Le Livre du Bonheur
Le Livre du bonheur est un manuscrit enluminĂ© rĂ©alisĂ© en 1582 dans lâEmpire ottoman. CommanditĂ© par le sultan Mourad III, qui dirigea lâempire entre 1574 et 1595, son texte fut traduit de lâarabe et toutes ses miniatures semblent avoir Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es sous la direction de Ustad âOsman, auteur indiscutable de la sĂ©rie initiale dâimages dĂ©diĂ©es aux signes du zodiaque1. âOsman, qui Ă©tait Ă la tĂȘte des peintres de lâatelier du SĂ©rail dĂšs 1570, fut Ă lâorigine dâun style qui influença dâautres artistes de la cour de Mourad et se dĂ©marquait par la prĂ©cision des portraits.
Mourad III et son Ă©poque
Dans la seconde moitiĂ© du XVIe siĂšcle, les territoires de lâEmpire ottoman sâĂ©tendaient de Budapest Ă Bagdad et dâOman et Tunis jusquâĂ La Mecque et MĂ©dine, comprenant des villes aussi importantes que Damas, Alexandrie ou Le Caire. Les Turcs contrĂŽlaient en plus la route de la soie, la mer Noire, ainsi que la moitiĂ© orientale de la MĂ©diterranĂ©e. Lâempereur gouvernait lâempire depuis Constantinople, oĂč les architectes, les peintres, les calligraphes, les orfĂšvres, les cĂ©ramistes et les poĂštes Ă©taient Ă son service. Petit-fils de Soliman le Magnifique, Mourad fut un sultan cultivĂ© et sybarite, un grand mĂ©cĂšne de lâart et en grande partie responsable du dĂ©veloppement impressionnant de la peinture turque au XVIe siĂšcle et du dĂ©but du XVIIe, pĂ©riode considĂ©rĂ©e comme la plus fĂ©conde de cette derniĂšre. Son rĂšgne fut Ă©galement marquĂ© par les guerres incessantes avec lâIran et avec les Ătats europĂ©ens chrĂ©tiens.
Le sultan Mourad III Ă©tait entiĂšrement absorbĂ© par lâintense vie politique, culturelle et sentimentale du harem. Il eut 103 enfants, dont seuls 47 lui survĂ©curent. En fait, il commanda ce traitĂ© du bonheur spĂ©cialement pour sa fille Fatima. Mourad mourut dans le palais Topkapi Ă Constantinople en 15952.
LâĆuvre
Le Livre du bonheur contient des descriptions dĂ©taillĂ©es des caractĂ©ristiques personnelles des natifs de chacun des douze signes du zodiaque. Pour illustrer ces descriptions, on dĂ©couvre une sĂ©rie de peintures qui reprĂ©sentent des situations distinctes de lâĂȘtre humain selon la conjonction des planĂštes, des tables de concordances physionomiques, dâautres destinĂ©es Ă lâinterprĂ©tation correcte des rĂȘves, ainsi quâun traitĂ© de divination Ă©nigmatique grĂące auquel chacun peut prĂ©voir sa destinĂ©e.
Le manuscrit constitue un tĂ©moignage incomparable du monde oriental de lâĂ©poque, peuplĂ© de personnages mystĂ©rieux aux poses Ă©tranges, portant des vĂȘtements exotiques aux magnifiques couleurs, de palais et de demeures luxueuses, de mosquĂ©es⊠Les animaux exotiques abondent Ă©galement, tels les paons royaux et les serpents de mer, sans compter les nombreux oiseaux dont le dessin stylisĂ© rĂ©vĂšle une influence notable de la peinture japonaise. En outre, on trouve une section dĂ©diĂ©e aux monstres, dĂ©mons et crĂ©atures appartenant Ă lâimaginaire mĂ©diĂ©val turc.
En 2007, lâĂ©diteur M. Moleiro publia la premiĂšre et unique reproduction fac-similĂ©e du Livre du bonheur, dans une Ă©dition limitĂ©e Ă 987 exemplaires. LâĂ©dition est accompagnĂ©e dâun volume dâĂ©tudes dĂ» Ă Miguel Ăngel de Bunes Ibarra (CSIC), Evrim TĂŒrkçelik (CSIC, GĂŒnsel Renda (professeur dâart ottoman, universitĂ© Koç) et Stefano Carboni (Metropolitan Museum of Art).
Références
- (es) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en espagnol intitulĂ© « El libro de la Felicidad » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Bibliographie
- Le Livre du bonheur, M. Moleiro Editor (Barcelone, 2007).
- EncyclopÊdia Britannica, vol. 7, édité par Hugh Chisholm (1911).