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Le Moyen de parvenir

Le Moyen de parvenir est un récit de banquet écrit par François Béroalde de Verville et publié en 1616.
La Monnoye, dans sa Dissertation, décrit en ces mots l'ouvrage :
« L'auteur y suppose une espĂšce de festin gĂ©nĂ©ral, oĂč, sans consĂ©quence pour les rangs, il introduit des gens de toute condition et de tout siĂšcle, sçavans la plupart, qui, n'Ă©tant lĂ  que pour se divertir, causent de tout en libertĂ© et par des liaisons imperceptibles passant d'une matiĂšre Ă  une autre font ces contes Ă  perte de vue Â»[1].

Cette analyse nous montre d'emblée l'appartenance du récit au modÚle symposiaque. L'hétérogénéité en est amplifiée, en raison de l'exacerbation de paradigmes traditionnels comme le recueil de conte ou le dialogue des morts. Michel Jeanneret définit dÚs lors le Moyen de parvenir comme un « archi-banquet » :

« Il caricature les Ɠuvres de notre rĂ©pertoire, il exacerbe leurs tendances, il en Ă©puise les virtualitĂ©s, mais sans rupture. C'est un tourbillon, une dĂ©bauche, la dĂ©lirante apothĂ©ose d'une forme vouĂ©e Ă  l'expĂ©rience et Ă  l'excĂšs Â»[2].

PrĂ©sentation de l'auteur et de l'Ɠuvre

François BĂ©roalde de Verville, de son vrai nom François Brouard, est nĂ© Ă  Paris en 1556 dans une famille protestante et marquĂ©e par l'humanisme. En raison des guerres de religion, il s'exilera Ă  GenĂšve de 1572 Ă  1578 pour y Ă©tudier la mĂ©decine. Il publie ses premiĂšres Ɠuvres dĂšs 1584, avant de s'installer Ă  Tours en 1589, oĂč il abjurera sa foi rĂ©formĂ©e et deviendra chanoine. Connu pour son Ă©rudition aussi prolifique qu'hĂ©tĂ©roclite, il compose une Ɠuvre aussi bigarrĂ©e que poymorphe, du roman allĂ©gorique (Les Avantures de Floride, Le Voyage des Princes Fortunez, La Pucelle d'OrlĂ©ans) aux poĂšmes (les soupirs amoureux, l'IdĂ©e de la RĂ©publique), en passant par des traitĂ©s de morale (Les ApprĂ©hensions spirituelles), sans oublier des mĂ©langes (Le Cabinet de Minerve, Le Palais des curieux). Le Moyen de parvenir, tout en reprenant des lieux communs tels que la satire religieuse, fait figure de texte excentrique. Elle reflĂšte l'inquiĂ©tude d'un XVIe siĂšcle finissant, dĂ©senchantĂ© par le traumatisme des guerres de religion, la dĂ©gradation de l'ordre social et religieux, la dĂ©sagrĂ©gation du savoir traditionnel. Le pullulement de l'information depuis la naissance de l'imprimerie entraĂźne un sentiment de doute que Montaigne affirmera dans ses Essais. Cependant, cette inquiĂ©tude a pour corollaire une extraordinaire vitalitĂ© littĂ©raire, sous des formes les plus chaotiques. Par sa bigarrure et sa truculence, le Moyen de parvenir incarne le foisonnement d'une Renaissance crĂ©pusculaire.

L'Ă©dition princeps est apparemment datĂ©e de 1616, et fut publiĂ©e par Anne Sauvage Ă  Paris. Le Palais des curieux, paru en 1612, contient une allusion oblique au Moyen de parvenir : « Cependant je vous avise que comme icy je donne des atteintes Ă  plusieurs fautes, que j'ay fait un Ɠuvre lequel est une satire universelle, oĂč je reprends les vices de chacun : Je pensois vous le faire voir soubs un titre qui est tel, le Moyen de parvenir, mais on me l'a vollĂ©, si que pour en avoir le plaisir vous attendrez encore. Â»

Ce jeu engagĂ© avec le lecteur potentiel annonce d'emblĂ©e la portĂ©e subversive de l'Ɠuvre. Par ailleurs la critique a connu des incertitudes quant Ă  la paternitĂ© de l'Ɠuvre. Toutefois, cette mention laisse Ă  penser que le livre aurait Ă©tĂ© au moins en projet Ă  cette date.

La premiÚre édition datée dont nous disposons remonte à 1698, et le titre de l'ouvrage avait été modifié : Le Coupecu de la melancolie ou Venus en belle humeur. On dénombre aujourd'hui une cinquantaine d'éditions. L'exemplaire de Marseille est sans doute la plus ancienne édition connue.

