Accueil🇫🇷Chercher

La novillada

La novillada (« La Course de jeunes taureaux[2] Â»), est une peinture de Francisco de Goya rĂ©alisĂ©e en 1780 Ă  l'Ă©poque oĂą il s'essayait lui-mĂŞme Ă  la tauromachie (Ă©poque de sacripant). Elle fait partie de la quatrième sĂ©rie des cartons pour tapisserie destinĂ©e Ă  l'antichambre du Prince des Asturies au Palais du Pardo.

La novillada
La Course de jeunes taureaux
Artiste
Date
Type
Technique
Dimensions (H Ă— L)
136 Ă— 259 cm
Mouvement
No d’inventaire
Gassier-Wilson : 133
Localisation

Contexte

Goya Ă©tait un aficionado et il frĂ©quentait le monde de la tauromachie considĂ©rĂ© alors comme « le refuge de la canaille oĂą vauriens ruffians et aventuriers sont Ă  l'aise[3]. Â» Il fait une description du tableau La Novillada en indiquant qu'il s'agit d'une passe de cape Ă  laquelle participent plusieurs jeunes gens, sans toutefois se nommer lui-mĂŞme alors qu'il s'est plus ou moins autoportraiturĂ©[4]. Il a par la suite fait plusieurs portraits de toreros dont le plus connu est celui de Pedro Romero[5].

Historique

Tous les tableaux de la quatrième série sont destinés à l'antichambre du Prince des Asturies, c'est-à-dire de celui qui allait devenir Charles IV et de son épouse Marie Louise de Parme, au palais du Pardo[6]. Le tableau fut livré à la Fabrique royale de tapisserie le [7] et reçu par son directeur, Cornelio Vandergoten. Par un document daté du , mais dont on ne connait pas la provenance, il est dit que la tapisserie La Novillada devait être accrochée sur le mur sud de l'antichambre des princes à côté d'une autre tapisserie : El Resguardo de tabacos[8].

Il fut considéré perdu jusqu'en 1869, lorsque la toile fut découverte dans le sous-sol du Palais royal de Madrid par Gregorio Cruzada Villaamil, et fut remise au musée du Prado en 1870 par les ordonnances du et du , où elle est exposée dans la salle 91[7]. La toile est citée pour la première fois dans le catalogue du musée du Prado en 1876[8].

La série était composée de El Ciego de la guitarra, El Columpio, Las Lavanderas, La Novillada, El Resguardo de tabacos, El Muchacho del pájaro et El Niño del árbol, Los Leñadores, El Majo de la guitarra, La Cita, El Médico, El Balancín et deux cartons perdus, El Perro[9] et La Fuente[10].

Description

C'est une fête semblable aux Taureaux de Carabanchel de Francisco Bayeu. L'historien José Camón Aznar y voit un rapport avec les souvenirs de jeunesse de Goya (époque où il s'essayait à la tauromachie)[11]. On dit que les couleurs vives rendaient fous les tisserands de la fabrique royale chargés de composer les tapisseries d'après l'esquisse de Goya[11].

L'ensemble présente un groupe de jeunes gens en costume coloré, et dans le personnage principal qui tourne la tête vers les spectateurs, on a vu un portrait de l'artiste lui-même[12]. C'est également ce qu'affirme Claude Pelletier : « Témoin de son temps, Goya fut probablement torero amateur dans sa jeunesse. Il s'est représenté ici en costume rouge, dans le personnage principal de cette humble novillada[13]. »

Les couleurs vives sont caractĂ©ristiques de la « première pĂ©riode Â» de Goya, de mĂŞme que l'abondance de Majos qui Ă©taient, selon la circonstance, soit des gens du peuple, soit des nobles vĂŞtus comme tels. Édouard Manet a donnĂ© la description dans un de ses tableaux les plus connus, Jeune Homme en costume de majo. Les majos et majas Ă©taient connus pour leur recherche vestimentaire inspirĂ©es des coutumes populaires[14].

Toutefois, le directeur de la fabrication, Cornelio Vandergoten, donne une version différente de Goya sur l'interprétation de la scène. Selon lui, les personnages seraient ici dans une position de tirage au sort (sorteo)[6].

La Balançoire et La Novillada pourraient représenter un passage écrit par Nicolás Fernández de Moratín, père de Leandro, dans le poème clandestin Arte de las putas[15] :

«

Huya el diestro costumbre tan maldita
dé siempre el hurgonazo de pasada
a Cándido incitando, el gran torero
qué, por la pronta, es limpia su estocada

»

— Nicolás Fernández de Moratín, Arte de las putas (II, 135-138)

«

Fuyez de cette bonne habitude si maudite
donnez toujours un coup de râble en passant
en incitant Candide, le grand torero
dont, tout d'un coup, l'estocade est propre

»

Cependant, selon Jeannine Baticle, Goya n'aurait commencé à fréquenter les Lumières de la capitale qu'à partir de 1779, et il est probable qu'il n'ait eu accès à ce poème — écrit au début des années 1770 — qu'à travers eux, et donc après la réalisation de ce carton[16].

