu'Ă  1956, en passant par les annĂ©es de guerre et la collectivisation des terres. « Le sujet est parent de celui de Vingt heures de Zoltán Fábri (...) mais le traitement est diffĂ©rent. Fábri avait fait un film en forme de dossier pĂ©dagogique, KĂłsa avance en poète, il dit le chant profond de la terre hongroise (...). Il n'est pas rĂ©aliste. Comme Aleksandr Dovjenko, il est un ton au-dessus de la rĂ©alitĂ©, il travaille dans le marbre, dans le haut-relief. (...) Dix mille soleils est le monument Ă©mu mais quand mĂŞme monument - qu'une gĂ©nĂ©ration Ă©lève Ă  la mĂ©moire de celle qui l'a prĂ©cĂ©dĂ©e. C'est un film collectif, que KĂłsa a dirigĂ© comme un chef d'orchestre inspirĂ©, en faisant la part belle au premier violon, le chef opĂ©rateur Sándor Sára », estime Jean-Pierre Jeancolas (in: CinĂ©ma hongrois 1963-1988, Éditions du CNRS)
  • Un autre point de vue enrichissant Ă©mane d'un article de Jean A. Gili consacrĂ© au film de Ferenc KĂłsa : « Les Dix Mille Soleils est sans doute une des Ĺ“uvres qui analysent le mieux les mutations et les constantes de l'âme humaine dans une pĂ©riode de bouleversements politiques », constate-t-il. Puis, il Ă©met cette rĂ©flexion : « L'attitude de Ferenc KĂłsa, comme celle de la plupart des rĂ©alisateurs hongrois, ne consiste d'ailleurs pas Ă  envisager le passĂ© sous un angle figĂ© mais au contraire Ă  le mettre en scène au prĂ©sent. (...) L'interrogation inquiète que pose le cinĂ©ma hongrois, son retour sur le passĂ© d'un peuple meurtri, montre en clair la volontĂ© de dĂ©finir un avenir qui soit d'abord exploration et affirmation d'un passĂ© douloureux, comme si les illusions perdues allaient renforcer le courage des survivants et exalter, coĂ»te que coĂ»te, le goĂ»t de la vie et du renouveau. (...) »
  • « Pour Ă©tudier un film prĂ©cis », poursuit Jean A. Gili, « Les Dix Mille Soleils (...) donne une illustration (...) des thèmes de la guerre, du travail, de la terre et de la patience paysanne, du nĂ©cessaire respect de l'homme et de la rĂ©volution difficile, tels qu'ils sont ressentis par le mental collectif d'un peuple attachĂ© Ă  ses traditions et en mĂŞme temps ouvert aux changements (...) Dans Les Dix Mille Soleils transparaĂ®t d'abord le sentiment de la terre et ses corollaires, le sens du travail bien fait, le courage et la patience du paysan ; (...) » mais Ă©galement ce « sentiment si profond dans la paysannerie qu'est la haine de la guerre (...) Cette volontĂ© de paix aide Ă  comprendre l'attitude Ă  l'Ă©gard de la rĂ©volution, que l'on ne remet pas en cause mais dont l'idĂ©e est trop souvent liĂ©e Ă  celle des deuils et des ruines », que dĂ©crivent, Ă  leur façon, les rĂ©alisations d'un MiklĂłs JancsĂł, par exemple. Et puis surtout, ce qui s'impose « c'est la volontĂ© de faire une rĂ©volution qui ne soit pas d'abord une atteinte Ă  la dignitĂ© humaine, comme le dit István SzĂ©les Ă  BánĂł : "Tu m'avais pourtant dit, que, dans ce rĂ©gime, ce ne seraient plus les choses ou les objets, mais les hommes qui compteraient." (...) » (Jean A. Gili, Ă€ propos de Les Dix Mille Soleils, note sur la psychologie collective hongroise, in : Études cinĂ©matographiques, no 73/77, nov. 1969)
  • Michel Delahaye, dans un ensemble de notes prises sur ce qu'il appelle "l'insaisissable cinĂ©ma hongrois" (in : Cahiers du cinĂ©ma, no 210, ) a pour sa part dĂ©crit le film comme : « (l')illustre prototype de cette tendance qui revient Ă  aurĂ©oler l'Histoire des blandices de "l'Art" - Ă  moins qu'il ne s'agisse de justifier "l'Art" par la caution de l'Histoire. NĹ“ud de tous les heurts et malheurs de la Hongrie (du partage des terres Ă  la rĂ©volution de 56), le film est aussi le nĹ“ud de toutes les ruses et complaisances qui aboutissent Ă  la trahison de tout ce dont il devait ĂŞtre question. Le plus drĂ´le, c'est que ce sentiment de faussetĂ© qu'on Ă©prouve se trouverait Ă©trangement sur-dĂ©terminĂ© par un fait prĂ©cis : Ă  savoir que le scĂ©nario aurait Ă©tĂ© revu et corrigĂ© par les autoritĂ©s en place (...) qui voulaient s'assurer de son conformisme. Mais (les choses en Hongrie Ă©tant fort compliquĂ©es) cela n'empĂŞcha nullement le film d'avoir certains ennuis, pour un certain nombre de raisons qui ne firent qu'augmenter son crĂ©dit (...) »

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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