Le Moyen de parvenir et la question de l'obscénité

Dans son ouvrage The reinvention of obscenity[3] , Joan DeJean rĂ©flĂ©chit Ă  l'Ă©mergence du terme moderne d'« obscĂ©nitĂ© Â», tel qu'il est conceptualisĂ© au XVIIe, en lien avec la censure et l'expansion de la production de textes imprimĂ©s. Selon elle, c'est la naissance de la censure organisĂ©e qui va amener la sociĂ©tĂ© Ă  codifier dans l'espace littĂ©raire ce qui est considĂ©rĂ© comme une « obscĂ©nitĂ© Â» au sens moderne. Auparavant, il n'aurait pas existĂ© de concept rĂ©gulateur dĂ©signant la littĂ©rature transgressive. L'obscĂ©nitĂ© avait alors une connotation exclusivement morale et religieuse. Le dĂ©veloppement de l'imprimerie va conduire Ă  une plus large diffusion des ouvrages « obscĂšnes Â», qui acquiĂšrent une pleine publicitĂ©. AccĂ©dant dĂšs lors Ă  de nouveaux publics (notamment fĂ©minins), ils transforment les codes sociaux de l'indĂ©cence et nĂ©cessitent la prise en compte par les autoritĂ©s d'un phĂ©nomĂšne littĂ©raire connaissant une activitĂ© croissante. L'obscĂ©nitĂ© n'a de raison d'ĂȘtre qu'Ă  partir du moment oĂč la littĂ©rature sexuellement transgressive conquiert une pleine publicitĂ©. Paradoxalement, c'est la constitution d'une censure Ă©tatique qui aurait permis aux auteurs libertins d'accĂ©der Ă  un statut d'auteur.

La dĂ©marche de Verville, qui se situe Ă  la jonction entre deux Ă©poques, catalyse un grand nombre d'interrogations tournant autour du bas corporel. Le Moyen de parvenir incarne la transition vers une notion nouvelle de l'obscĂ©nitĂ© en tant que phĂ©nomĂšne littĂ©raire. Ainsi, contrairement Ă  ThĂ©ophile de Viau ou encore MoliĂšre au XVIIe, l'obscĂ©nitĂ© ne s'accompagnera pas d'une conquĂȘte d'un statut d'auteur.

Un ouvrage Ă  la jonction de deux Ă©poques : entre licence carnavalesque et transgression anti-classique.

Le Moyen de parvenir paraßt dans un contexte de grandes mutations sociale et intellectuelle. Le XVIe siÚcle finissant, le progrÚs intellectuel et l'impact des guerres de Religion laisse un sentiment d'inconstance et de doute. Par son excentricité, le Moyen de parvenir témoigne de ce scepticisme au travers d'une satire généralisée. Il s'agit de représenter une humanité régie par l'instinct sexuel et la mécanique des plaisirs. Le Moyen s'inscrit ainsi au carrefour de deux époques : dans l'héritage du comique carnavalesque porté à son apogée par Rabelais, le tabou jeté sur le langage obscÚne est alors moins étouffant qu'à l'ùge classique.

Toutefois, publié à l'aube du XVIIe siÚcle, il s'inscrit dans un mouvement d'expansion de la diffusion des ouvrages en langue vernaculaire. Joan DeJean présente ce phénomÚne comme le facteur principal d'émergence du concept moderne d'obscénité :

« Le commerce du livre a pour la premiĂšre fois investi massivement les projets de publication, et dans des formats moins onĂ©reux. L'obscĂ©nitĂ© moderne se mit Ă  exister exactement au moment oĂč la culture imprimĂ©e s'introduisait dans les premiers rĂ©seaux marchands de masse[4]. »

Le Moyen de parvenir tĂ©moigne d'une ambition totalisante Ă  l'Ă©gard de la langue tout autant que de la tradition licencieuse. Face Ă  une inflation de l'information depuis un siĂšcle oĂč l'imprimerie diffuse plus largement les Ă©crits, le dĂ©sir de tĂ©moigner et d'archiver la culture s'avĂšre manifeste. Le rĂ©cit constitue ainsi une expĂ©rimentation paroxystique inĂ©galĂ©e. À une Ă©poque oĂč la censure n'est pas organisĂ©e de façon sĂ©culaire et bureaucratique, l'atmosphĂšre littĂ©raire semble davantage propice Ă  l'Ă©laboration d'un microcosme littĂ©raire rĂ©gi exclusivement par la mĂ©canique pulsionnelle. Il constitue ainsi une sorte de foyer universel des propos de tables et autres anecdotes gauloises. Tandis que la littĂ©rature classique tend Ă  faire disparaĂźtre les parlers marginaux, Verville mime le parler populaire.

