Lenna
Lenna (ou plus justement Lena) est un morceau de photo d'une playmate prise dans le numéro de novembre (miss novembre) 1972 du magazine Playboy. Elle sert d'image de test pour les algorithmes de traitement d'image et est devenue de facto un standard industriel et scientifique.
Description
Le nom « Lenna » est le nom donné dans l'article original de Playboy, le prénom de Lena Sjööblom ayant été changé par le magazine pour que le nom soit correctement prononcé par des anglo-saxons.
L'image est si célèbre que Lena Söderberg (née Sjööblom), une Suédoise, était invitée d'honneur de la 50e conférence annuelle de la Society for Imaging Science in Technology, en 1997[1]. En raison de l'omniprésence de son scan photo Playboy, elle fut appelée la « première dame d'Internet[2]. »
En 2015, Lena Söderberg était également présente au banquet de la conférence IEEE ICIP 2015[3]. Après un discours[4] très applaudi, elle a présidé la cérémonie de remise des prix des meilleurs articles de la conférence.
L'utilisation de cette image a connu quelques controverses en raison de la nudité de Lena sur l'image d'origine.
Playboy a tenté de poursuivre les utilisations non autorisées de cette photo mais le magazine s'est ravisé et a finalement abandonné les poursuites en acceptant l'utilisation de cette image pour des raisons publicitaires. Selon le magazine Wired, « même si Playboy est connu pour ses mesures sur l'utilisation illégale de ses images, il a décidé de passer sur l'utilisation généralisée de ce poster central en particulier. »
David C. Munson, éditeur en chef lors des discussions de l'IEEE sur le traitement d'image de , cite deux raisons pour expliquer la popularité de cette image dans le monde de la recherche[5] :
« Tout d'abord, cette image contient un mélange intéressant de détails, de régions uniformes, et de textures, ce qui permet de bien tester les différents algorithmes de traitement d'image. C'est une bonne image de test ! Ensuite, « Lenna » est l'image d'une femme attirante. Ce n'est pas une surprise que la communauté de la recherche dans le traitement d'image (principalement masculine) gravite autour d'une image qu'elle trouve attirante. »
La coïncidence fait que Playboy a déclaré que ce numéro était sa meilleure vente : 7 161 561 exemplaires[6] - [7].
Histoire
L'histoire de l'image a été décrite dans la liste de diffusion de l'IEEE Professional Communication Society de mai 2001, dans un article de Jamie Hutchinson :
« Alexander Sawchuk estime que c'est en juin ou en que, alors qu'il était professeur assistant de génie électrique à l'Institut de traitement du signal et des images de l'université de la Californie du Sud, avec un étudiant et le chef du laboratoire, ils étaient, pressés, en train de chercher dans le labo une bonne image à scanner pour un article de conférence d'un collègue. Ils se lassaient de leurs images de test habituelles, des trucs ennuyeux qui dataient des recherches des années 1960 sur les standards télévisuels. Ils voulaient quelque chose de clinquant pour assurer un bon contraste, et ils voulaient un visage humain. À ce moment, quelqu'un arriva avec le dernier Playboy. »
« Les ingénieurs arrachèrent le tiers supérieur du poster central pour pouvoir l'envelopper autour du tambour de leur scanner Muirhead, […] [lequel] avait une résolution fixe de 100 lignes par pouce et les ingénieurs voulaient une image de 512 x 512, donc ils limitèrent l'image aux 5,12 pouces du haut, la coupant du coup aux épaules du sujet. »
Au XXIe siècle, l'utilisation de cette image est de plus en plus dénoncée comme une manifestation du sexisme dans l'informatique[8].
Ainsi, en 2018, le journal Nature Nanotechnology annonce qu'il n'examinera plus les soumissions d'articles utilisant cette image[9]. La même année, le SPIE, éditeur de la revue Optical Engineering, annonce également « déconseiller fortement » l'utilisation de l'image, et ne plus examiner les soumissions d'articles la contenant « sans justification scientifique convaincante »[10].
Lena Sjööblom déclare dans le documentaire de 2019 Losing Lena : « j'ai arrêté le mannequinat il y a longtemps, il est temps que j'arrête aussi la technologie... acceptons de me perdre. »[11]
Références
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Lena Söderberg » (voir la liste des auteurs).
- (en) « Imaging Experts Meet Lenna in Person » (consulté le ).
- (en) « Playboy centrefold photo shrunk to width of human hair », sur BBC, (consulté le ).
- (en) The International Conference on Image Processing (ICIP), « Banquet, 2015 IEEE International Conference on Image Processing », sur www.icip2015.org (consulté le ).
- « Lena @ ICIP 2015 », sur Flickr - Photo Sharing! (consulté le ).
- David C. Munson, Jr., « A Note on Lena », IEEE Transactions on Image Processing, vol. 5, no 1, janvier 1996 [(en) lire en ligne].
- (en) « Playboy Magazine Statistics », sur http://www.statisticbrain.com (consulté le ).
- (en) « Playboy History », sur www.playboyenterprises.com (consulté le ).
- (en) Corinne Iozzio, « The Playboy Centerfold That Helped Create the JPEG », sur The Atlantic, (consulté le )
- (en) « A note on the Lena image », Nature Nanotechnology, vol. 13, no 12, , p. 1087 (ISSN 1748-3395, PMID 30523301, DOI 10.1038/s41565-018-0337-2 , Bibcode 2018NatNa..13Q1087.)
- (en) Michael T. Eismann, « Farewell, Lena », Optical Engineering, vol. 57, no 12, , p. 120101 (DOI 10.1117/1.OE.57.12.120101 , Bibcode 2018OptEn..57l0101E)
- Kayla Kibbe, « How a Nude 'Playboy' Photo Became a Fixture in the Tech World », Inside Hook, (lire en ligne)