La tauromachie de Goya

Outre La Tauromaquia, Goya a Ă©tĂ© très inspirĂ© par les jeux tauromachiques populaires. On trouve plusieurs rĂ©pliques de ses Enfants jouant au taureau dont une au musĂ©e Lázaro Galdiano de Madrid ; Le Picador, est une huile sur toile (56 Ă— 47 cm) se trouvant au musĂ©e du Prado qui serait une Ă©tude pour un tableau plus grand destinĂ© Ă  la Almeda de Osuna intitulĂ© : Choix de taureaux.

Après sa maladie qui le rend sourd, Goya se consacre presque uniquement Ă  la tauromachie lors d'un sĂ©jour en Andalousie en 1790. Il en sortira une sĂ©rie de douze petits tableaux sur mĂ©tal intitulĂ©s Scènes de divertissements nationaux qu'il prĂ©sente comme le moyen « d'occuper son imagination mortifiĂ©e[17]. » On a coutume de dĂ©signer huit de ces petits tableaux qui forment un ensemble cohĂ©rent vingt ans avant la Tauromachie gravĂ©e sous le nom de SĂ©rie Torrecilla, nom du marquis auquel cette collection avait appartenu[18].

Les Ĺ“uvres sur la corrida sont innombrables et pas toujours très bien localisĂ©es. Beaucoup sont dans des collections particulières comme La Pose des banderilles (1793-1794, huile sur fer blanc, 43 Ă— 31 cm).

Notes et références

  1. (es) « Fiche de La Novillada », sur museodelprado.es (consulté le )
  2. Rita de Angelis (trad. de l'italien par Simone Darses), Tout l'Ĺ“uvre peint de Goya, Paris, Flammarion, , 144 p. (ISBN 2-08-011202-3), p. 96
  3. Pelletier 1992, p. 47.
  4. Martinez-Novillo 1988, p. 52.
  5. Martinez-Novillo 1988, p. 51.
  6. Collectif Prado 1996, p. 307
  7. (es) « Fiche de La Novillada », sur museodelprado.es (consulté le )
  8. Collectif Prado 1996, p. 308
  9. (es) « Fiche d’El Perro », sur fundaciongoyaenaragon.es, (consulté le )
  10. (es) « Fiche de La Fuente », sur fundaciongoyaenaragon.es, (consulté le )
  11. Martinez-Novillo 1988, p. 52
  12. CamĂłn Aznar 1980, p. 110-111
  13. Pelletier 1992, p. 45
  14. de CossĂ­o 1980, p. 748-750
  15. (es) Janis Tomlinson, « Fiche encyclopédique sur les Cartons de Goya », sur museodelprado.es (consulté le )
  16. Jeannine Baticle, Goya d'or et de sang, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes Gallimard / Arts » (no 7), , 176 p. (ISBN 978-2-07-053023-6), p. 24
  17. Martinez-Novillo 1988, p. 55
  18. de CossĂ­o 1980, p. 751-759

Annexes

Bibliographie

  • Alvaro Martinez-Novillo, Le Peintre et la Tauromachie, Paris, Flammarion,
  • (es) JosĂ© CamĂłn Aznar, Francisco de Goya, Zaragoza,
  • (es) JosĂ© MarĂ­a de CossĂ­o, Los toros: Tratado tecnico e historico, t. II, Espasa Calpe, , 11500 p. (ISBN 84-239-6008-0)
  • Claude Pelletier, L'heure de la corrida, Paris, Gallimard, coll. « DĂ©couvertes Gallimard / Culture et sociĂ©tĂ© » (no 144), , 176 p. (ISBN 2-07-053189-9)
  • (es) Juan J. Luna et al, Goya, 250 aniversario, Madrid, MusĂ©e du Prado, , 436 p. (ISBN 84-87317-48-0 et 84-87317-49-9)
  • (es) Gregorio Cruzada Villaamil, Los tapices de Goya, Rivadeneyra, , 148 p. (OCLC 27205287), p. 31, 34, 131
  • (es) V. de Sambricio, Tapices de Goya, Madrid, Patrimonio Nacional, , p. 115; 233-234
  • (es) JosĂ© Manuel Arnaiz, Francisco de Goya : cartones y tapices, Madrid, Espasa Calpe, , p. 101-116, 275
  • (es) Janis Tomlinson, Francisco de Goya : los cartones para tapices y los comienzos de su carrera en la corte de Madrid, Madrid, Cátedra, , 128, 136-144 (ISBN 978-84-376-0392-6)
  • Jean Laurent, Catalogue illustrĂ© des tableaux du MusĂ©e du Prado Ă  Madrid, Madrid, J. Laurent et Cie, , p. 23

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.