Le Moyen paraĂźt au moment oĂč s'Ă©tend l'influence de la rĂ©forme malherbienne. À partir du moment oĂč le discours sur la sexualitĂ© est passĂ© sous silence par la rĂ©gulation la dĂ©cence linguistique, on assistera Ă  une reconfiguration de l'obscĂšne : Ă  la duplicitĂ© du langage corrupteur, le classicisme oppose une rĂ©ponse claire et univoque. La censure n'Ă©tant pas encore instituĂ©e, les processus de rĂ©gulations n'agiront pas immĂ©diatement au dĂ©triment de l'ouvrage. La licence du Moyen est donc Ă  interprĂ©ter dans un contexte de rĂ©sistance au rigorisme croissant auquel s'opposeront les libertins par la libertĂ© des idĂ©es et celle des mƓurs (en tĂ©moignent les polĂ©miques inhĂ©rentes au procĂšs de ThĂ©ophile). Le langage deviendrait ainsi une matiĂšre vivante, comblant l'Ă©cart entre le mot et la chose. Il se mettrait ainsi au service de la verve et du plaisir organique procurĂ© par la dĂ©couverte de ses anecdotes truculentes.

« Parler du cul Â» : une rhĂ©torique transgressive

Le Moyen de parvenir dĂ©ploie une fantaisie linguistique Ă©tonnante quant Ă  la dĂ©nomination du bas corporel. Celle-ci tĂ©moigne d'un refus de la censure, et constitue une affirmation frontale de la licence du propos comme principe gĂ©nĂ©rateur du rĂ©cit. Il est fait mention Ă  plusieurs reprises de l'ambition proposĂ©e dans le Moyen : « parler du cul Â». « Ce seroit belle chose de parler du cul, ce seroit un langage excellent[5]. »

Ainsi, le projet de BĂ©roalde se trouve dĂ©fini en deux points. D'une part, il s'agit d'abord s'exprimer « par le cul Â», ce qui revient Ă  remotiver le topos de la lecture comme manducation et digestion. D'autre part, le rĂ©cit vise Ă  rĂ©injecter dans la langue une matiĂšre sexuelle et scatologique dans une proportion inĂ©galĂ©e. Ainsi, selon Joan DeJean :

« L'ellipse – la convention typographique pour une omission intentionnelle, dans ce cas, le signe d'un tabou verbal, de quelque chose qui ne peut ĂȘtre imprimĂ© – et la censure moderne commencĂšrent Ă  Ă©merger en mĂȘme temps[6]. »

La position de BĂ©roalde est donc Ă©galement ambiguĂ«. Les Ă©lĂ©ments transgressifs sont prĂ©sentĂ©s sans dĂ©tour, ni ellipse typographique. Cela peut s'expliquer par le fait que l'Ă©dition du livre imprimĂ© n'Ă©tait pas encore pleinement rĂ©glementĂ©e. Ce n'est qu'en 1618 que des Ă©dits gouvernementaux vont rĂ©glementer le statut d'imprimeur, et impliquer une rĂ©gulation centrale de l'impression. La censure est Ă  l'Ă©poque emprunte du vocabulaire religieux, et peinera Ă  s'en affranchir. La diatrybe du PĂšre François Garasse en 1623 (La Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps) tĂ©moigne de l'influence de la religion sur la censure. Dans le Moyen, la cruditĂ© du propos est affirmĂ©e de maniĂšre frontale, et pour ainsi dire insolente, prĂ©sentant plus directement le discours obscĂšne que dans certains des Ă©crits libertins ultĂ©rieurs. Cependant, l'uniformitĂ© du traitement du discours par le bas corporel peut ternir la puissance de provocation du propos, en ce que les anecdotes « salaces Â» se trouvent noyĂ©es dans un flot d'affabulations les plus crues.

Ce climat d'incertitude, mĂȘlĂ© au fourmillement intellectuel de l'Ă©poque donne lieu Ă  des expĂ©rimentations inĂ©dites et inouĂŻes. On note une dimension paroxystique dans l'entreprise de destruction des automatismes de la langue. Celle-ci est au service d'une rĂ©gĂ©nĂ©ration des anecdotes usĂ©es portant sur le corps grotesques, pourtant hantĂ©es par la rĂ©pĂ©tition de schĂ©mas narratifs identiques. BĂ©roalde procĂšde au maniement d'une langue encore mallĂ©able. Il prĂ©sente une expĂ©rimentation des limites de l'obscĂšne, Ă  l'aube d'un siĂšcle oĂč le classicisme va poser extrĂȘme rigueur imposĂ©e Ă  la langue et Ă  l'Ă©criture. Par le principe burlesque, BĂ©roalde propose un envers qui devient endroit, crĂ©ant un microcosme oĂč les valeurs sont renversĂ©es, et oĂč parler du cul devient un idĂ©al de conversation.

