Leo Ornstein
Leo Ornstein (né Лев Орнштейн, Lev Ornchteïn) vers le à Krementchouk, Ukraine, dans l'Empire russe, et mort le à Green Bay, État du Wisconsin, aux États-Unis, à l'âge de cent huit ans, est un pianiste et compositeur de musique moderne américain d'origine ukrainienne et juive.
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Il est connu pour ses œuvres d'avant-garde dans lesquels il utilise de façon récurrente le cluster, mais aussi pour des compositions plus mélodiques utilisant des thèmes et des rythmes directement inspirés de la musique juive d'Europe orientale.
Jeunesse
Ornstein est né dans la ville de Kremenchuk, dans la province ukrainienne de Poltava. Il a grandi dans un environnement musical : son père était un hazzan (chantre juif) et un oncle violoniste l’encouragea à faire des études musicales. Ornstein a été reconnu très tôt comme un prodige du piano ; en 1902, le célèbre pianiste polonais Josef Hofmann, de passage à Kremenchuk, assiste à un récital du garçon alors âgé de neuf ans. Impressionné, Hofmann lui donne une lettre de recommandation pour le conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il y est auditionné et accepté alors qu’il n’a que neuf ans. Là, il étudie la composition avec Alexandre Glazounov et le piano avec Anna Yesipova. À l'âge de onze ans, Ornstein gagne sa vie en accompagnant des chanteurs d'opéra en répétition.
Pour échapper aux pogroms, la famille décide d’émigrer aux États-Unis. Le , quatre-vingt-seize ans avant sa mort, Ornstein débarque à New York. La famille s’y installe et le jeune garçon est inscrit à l'Institute of Musical Art, l’institution qui devint plus tard la Juilliard School, où il étudie le piano avec Bertha Feiring Tapper. En 1911, il fait des débuts publics bien accueillis à New York avec des œuvres de Bach, Beethoven, Chopin et Schumann. Deux ans plus tard il enregistre des œuvres de Chopin, Grieg et Poldini.
La renommée et le "futurisme"
Tout en entamant une prometteuse carrière de concertiste, Ornstein commence à composer des œuvres avant-gardistes. Lui-même était perturbé par la plus ancienne de ces compositions : « Au début, je doutais vraiment de ma santé mentale »[1] Lors d’un récital donné en à Londres, il joue, après trois préludes de Bach arrangés par Busoni, plusieurs pièces de Schönberg, et, pour la première fois, quelques-unes de ses propres compositions. Le concert provoque une grande agitation. Un journal décrit le travail d'Ornstein comme « la somme de Schönberg et de Scriabine au carré ». Dans un autre on lit : « Nous n'avons jamais souffert d'une hideur aussi insupportable, exprimée par de la prétendue “musique”. »
Le concert suivant provoque une quasi-émeute : « Lors de mon deuxième concert consacré à mes propres compositions, j'aurais pu jouer n’importe quoi, je n’entendais pas le piano moi-même. La foule sifflait et hurlait, et jetait des objets sur la scène. » Cependant, le Musical Standard parla de lui comme « l’un des compositeurs les plus remarquables de l’époque ... [doté de] ce germe de réalisme et d’humanité révélateur du génie. » Dès l’année suivante, il devient une des vedettes de la scène musicale américaine avec ses interprétations d’œuvres d’avant-garde de Schönberg, de Scriabine, de Bartók, de Debussy, de Kodály, de Ravel et de Stravinsky (dont nombre des premières américaines de ce dernier), ainsi que de ses propres compositions, en général encore plus radicales. Il joue devant des salles combles, avec souvent plus de deux mille spectateurs.
Avec ses pièces pour piano seul comme Wild Men's Dance[2] (Danse Sauvage) et Impressions of the Thames Ornstein a été le pionnier de l'utilisation de ces groupes de sons voisins formant des grappes sonores, les clusters. Pour le musicologue Gordon Rumson, Wild Men Dance est « une œuvre véhémente, au rythme indiscipliné, composée de groupes d'accords denses (...) et d'accents brutaux. Des rythmes complexes et de gigantesques accords fracassants parcourent toute la gamme du piano. Une composition réservée à un grand virtuose capable de l'imprégner d'une énergie brûlante et féroce. »
Sa sonate pour violon et piano composée en 1915 va encore plus loin : « Je dirais que [la sonate] a amené la musique à l'extrême pointe. (...) Au-delà se trouve un chaos complet. »
En 1918, Ornstein, dont le compositeur suisse Ernest Bloch déclara qu’il était « l'unique compositeur américain qui affiche des signes positifs de génie »[24] était suffisamment connu pour qu'une biographie complète de lui fût publiée. [25]
Cependant, même à l'apogée de sa notoriété ultra-moderniste, il compose également plusieurs œuvres lyriques et tonales, telles que la Première sonate pour violoncelle et piano, « écrite en moins d'une semaine sous l’effet d’une pulsion à laquelle il était impossible de résister » a déclaré Ornstein plus tard.
