Le Soulier de satin
Le Soulier de satin est une pièce de théâtre de Paul Claudel, dont l'exécution complète dure environ onze heures. Elle est rarement jouée en raison de sa durée et des effets que nécessite la mise en scène.
Le Soulier de satin | |
Auteur | Paul Claudel |
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Pays | France |
Genre | pièce de théâtre |
Éditeur | Gallimard |
Collection | NRF |
Date de parution | 1929 |
Date de création | 27 novembre 1943 |
Metteur en scène | Jean-Louis Barrault |
Lieu de création | Comédie-Française |
Cette pièce a été portée au cinéma en 1985 par le réalisateur portugais Manoel de Oliveira.
Elle porte comme sous-titre « Le pire n'est pas toujours sûr ».
Analyse
Drame mystique, le Soulier de satin relate l'amour impossible entre Doña Prouhèze et le capitaine Don Rodrigue. L'action, qui s'étale sur vingt années, se passe à la Renaissance, au temps des conquistadors, et est découpée par l'auteur en quatre journées, suivant la tradition du Siècle d'or. Elle fait apparaître de nombreux personnages, en divers pays, dialoguant parfois entre la Terre et le Ciel. En mélangeant le drame et le divin, elle n'est pas exempte d'ironie, de comique et de bouffonnerie, ceci dans une atmosphère baroque. Semi-autobiographique, cette pièce est une histoire d'amour traversée par la question du désir et de ses enjeux sociaux et cosmologiques.
Paul Claudel lui-même commenta : « La scène de ce drame est le monde ». Sur sa pièce, il écrivit aussi : « Le sujet du Soulier de satin, c'est en somme celui de la légende chinoise, les deux amants stellaires qui chaque année après de longues pérégrinations arrivent à s'affronter, sans jamais pouvoir se rejoindre, d'un côté et de l'autre de la Voie lactée »[1].
La multiplicité des lieux, des personnages, la longueur exceptionnelle de cette pièce en ont rendu la mise en scène rare et difficile, malgré sa grandeur et son intérêt.
On retiendra :
- une représentation réduite à cinq heures de Jean-Louis Barrault le à la Comédie-Française, avec Marie Bell, Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault, Pierre Dux, Aimé Clariond ;
- mise en scène par Jean-Louis Barrault en 1963 à l'Odéon-Théâtre de France ;
- l'intégrale au théâtre d'Orsay en 1980, par Jean-Louis Barrault ;
- l'intégrale d'Antoine Vitez au Festival d'Avignon en 1987 ;
- l'intégrale d'Olivier Py au théâtre de la Ville de Paris en 2003 ;
- l'intégrale de la compagnie Faber Sarrato au théâtre du Nord-Ouest de Paris en 2003 ;
- l'intégrale d'Olivier Py au théâtre de l'Odéon de Paris en 2009.
Claudel entend, en tant qu'auteur, définir non seulement le texte, mais inspirer encore la diction de cette pièce. À l'automne 1942 il confie à Jean-Louis Barrault un exemplaire du Soulier annoté pour la diction. Jean-Louis Barrault prend très au sérieux ses directives, reconnaît en Claudel un maître faisant autorité, et travaille en accord avec lui. Claudel suggère plus qu'il ne commande cette diction aux comédiens ; le plateau reste le lieu de toutes les expérimentations scéniques. Par exemple, dans la distinction de paroles du sacré et du profane, donner le sacré sur un prononcé musical mais non chanté et donner le profane sur un prononcé en mimant un rapport concret. Claudel admire l'interprétation de Madeleine Renaud (Dona Musique), même s'il arrive qu'elle ne respecte pas toutes ses demandes concernant la diction[2].
- « Heureusement qu'il n'y avait pas la paire » : Sacha Guitry à la sortie de la pièce ou dit par Jean Cocteau à Avignon dans les années 1950[3].
Adaptations
- Une adaptation cinématographique a été réalisée par Manoel de Oliveira en 1985. Le film dure 410 minutes, soit 6 heures et 50 minutes.
- Une adaptation de la pièce en opéra a été réalisée par le compositeur Marc-André Dalbavie, sur un livret de Raphaèle Fleury[4]. Cet opéra, commandé par l'Opéra national de Paris, est créé en mai 2021 au Palais Garnier, dans une mise en scène de Stanislas Nordey[5]. Les rôles de Prouhèze et Rodrigue y sont respectivement créés par la mezzo-soprano Eve-Maud Hubeaux et le baryton-basse Luca Pisaroni. « Inventive et pourtant familière, la mise en scène vient cimenter la beauté du livret et sa mise en musique, pour créer un objet artistique extrêmement harmonieux et toujours au service du texte de Claudel », commente une critique[6].
Notes et références
- Citation sur la quatrième de couverture de l'édition Folio de la pièce datée de novembre 1978.
- L’ATELIER VOCAL DE PAUL CLAUDEL ET DE JEAN-LOUIS BARRAULT, de Sophie GAILLARD, sur le site de la Société Paul Claudel.
- L'Art monumental, Lionel Jullien, sur le site de la chaîne de télévision Arte, 20 juillet 2014.
- « Le Soulier de satin devient opéra – Opéra Magazine » (consulté le )
- « Le miracle du "Soulier de satin" », sur artpress, (consulté le )
- « Le Soulier de satin à Garnier : une belle réussite | CMPHB », (consulté le )
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Interview sur la réalisation de cette pièce par le Collectif X sur le mode du théâtre permanent.
Bibliographie
- Critique littéraire : Dramaturgie et poésie. Essai sur le texte et l'écriture du ‘‘Soulier de satin’’ de Paul Claudel, Antoinette Weber-Caflisch (Auteur), Belles Lettres, 2000, (ISBN 2251603352).
- Critique littéraire : La Scène et l'Image: le régime de la figure dans ‘‘Le Soulier de satin’’(centre de recherches Jacques-Petit), Antoinette Weber-Caflisch, Belles-Lettres.
- Édition critique : « Le Soulier de satin de Paul Claudel », Antoinette Weber-Caflisch, Annales littéraires de l'Université de Besançon, n° 334, Les Belles Lettres, 1987.
- Scénographie, iconographie : « Le Soulier de satin », in Antoine Vitez. Journal de bord, Eloi Recoing, Le Monde Editions, 1991.
- Alain Baudot, « ‘‘Le Soulier de satin’’ est-il une anti-tragédie ? », Études françaises, vol. 5, n° 2, 1969, p. 115-137 (lire en ligne).