Résumé des chapitres

(d'aprÚs la notice de Paul Lacroix ) Les passages en italique délimitent les récits insérés.

Chapitre

Cette section satirise les gĂ©omĂštres, les gĂ©ographes et les chronologues; prĂ©pare l’assemblĂ©e de ces illustres fous, qui, de section en section, donneront de plus en plus des preuves de leur folie stĂ©ganographique. Les interlocuteurs s’engagent Ă  se revoir chez le Bonhomme, pour y faire festin. On Invective contre ceux qui donnent lĂ©gĂšrement leur parole. Guillaume qui fait jurer pour lui. HonnĂȘte dĂ©menti de Coguereau. Seigneur de paroisse qui ne refuse rien.

Nom

Satire contre les grammairiens latins, si hĂ©rissĂ©s ' partout, qu’on ne peut en aborder, sans ĂȘtre sĂ»r d’ĂȘtre dĂ©chirĂ© par l’épine; et contre les pindariseurs de la langue françoise. L’assesseur pindarisant.

Paraphrase

À l’ajournement chez le Bonhomme, aucun des conviĂ©s ne manque, et tous, en entrant dans la salle, se saluent. Satire contre les rĂ©vĂ©rencieux. Description de la salle. Critique de Platon.

Axiome

Éloge de toute l’assemblĂ©e, dans un style si singulier, qu’on ne sait s’il l’injurie ou la loue. Cet Ă©loge est terminĂ© par l’apologie de Madame (la belle inconnue), dont beaucoup de bien est dit.

Songe

Les ïŹ‚acons de vin Ă©taient au frais. Sortie vigoureuse contre les buveurs d'eau tiĂšde, les sots Ă  table et les timides en conversation. Histoire de la dĂ©couverte de la vĂ©ritĂ© au fond d'un puits par DĂ©mocrite. Raison pourquoi le vin s’avale plus promptement que le pain. Vin rĂ©pandu est le plus grand malheur. Sermon d’un curĂ©. DĂ©mocrite qui trouve la vĂ©ritĂ© dans un puits.

Proposition

Socrate fut chargĂ© de l’emploi de maĂźtre des cĂ©rĂ©monies. On y vit arriver Alexandre, revenu de chez les gymnosophistes, Aphtonius, Bodin, Pythagore, DĂ©mosthĂšnes, Aristote, Rabelais ; Cusa et Jean Hus se placent. Digression plaisante sur la future destinĂ©e de ce livre. L’archidiacre grand gourmand. Moine circonspect au pied de la potence.

Couplet

Le repas commence. À propos de repas, savante et profonde dissertation sur les pets, et histoire des pets musquĂ©s de la belle lmperia avec le gentilhomme de Lierno. Naissance de Ia Couronne-impĂ©riale. De Lierno couche avec la belle courtisane. Naissance des orties.

Sermon

L’histoire de la belle Marciole, qui ramasse, toute nue, les cerises qu’elle avait apportĂ©es au sieur de la Roche. Les plaisirs indiscrĂštement prisĂ©s des regardants, et la somme que la belle emporta, Marciole ramassant les cerises. Prudence de l’abbesse de Montmartre.

Coq-à-l’ñne

Chacun, rempli de l'histoire de Marciole, raisonne sur son cela, et pour quoi cela est appelĂ© cela. Plaisanterie d’un mĂ©decin visitant une fille malade. MĂ©decin examinant une malade.

Circoncision

L’auteur annonce clairement Ă  ses lecteurs la difficultĂ© de lire ce livre, dont toutes les phrases sont cousues par le hasard : l’exemple du bonhomme Guyon, qui mettoit dans une grande terrine tout pĂšle-mĂȘle ce qu’en lui donnoit Ă  boire et Ă  manger, est une comparaison sensĂ©e de cet ouvrage. Analyse d’une dissertation d’un prieur de Vau-de-Vire sur le mot cela. Homme et femme sont honteux de montrer leur cela, selon la petitesse de l’un ou la grandeur de l’autre. Le dialogue d’Hippolyte et de son amant vis-Ă -vis sa mĂšre mĂ©rite l’attention de ceux qui aiment de la chaleur dans les dialogues. Histoire de M. de la Rose, qui, pour se moquer des notaires, fait passer des pois par-devant eux. Guyon qui mangeait et buvait pĂšle-mĂȘle. La belle Hippolyte qui se chauffait Ă  la parisienne. Pois passĂ©s par-devant notaires.

Pause derniĂšre

Éloge ambigu des convives, de l’ouvrage, et des lecteurs assez spirituels pour l’ai mer et comprendre. Comparaison de ce volume avec verre et bouteille.