Transition dans les années 1920
Ornstein, épuisé, abandonne sa carrière de concertiste au début des années 1920, au moment où le modernisme européen apparaît sur la scène musicale américaine. Ornstein reste en marge avec des compositions plus expressives qui, au contraire, reprennent le chemin de la tonalité, avec des mélodies souvent inspirées de la musique populaire juive d’Europe orientale, souvent juxtaposés à des passages atonaux.
Ceux qu'il avait inspirés le rejetaient maintenant, avec autant de véhémence que les critiques qu'il avait choqués une décennie plus tôt. Lorsque la tête d’affiche du modernisme radical qu’il fut tout au long des années 1910 abandonna ce style pour une musique plus expressive, les ultramodernes réagirent comme des amoureux abandonnés.
Ayant abandonné la scène de concert, Ornstein signe un contrat d'exclusivité avec le fabricant de pianos mécaniques Ampico et enregistre plus de deux douzaines de rouleaux pour pianos pneumatiques, principalement du répertoire classique. Deux rouleaux contenaient de ses propres compositions, mais Ornstein n'a jamais enregistré, sous quelque forme que ce soit, une seule de ses œuvres futuristes qui l'avaient rendu célèbre.
Au milieu des années 1920, Ornstein quitte New York pour occuper un poste d'enseignant à la Philadelphia Musical Academy. Durant cette période, il écrit certaines de ses œuvres les plus importantes, notamment le Concerto pour piano, commandé par l'Orchestre de Philadelphie en 1925. Deux ans plus tard, il produit son Quintette pour piano. Œuvre tonale épique marquée par une utilisation aventureuse de la dissonance et d'arrangements rythmiques complexes, ce quintette est reconnue comme un chef-d'œuvre du genre.
Apaisement
Au début des années 1930, Ornstein donne son dernier récital. Puis il fonde à Philadelphie, avec son épouse Pauline Cosio Mallet-Prévost (1892-1985), également pianiste, l'Ornstein School of Music. Parmi les étudiants, John Coltrane et Jimmy Smith poursuivront des carrières majeures dans le jazz. Les Ornstein ont dirigé cette école et y ont enseigné jusqu'à leur retraite en 1953. Cependant, Ornstein avait continué à composer et continuera à le faire, encouragé par une redécouverte progressive dont il bénéficia à partir des années soixante-dix.
En 1988, Ornstein écrit sa septième sonate pour piano et, en 1990, à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans, il achève sa dernière œuvre, la Huitième Sonate pour piano dont les mouvements portent des intitulés reflétant bien le sens de l'humour du compositeur : I. La tourmente de la vie et quelques éclats de satire / II. Un voyage au grenier - une déchirure ou deux pour une enfance toujours perdue (a. Le clairon / b. Une lamentation pour un jouet perdu / c. Un berceau à moitié mutilé - Berceuse / d. Premier tour en carrousel et sons d'une vielle à roue / III. Disciplines et Improvisations. Le critique musical Anthony Tommasini rend compte de la création publique de l’œuvre à New York : « Entre la folie hurlante des premier et troisième mouvements, celui du milieu est une suite de quatre courtes réflexions musicales sur des souvenirs d'enfance découverts dans un grenier. Bien que totalement incongru, le ton est audacieux et la musique désarmante. Le public a écouté avec enthousiasme, puis a éclaté en applaudissements. »[3]
Anecdote
Dans Dark Souls, le capitaine des chevaliers de Gwyn porte son nom[4]. De plus, son armure a l'apparence d'un lion, faisant peut-être référence à son prénom.
Notes et références
- Les citations du compositeur sont reprises de Broyles, Michael, and Denise Von Glahn (2007) : Liner notes to Leo Ornstein: Complete Works for Cello and Piano disponible en ligne)
- Cette pièce, ainsi que les autres œuvres de Leo Ornstein citées dans cet article, ppeuvent être écoutées sur le site consacré au compositeur : https://poonhill.com/audio.html
- Tommasini, Anthony, A Russian Rhapsody With the Power to Jolt, New York Times, 28 mars 2002
- (en) « Dragon Slayer Ornstein ».
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives à la musique :
- Discogs
- (en) International Music Score Library Project
- (en) AllMusic
- (en) Carnegie Hall
- (en) Discography of American Historical Recordings
- (en) Grove Music Online
- (en) MusicBrainz
- (en) Muziekweb
- Ressource relative au spectacle :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :