Les Deus Amanz
Les Deux Amants est un lai breton écrit par Marie de France dans le cours du XIIe siècle. C'est le sixième du recueil des Lais de Marie de France.
Auteur | |
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Date de publication |
XIIe siècle |
Types |
Résumé
L'histoire se situe en Normandie et plus précisément sur la côte des Deux-Amants, dont le lai retrace l'origine mythique du nom apporté à ce lieu.
Le roi du Val de Pîtres a une fille très belle et très courtoise, qu'il aime profondément. Lorsqu'on lui enjoint de marier sa fille, il décide de soumettre les prétendants à une épreuve : seul celui qui arrivera à porter sa fille hors de la ville jusqu'au sommet du mont sans se reposer pourra l'épouser. Les prétendants affluent mais échouent tous, si bien que plus personne ne demande sa main. Un jeune homme tombe amoureux de la fille, et leur amour devient réciproque ; mais le jeune homme est bien trop frêle pour réussir l'épreuve. La fille refuse néanmoins de partir avec lui loin de son père. Elle demande à une parente habitant la ville italienne de Salerne[1] de lui préparer un philtre pour donner la vigueur nécessaire au jeune homme. Ce dernier emporte la jeune fille et gravit rapidement la pente. Emporté par son élan et son amour, il se sent le cœur plein de vigueur et refuse de prendre la potion. Il arrive au sommet sans se reposer, mais y meurt d'épuisement. La jeune fille jette la potion, qui tombe se disperse alors sur la contrée, qui devient fertile ; puis la jeune fille meurt de chagrin aux côtés de son amant. Les deux amants sont enterrés au sommet du mont, ce qui donne son nom à la côte des Deux-Amants.
Analyse
Les Deus Amanz est le seul lai dont l'action n'est pas situé en Bretagne ou en Grande-Bretagne, mais en Normandie. Pitres est une commune située dans l'Eure au confluent de la Seine et de l'Andelle. La côte des Deux-Amants est en face de ce confluent[2]. Bernard Sergent fait l'hypothèse, à partir des mentions géographiques de ce lai, que Marie de France est Marie de Beaumont et habitait près de Pitres[3].
Marie de France attribue deux fois (v.5 et 254) la création du lai des Deus Amanz aux Bretons. Ce lai est également cité dans deux autres textes médiévaux, Guiron le Courtois (v.1235) et Jaufré (v.4460), ce qui tend selon Jeanne Wathelet-Willem à montrer l'existence de plusieurs lais lus ou chantés en cour par des jongleurs, probablement à la cour d'Aliénor d'Aquitaine[4].
Bibliographie
- Éditions
- Lais de Marie de France, transposés en français moderne par Paul Truffau, Paris, L'Edition de l'Art,
- Lais de Marie de France, Paris, Honoré Champion, édition de Jean Rychner, .
- Lais, Paris, Garnier Flammarion, Ă©dition de Laurence Harf-Lancner, .
- Lais, Paris, Ă©dition de Philippe Walter, Gallimard, , p. 93-111. .
- Lais de Marie de France, Paris, édition de Françoise Morvan, Actes Sud, coll. Babel,
- Lais, Paris, Ă©dition de Nathalie Koble et Mireille SĂ©guy, Champion Classiques, , p. 241-265.
- Philippe Walter (dir. et édition critique) (édition bilingue), Lais du Moyen Âge, Paris, Gallimard, coll. « Pléiade », , p. 140-153.
- Ouvrages
- Emil Schiött, L'Amour et les amoureux dans les lais de Marie de France, Lund, Thèse, (Lire en ligne).
- Edgard Sienaard, Les lais de Marie de France : du conte merveilleux à la nouvelle psychologique, Genève, Champion, .
- P. Menard, Les lais de Marie de France, contes d’amours et d’aventures du Moyen Âge, Paris, Littératures Modernes, .
- Laurence Harf-Lancner, Les fées au Moyen Âge, Paris, Champion,
- G. S. Burgess, The Lais of Marie de France. Text and context, Manchester,
- Bernard Sergent, L'origine celtique des Lais de Marie de France, Genève, Droz, . [5].
- Articles
- Joseph Bédier, « Les Lais de Marie de France », Revue des Deux Mondes, no 107,‎ , p. 835-863.
- Lucien Foulet, « Marie de France et les lais Bretons », ZRPh, no 29,‎ , p. 19-56 et 293-322.
- Ernest Hoepffner, « La tradition manuscrite des lais de Marie de France », Neophilologus, no 12,‎ , p. 1-10 et 85-96.
- Leo Spitzer, « Marie de France Dichterin von Problemmärchen », Zeitschrift für romanische Philologie, no 50,‎ , p. 29-67.
- Ernest Hoepffner, « La géographie et l'histoire dans les Lais de Marie de France », Romania, no 56,‎ , p. 1-32. (Lien web).
- Ernest Hoepffner, « Pour la chronologie des Lais de Marie de France », Romania, no 59,‎ , p. 351-370.
- H. Ferguson, « Folklore in the Lais of Marie de France », Romanic Review, no 57,‎ , p. 3-24.
- R.N.Illingworth, « La chronologie des lais de Marie de France », Romania, no 87,‎ , p. 433-475.
- Jean Frappier, « Une Édition nouvelle des Lais de Marie de France », Romance Philology, no XXII,‎
- Jeanne Wathelet-Willem, « Un lai de Marie de France : Les Deux amants », Mélanges offerts à Rita Lejeune, Gembloux, no 2,‎ , p. 1143-1157.
- J. Flori, « Seigneurie, noblesse et chevalerie dans les lais de Marie de France », Romania, no 108,‎ , p. 183-206.
- D. M. Faust, « Women Narrators in the Lais of Marie de France », Women in French Litterature, Saragora,‎ , p. 17-27.
Références
- Dans cette ville se trouve une école de médecine célèbre depuis le IXe siècle. La frontière entre médecine et magie était encore floue. Le mot "phisike" employé par la poétesse désignait autrefois la guérison par magie dans la langue populaire en Bretagne. La parente confectionne un électuaire, terme désignant une préparation médicale, encore utilisée au XXe siècle, notamment par les vétérinaires. Marie de France, Lais, traduit, présenté et annoté par Françoise Morvan, 2008, Actes Sud.
- Sergent 2014, p. 193
- Sergent 2014, p. 194-200.
- Wathelet-Willem, p. 1146.
- White-Le Goff, Myriam, « Bernard Sergent, L’origine celtique des Lais de Marie de France », Cahiers de recherches médiévales et humanistes. Journal of medieval and humanistic studies,‎ (ISSN 2115-6360, lire en ligne, consulté le ).