Vidimus

En continuant l’apologie de ce volume, il l’appelle brĂ©viaire, pour avoir droit de faire un sarcasme contre les propriĂ©taires de brĂ©viaires. Le conte du brĂ©viaire du curĂ©, et du quiproquo de la femme du libraire, n’est qu’une courte parenthĂšse Ă  cette apologie, qui n’est interrompue que par une furieuse satire contre les ïŹnanciers et gens pressurant le peuple par la levĂ©e des impĂŽts. Embarras dans lequel il entre sur le nom qu'on doit dignement imposer Ă  ce livre; en rejetant le mot de clavicule, il fait un conte sur Rabelais qui prĂ© pare une mĂ©decine Ă  du Bellay avec une dĂ©coction de clefs. il termine cette section par une invective contre les pĂ©dants latinistes et les ennuyeux scoliastes. Le brĂ©viaire du cure, quiproquo de la femme d’un libraire. MĂ©decine apĂ©ritive de Rabelais.

Conclusions

Plaisante conversation d’un principal du collĂšge de GenĂšve et d’un ministre: ou y dĂ©veloppe un germe de scepticisme sur les deux religions catholique et protestante. il termine son Ă©loge de ce livre par des idĂ©es trĂšs burlesques et fort analogues au style dont il est Ă©crit. GuĂ©rison du ministre malade.

Corollaire

BĂšze est le premier qui forme l’interlocution dans cet ouvrage; il disserte plaisamment sur les gouvernantes de prĂȘtres, qui le premier jour leur disent votre ; le second, notre, et le troisiĂšme, mon. Quelques quiproquos prĂ©cĂšdent l’histoire du bachelier fouette; elle est commencĂ©e, et tout d’un coup interrompue. Bonne foi d'un homme prĂšs d’ĂȘtre rompu. Gradations de familiaritĂ© des chambriĂšres. La tĂȘte de veau de l'avocat du Mans. Le bachelier fouettĂ© et fouettant.

Dessein

L’interruption ayant toujours lieu, Ă  propos de soutanes et braguettes, plaisanteries vives sur les papistes et les huguenots, sur les buveurs d’eau vigoureux champions en amour, et; sur le terme de faire la pauvretĂ©. Enfin le conte du bachelier, fouettĂ© par la dame Laurence et la fouettant Ă  son tour, reprend son fil ; le trĂ©pas de la pauvre dame, et; la frayeur de sa jument, Ă  ce triste spectacle de fouetterie.

Homélie

Propos de sƓur Dronice avec son abbesse, qui la rĂ©primande d’avoir tĂątĂ© du fruit de vie. Raisonnement intĂ©ressant Ă  la rĂ©publique, sur l'encouragement qu’on doit donner Ă  celles qui l’enrichissent par des enfants. DiffĂ©rentes rĂ©ponses d’enfants sur le cocuage des pĂšres et le putanisme des mĂšres. La nonnain curieuse rĂ©primandĂ©e. RĂ©ponse naĂŻve d’un enfant Ă  sa mĂšre. NaĂŻvetĂ© d'un curĂ©.

Journal

Continuation des propos sur les femmes, que j’aime mieux qu’on lise que d’en faire l’analyse. Plaisanterie sur l’aventure d’un moine (sans contredit, e’est aventure de paillardise; et toutes les fois que je dirai aventure de moine, cela aura cette signification) et sur l’explication de Thevet tournĂ© en ridicule sur son style et ses bĂ©vues. Grotesque serment d’un paysan Ă©grillard, pour dĂ©tourner la jalousie bien fondĂ©e de son voisin sur son compte, vis-a-vis sa femme. DĂ©cision sur les femmes en gĂ©nĂ©ral. Femme prise pour un boiteau de foin. FrĂšre JĂ©rĂŽme le chimiste. Expression reprise. Plaisant serment de Georget.

Mappemonde

Explication burlesque d’une vĂ©ritĂ© trop certaine, qu’il faut graisser la main aux gens de justice. Histoire de frĂšre JĂ©rĂŽme, grand alchimiste, dans laquelle on se moque des brĂ»leurs de charbon et des entrepreneurs de fortunes imaginaires; "frĂšre JĂ©rĂŽme, pour fermer la bouche Ă  sa parente anti chimiste, lui dit qu’il cherche la poudre qui le fait faire sept coups. Façon de graisser les mains de son juge."

MĂ©taphrase

Un coq-Ă -l’ñne fort court, d’un valet qui explique Ă  sa façon mundus caro dĂŠmonia, diffĂšre un moment l’histoire de la pierre Ă  casser les Ɠufs. Secret de faire mourir quelqu’un sans qu’il y paroisse; il ne se peut pratiquer qu’en huitaine qui prĂ©cĂšde le carĂȘme. NaĂŻvetĂ© d’un valet. Pierre Ă  casser les Ɠufs.

Paragraphe

Nouvel Ă©loge du livre, dont le rĂ©sultat est de donner des leçons aux gouvernants superlatifs, pour n’ĂȘtre jamais dupes dans les repas oĂč ils se trouvent.

Occasion

DĂ©nost le gourmand sert de modĂšle dans l’apothĂ©ose de la gourmandise. loi, la conversation des convives se brouille; et’, par une cascade inattendue, elle rentre dans les quiproquos. Comment faire dans un terrain couvert de neige, pour que les pas d’une pucelle n’y paraissent point? Conte de la ïŹlle du mĂ©tayer, qui avait perdu un mouton et qui voulait ĂȘtre tuĂ©e pour retourner Ă  la maison. Cornu, le modĂšle des gourmands. Quiproquo d'une femme. La ïŹlle qui veut mourir.

Plumitif

Secret infaillible pour savoir si une fille est pucelle, pourvu qu’on ne soit ni manchot ni courte-haleine. ManiĂšre fort sensĂ©e d’annoncer la fĂȘte de la Madelaine. Sermon de la Madelaine.

ProblĂšme

Les Ă©vĂȘques ni les Chapitres n’ont beau jeu dans cette section ; les uns sont traitĂ©s comme pharisiens, qui disent de bonnes choses et en font de mauvaises; les autres, comme assemblĂ©es de corps sans Ăąme, de matiĂšre sans esprit. Histoire de la ïŹlle reconnaissante qui prend le meilleur, et veut qu’on donne Ă  sa mĂšre le pire : vit-on un meilleur cƓur! Sermon sur la charité’. L’achat d'un meilleur outil.

Enseignement

Histoire du notaire et du beau petit diabolique faucheur; elle est coupĂ©e par deux ou trois parenthĂšses fort plaisantes. Dans l‘une, on y dĂ©veloppe bien rĂ©guliĂšrement les diffĂ©rentes sortes de bĂ©nĂ©ïŹces; et ce dĂ©veloppement ne peut manquer d’ĂȘtre bon et raisonnable, il est fait par CicĂ©ron. Dans une autre, il y a quelques railleries sur des termes qu’entre gens de religion on se reproche qu’il ne faut jamais prononcer, Ă  moins qu'on ne veuille se voir lapider avec pierres d’églises ou de prĂȘches. Dans la derniĂšre, est une plaisanterie sur un faucheur qui se coupa la tĂȘte voulant attraper un poisson avec le bout de la lame de sa faux. Le prĂ© fauchĂ© et le petit faucheur. Maladresse d'un faucheur.

RĂ©sultat

Histoire de M. Jacques de La Tour, autre fois prĂ©dicateur, et finalement marchand de lanternes, qui, mourant de faim Ă  en dĂ©biter, fit une petite fortune Ă  en vendre. Sortie vigoureuse sur les ubiquitaires. Histoire du petit saint homme, qui devint mĂ©chant comme un diable, dĂšs qu’il fut moine. Le ministre marchand de lanternes. La novice mĂ©chant comme un diable.

Livre de raison

De naĂŻves et simples rĂ©ponses sont le sujet de cette section, qui est terminĂ©e par l’illustre et fameux conte de Robin mon oncle. sarcasmes contre la vĂ©nalitĂ© des bĂ©nĂ©ïŹces et la simonie. stupiditĂ© d’un Ă©colier. Le pĂšre de Melchisedech. ÉvĂȘque gĂ©nĂ©reuse comme de raison. Conte de Robin mon oncle.

Parabole

Pour autoriser son propos sur la simonie, il raconte plaisamment la ïŹnesse d’un jeune bachelier qui voulait avoir un bĂ©nĂ©ïŹce de messire Imbert. GĂ©nĂ©alogie trĂšs suivie de Melchisedech, quoi qu’on dise le texte sacrĂ©, qu’on ne connaĂźt ni son pĂšre ni sa mĂšre.

Fen.

SinguliĂšre explication du premier vers des distiques de Catou, sur les carmes. SƓur Jeanne explique fort Ă©nergiquement la valeur du mot coquebin. Plaisant remĂšde d’une paysanne pour son pataud de mari. - chapelain chĂątrĂ© d'une Anglaise. Valet qui n’est pas coquebin.

Chapitre général

Messire Gilles, aprĂšs avoir passĂ© par l’étamine hypercritique de Scaliger sur son nom et l’origine de son nom, raconte l'histoire du diable chĂątrĂ©. Sentiments de religion bien placĂ©s, sur le chagrin qu’on doit avoir que saint Michel n’ait pas tuĂ© le diable, quand il avait si beau jeu, puis qu’il Ă©tait armĂ© comme quatre mille, et que le diable Ă©tait tout nu. Le diable ChĂątrĂ©. Nom de sculpteur tronquĂ© plaisamment.

Rencontre

NaĂŻvetĂ© d’une ïŹlle de chambre, qui ne cĂšde en rien Ă  la simplicitĂ© d’un prĂ©dicateur. Messire Guillaume le Vermeil veut parler Ă  son tour; mais il est reprĂ©sentĂ© comme un homme ivre et qui bĂ©gaie. DiogĂšne, dans ce repas, est aussi cynique contre nos porte-chasubles, qu’il l'Ă©tait dans les rues d’AthĂšnes, tapissĂ© des douves de son tonneau. NaĂŻvetĂ© d’une ïŹlle de chambre. Sermon expressif fait Ă  des Jacobins. Conte de la reine des pois pilĂ©s.

Cause

C’est ici la scĂšne des souhaits; chacun en fait Ă  double entente, plus plaisants les uns que les autres. Conte de Martine et de sa ïŹ‚Ă»te, pour faire opposition Ă  Bobin et ses ïŹ‚Ă»tes. Satire contre les moines Ă  besace. Plaisant testament d’un Toulousain, en faveur de sa femme, qu’il laissa fort bien pourvue, en ne lui ajoutant rien Ă  ce qu’elle avait auparavant. Sortie contre ces AgnĂšs d’apparence, qui donnent leurs faveurs Ă  des rustres. Conte des pelotons et de l’honneur cousu et recousu. Martine qui promet une ïŹ‚Ă»te Ă  son mignon. Amphibologie dans le sermon d'un curĂ©. Le testament en faveur d’une femme. Conte des pelotons et de l’honneur cousu. Madeleine la bien fĂȘtĂ©e.'

Minute

Ici, le banquet reprend vigueur; on boit et on mange en toute sĂ»retĂ©. Histoire du farfadet de Poissy. Explication (les termes de petit exercice, de dispense, et de purgatoire.) Sergent tombĂ©, plaisamment moquĂ©. Question, dont le premier vers de DespautĂšre est la rĂ©ponse. Dissertation sur le vin, les buveurs et sur l’ivresse. Jaquette du Mas trouve bien heureusement le nom de son ïŹls. Amyot, accusĂ© de vĂ©role. Satire contre l’inquisition d’Espagne. Conte du farfadet de Poing. Chute d'un sergent. Nouvelle d’un paysan d'OrlĂ©ans. Sermon d'un ministre de Strasbourg. Prudence d'une servante. Nom donnĂ© Ă  un enfant par un sermon. Conte sur Amyot et sa vĂ©role. Bon avis d'un fils Ă  sa mĂšre.

Remontrance

Érasme raconte aux convives l’histoire de don Rodrigue das Yervas. La soupe de Glougourde le fait canoniser Ă  Rennes : c’est une parenthĂšse au conte de don Rodrigue. Mot Ă  double sens sur l’indiffĂ©rence d’Érasme pour l’évangile. Sentiments sur les poĂ©sies d’Æneas Silvius et de BĂšze. Munster, moquĂ© d’avoir voulu ĂȘtre l‘apologiste de Thevet. Bonne raison de l’amour des femmes pour les moines.Cette section est terminĂ©e par quelques propos de niaiserie paysanne. Conte de la soupe de saint Glougourde. MĂšre d’Erasme, qui oublia son pater. NaĂŻvetĂ© d'un berger. Histoire de don Rodrigue das Yervas. Balourdise d’une paysanne.

Généalogie

invective contre les mƓurs et la fourberie des gens du siĂšcle. Scot et Uldric se disent dĂ©pouillĂ©s; Madame veut les raccommoder. Plaisante façon de faire une dĂ©claration d‘amour. Chanoine qui veut le bien d'autrui.

Notice

Les convives se plaignent qu’on ne vient pas au but qu’ils s’étoient proposĂ©. Tout d’un coup, Paracelse commence une belle dissertation sur la premiĂšre matiĂšre, dissertation claire comme un Ă©tang bourbeux, ou comme la bouteille Ă  l’encre.

Parlements

Il continue sa dissertation, et se jette un peu sur la friperie des parvenus, et sur la façon de parvenir dans ce monde de dĂ©sordre et de dissolution. Plaisant pari d’un domestique.

Verset

L’histoire de Quenault et de sa serpe est coupĂ©e de diverses instructions trĂšs-profitables. On y voit la diffĂ©rence d’une femme de par Dieu, d’avec une femme de par le diable. Sermon du curĂ© de Busançois, divisĂ© en trois points. Le conte de Quenault et de Thibault. Sermon en trois points du curĂ© de Busançois.

