Le Conscrit de 1814
Le Conscrit de 1814, aussi appelé L'École polytechnique à la défense de Paris 1814 ou encore Le Polytechnicien, est une statue située à l'École polytechnique, en France. Il s'agit d'un bronze de Corneille Theunissen réalisé par le fondeur Alexis Rudier en 1914, afin de commémorer le sacrifice des élèves de l’École sous le régime du Premier Empire, morts pour défendre Paris contre la Sixième Coalition en 1814.
Artiste | |
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Date | |
Type | |
Technique | |
Dimensions (H Ă— L) |
210 (personnage) ; 320 (hauteur totale) × 120 (piédestal) cm |
Localisation | |
Commentaire | |
Coordonnées |
48° 42′ 51″ N, 2° 12′ 38″ E |
Historique
À l'occasion de son 50e anniversaire, la Société amicale de secours des anciens élèves de Polytechnique commande à Corneille Theunissen un monument pour commémorer la participation de l'École à la défense de Paris en 1814[1]. Le sculpteur fut choisi sans passer par un concours, Corneille Theunissen étant alors à l'acmé de sa carrière. L'œuvre est financée par 725 souscripteurs qui en recevront en remerciement des reproductions sous forme de statuettes et plaquettes (en). Une première maquette au tiers est présentée le , avant de procéder à la présentation d’une toile peinte grandeur nature tendue sur place afin de valider les dimensions. Conformément à son habitude, Theunissen effectue d’abord un modèle en argile représentant le jeune combattant nu, avant de le vêtir de son uniforme. Un moulage en plâtre est ensuite présenté sur place puis tronçonné et expédié au fondeur Alexis Rudier en . La statue est finalement assemblée et ciselée à partir des coulées obtenues[2]. L'œuvre, qui s’inscrit à la fin de la carrière de Corneille Theunissen, reçoit la médaille d'or au Salon des artistes français le [3] - [2].
Le Conscrit de 1814 est inauguré le dans le jardin du collège de Boncourt à l’École polytechnique, en présence du président de la République, Raymond Poincaré et du ministre de la Guerre, Adolphe Messimy, avec la musique de la garde républicaine[4], quelques semaines avant le début de la Première Guerre mondiale[5].
Le , une délégation de l’École polytechnique offre à l'académie militaire de West Point une réplique grandeur nature du bronze en signe de fraternité entre les deux nations et écoles[5]. Cette copie y porte le nom de Monument de l'École polytechnique[6].
La statue, déplacée en 1980 dans la cour voisine du 5 rue Descartes à Paris où siège l'association des anciens élèves et diplômés de l'École polytechnique sur demande du ministre des Universités[1], est finalement transférée en à Palaiseau où a déménagé l'École en 1977. Elle occupe donc désormais la cour Vaneau, cour d'honneur de l'École polytechnique, et constitue un des symboles de l'École[5].
Description
La statue représente un élève de l'École polytechnique servant dans l'armée napoléonienne en 1814 durant la Bataille de Paris. Les troupes coalisées sont alors aux portes de Paris et les élèves, n'ayant pour expérience militaire que quelques cours d'artillerie, demandent à Napoléon de participer à la défense de Paris. Les polytechniciens se distinguent dans la défense de la barrière du Trône, sans pour autant empêcher la défaite napoléonienne. Le fait d'armes est désormais inscrit sur le drapeau de l'École : « Défense de Paris, 1814 »[7] - [8].
Le polytechnicien est représenté debout, le sabre brandi, un canon brisé à ses pieds et la hampe de son drapeau appuyée contre l'épaule[5]. La statue de bronze est placée sur un piédestal de granit rose de Baveno, gravé « L’École polytechnique à la défense de Paris 1814 »[2]. On peut citer certains détails notables, traditionnellement nommés par les élèves-officiers de West Point les « quatre erreurs sur le Monument français » : le sabre est courbé mais le fourreau droit ; le drapeau souffle dans une direction, le manteau en suit une autre ; un bouton est déboutonné et les boulets de canon sont trop gros pour la bouche du canon[9].
La statue est présentée au Salon des artistes français avec la citation suivante : « Sur un fond de fascines bouleversées avec canon et boulets un polytechnicien de l’époque, étroitement guêtré, soulève de la main gauche le drapeau français tandis que de la main droite il élève d’un geste magnifique son sabre recourbé. Un cri sort de sa poitrine, et, sur ce masque contracté par la gloire, on lit la volonté de se sacrifier pour la Patrie ; au bas la devise : Pour la Patrie, les Sciences et la Gloire[alpha 1] ».
Notes
- Devise de l'École polytechnique donnée par Napoléon en 1804[10].
Références
- « Monument commémoratif de la bataille de Paris en 1814 », sur polytechnique.edu.
- Pierre Bouleistex, « Énigme polytechnicienne », La Jaune et la Rouge, no 620,‎ , p. 32-35 (lire en ligne [PDF]).
- « Mais qui est Corneille Theunissen ? », sur polytechnique.edu, .
- Bernard Villermet, « L’École polytechnique de 1914 à 1920 », Bulletin de la SABIX (Société des amis de la bibliothèque et de l’histoire de l’École polytechnique), no 10,‎ , p. 5-57 (lire en ligne).
- Marie-Christine Thooris, « De Polytechnique à West Point : un monument commémoratif signé Theunissen », sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr, .
- (en) « Tour of West Point (Slide 9 of 14) » [archive du ], sur USMA.edu, (consulté le ).
- Emmanuel Grison, « Napoléon 1er », Bulletin de la SABIX (Société des amis de la bibliothèque et de l’histoire de l’École polytechnique), no 23,‎ (DOI 10.4000/sabix.214, lire en ligne).
- « Une Restauration difficile », sur polytechnique.edu.
- (en) Glenn Hulse, Bugle Notes 1994, State College, PA, Jostens Publishing, , p. 171, 254–255.
- Emmanuel Grison, « François Arago et l'École polytechnique », SABIX (Société des amis de la bibliothèque et de l’histoire de l’École polytechnique), no 4,‎ (DOI 10.4000/sabix.559, lire en ligne).
Bibliographie
- Catherine Limousin, Corneille Theunissen et Paul Theunissen. Catalogue raisonné, Mare et Martin Arts, (ISBN 1092054359).
- Inauguration du monument commémoratif de l'École polytechnique à la Défense de Paris en 1814, Paris, École polytechnique, .
- Jean-Pierre Callot, Histoire de l'École polytechnique, Charles Lavauzelle, (lire en ligne).
- Gaston Pinet, Histoire de l'École polytechnique, Librairie polytechnique Baudry et cie, (lire en ligne).
Articles connexes
Liens externes
- Pierre Bouleistex, « Énigme polytechnicienne », La Jaune et la Rouge, no 620,‎ , p. 32-35 (lire en ligne [PDF]).
- Catherine Limousin, « Festival de l'Histoire de l'art 2016 : Corneille et Paul Theunissen » [PDF].