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Lavender Menace

La Lavender Menace en français : « Menace mauve » est une organisation féministe radicale lesbienne créée à New York en 1970 par des militantes lesbiennes du Gay Liberation Front (GLF) et de la National Organization for Women (NOW). Parmi les fondatrices, se trouvent Karla Jay, Rita Mae Brown, Barbara Love, et Ellen Shumsky (en).

Origines

L'expression « Lavender Menace » apparaît pour la première fois en 1969 de la part de Betty Friedan, présidente de la NOW, pour rendre compte de la menace que représentait à son avis l'association du lesbianisme avec le mouvement des femmes émergeant. La couleur mauve servait alors de symbole associé à l'homosexualité féminine, d'où l'expression.

Friedan et d'autres féministes craignaient que le lesbianisme décourage les efforts des féministes à réformer la société, et que les stéréotypes des lesbiennes vues comme « masculines » ou « détestant les hommes » discréditent leur mouvement. Dans cet ordre d'idées, elles omirent les Daughters of Bilitis de la liste des sponsors de la première conférence pour l'Union des femmes en . Cette décision et la remarque de Friedan menèrent la féministe lesbienne Rita Mae Brown à démissionner de son travail administratif à la NOW en [1].

Le , la féministe radicale hétérosexuelle Susan Brownmiller réfuta les inquiétudes de Friedan au sujet de cette « menace mauve » dans un article du New York Times. La manière humoristique qu'elle utilisa pour se distancier de la lesbophobie de Friedan a cependant été vue elle-même comme une forme d'homophobie par certaines féministes lesbiennes, comme si les lesbiennes représentaient une partie insignifiante du mouvement, et que les problèmes rencontrés par les lesbiennes ne faisaient que détourner les autres des vrais problèmes.

Seconde conférence pour l'Union des femmes

En réaction aux commentaires inappropriés de Brownmiller et aux déclarations publiques de Friedan, Rita Mae Brown suggéra à son groupe de se manifester lors de la deuxième conférence pour l'Union des femmes (Second Congress to Unite Women) à New York le , dans le programme de laquelle ne figurait aucune lesbienne déclarée.

Elles préparèrent un manifeste de dix paragraphes intitulé The Woman-Identified Woman , et des t-shirts mauve avec les mots « Lavender Menace » pour tout le groupe. Karla Jay, l'une des organisatrices et participantes du « zap », raconte qu'elles éteignirent les projecteurs sur les intervenantes pour les allumer sur elles-mêmes, portant leurs t-shirts et brandissant des pancartes, invitant l'auditoire à les rejoindre. Karla Jay, placée au milieu du public, dit avoir crié : « Oui, oui mes sœurs ! J'en ai assez d'être dans le placard à cause du mouvement des femmes ». À la consternation de l'assistance, elle déboutonna sa blouse, sous laquelle elle portait un des fameux t-shirts Lavender Menace imaginés et imprimés par l'activiste Donna Gottschalk[2]. Il y eut des rires comme elle rejoignait les autres. Rita Mae Brown enleva son t-shirt, mais elle en portait un autre. L'effet comique retourna le public de leur côté[3].

Elles distribuèrent le manifeste et expliquèrent leur action, et infléchirent la conférence sur les sujets du lesbianisme et de l'homophobie. Les femmes de toute orientation sexuelle s'unirent dans une danse collective[4].

Notes et références

  1. Monique Wittig (préf. Sam Bourcier), La pensée straight, Paris, Éditions Amsterdam, , 153 p. (ISBN 978-2-35480-175-5), « Wittig La Politique », p. 37
  2. (en) « The pioneering American photographer who captured 1970s lesbian culture », sur Wallpaper*, (consulté le )
  3. Jay 1999, p. 143.
  4. Brownmiller 98.

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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