Jamais

Devoir des prĂ©lats, prescrit sous le voile de la plaisanterie : castigat ridendo mores. Conte sur le proverbe : n'avoir ni rime ni raison. Cette section est remplie de facĂ©tieuses aventures sans rime ni raison. La cruche de malvoisie prise pour un lĂ©zard, par des femmes ivres de vin. Bible hĂ©braĂŻque prise pour un livre de magicien par un prĂȘtre, etc. Conte du ministre qui avoit rime et raison. Conte de la malvoisie.

Bibliographie

Éditions de rĂ©fĂ©rence du Moyen de parvenir

  • François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir, P. L. Jacob, bibliophile, Josselin, 1841.
  • François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir : Ɠuvre contenant la raison de tout ce qui a estĂ©, est et sera, P., Ch., (Ă©d)., prĂ©face de Bernard de La Monnoye, Paris, Garnier FrĂšres, 1879.
  • François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir, "Ă©dition collationnĂ©e sur les textes originaux", Paris, Delarue libraire-Ă©diteur, circa 1880.
  • François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir, Charles Royer (Ă©d.), Alphonse Lemerre, 1896, 2. vol., et GenĂšve, Slatkine Reprints, 1970.
  • François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir, fac-similĂ© de l'Ă©dition qui se trouve Ă  la BibliothĂšque de Marseille, AndrĂ© Tournon et HĂ©lĂšne Moreau (Ă©d.), Publication UniversitĂ© de Provence, 1984.
  • François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir, Georges Bourgueil (Ă©d.), Albi, Éditions Passage du Nord/Ouest, 2002.
  • François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir, HĂ©lĂšne Moreau et AndrĂ© Tournon (Ă©d.), Paris, HonorĂ© Champion, 2004.
  • François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir (1616), Michel Jeanneret et Michel Renaud (Ă©d.), Paris, Gallimard, coll. « Folio Classique Â», 2006.

Ouvrages critiques

  • Michel Jeanneret, Des mets et des mots : banquets et propos de table Ă  la Renaissance, Paris, JosĂ© Corti, 1987.
  • Janis Pallister, The World view of BĂ©roalde de Verville: expressed through satirical baroque style in "le moyen de parvenir", Paris, Vrin, coll. « De PĂ©trarque Ă  Descartes Â», 1971.
  • Michel Renaud, Pour une lecture du "Moyen de parvenir" de BĂ©roalde de Verville, Paris, HonorĂ© Champion, coll. « Ă‰tudes et essais sur la Renaissance Â», 1997 (2e Ă©dition revue).
  • Ilana Zinguer, Structures narratives du "Moyen de parvenir" de BĂ©roalde de Verville, Paris, Nizet, 1979.

Articles

  • Lazare SainĂ©an, « Le Moyen de parvenir, ses deux auteurs, et l'origine de l'humour Â», in ProblĂšmes littĂ©raires du XVIe siĂšcle, Paris, De Boccard, 1927, p. 99-250.
  • Verdun-Louis Saulnier, « Ă‰tude sur BĂ©roalde de Verville. Introduction Ă  la lecture du Moyen de Parvenir Â», in BibliothĂšque d'Humanisme et Renaissance, V, 1944, p. 209-326.
  • AndrĂ© Tournon, « La composition facĂ©tieuse du Moyen de parvenir Â», version abrĂ©gĂ©e publiĂ©e dans RHR, VII, : « FacĂ©tie et littĂ©rature facĂ©tieuse Ă  l'Ă©poque de la Renaissance Â», in Actes du colloque de Goutelas, -.
  • Ilana Zinguer, « Typologie des chapitres du Moyen de parvenir Â», RHR, X, .

Notes et références

  1. François BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir : Ɠuvre contenant la raison de tout ce qui a estĂ©, est et sera, P., Ch., (Ă©d)., PrĂ©face de Bernard de La Monnoye, Paris, Garnier FrĂšres, 1879.
  2. Michel Jeanneret, Des mets et des mots, banquets et propos de table Ă  la Renaissance, Corti, 1987.
  3. Joan DeJean, The reinvention of obscenity: Sex, lies and tabloids in Early Modern France, The University of Chicago Press, Chicago et Londres, 2002.
  4. Joan DeJean, The reinvention of obscenity, op. cit., p. 3.
  5. BĂ©roalde de Verville, Le Moyen de parvenir, op. cit., Chap. 41.
  6. Joan DeJean, The reinvention of modern obscenity, op. cit., p. 36.

Liens externes

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