La Montagne qui craque
La Montagne qui craque est une légende japonaise connue sous le nom de Kachi-kachi yama.
LĂ©gende
Il était une fois un vieil homme et sa femme qui avaient adopté un lièvre comme animal de compagnie… Un jour, un chien viverrin venant à passer par là mange la nourriture du lièvre. Le vieil homme, entrant dans une colère noire, se saisit de la bête, l'attache étroitement contre un arbre et part couper du bois dans la montagne.
Pendant ce temps, sa femme s’occupe de moudre des grains pour le repas du soir.
C’est alors que le chien viverrin, les yeux remplis de larmes, supplie cette dernière de défaire ses liens. Prise de pitié, la veille femme obtempère. Sitôt libéré, l'animal, peu reconnaissant, la menace de se venger sur-le-champ de ce que lui avait fait subir son mari. En entendant cela, le lièvre court dans la montagne prévenir son maître.
Durant l'absence du lièvre, le chien viverrin tue la malheureuse femme et fait un bouillon avec son corps.
Lorsque le vieil homme revient chez lui, fatigué et affamé, le chien viverrin, sous les traits de sa femme, lui propose un bouillon qu’il dit avoir confectionné avec la chair de sa capture et le sert. Une fois le repas terminé, la bête lui raconte comment elle s'est vengée. Le lièvre, déterminé à punir la mort de sa maîtresse, invite le chien viverrin à retourner dans la montagne en sa compagnie pour y chercher du bois. Son compagnon porterait le fagot pendant que lui-même ramasserait les branches mortes.
Chemin faisant, il met le feu au bois. Lorsque le chien viverrin perçoit les craquements du fagot en train de brûler, il demande :
— Hé ! Quel est ce bruit ?
— Oh ! répond le lièvre, ce bruit est fréquent à cet endroit. C’est la raison pour laquelle on l’appelle la Montagne qui craque.
Au fur et à mesure que les flammes s’amplifient, le bruit devient de plus en plus important : Pop ! Pop ! Pop !
— Quel est ce bruit ?
— Cet endroit est appelé la Montagne qui fait pop, pop.
Les flammes finissent par atteindre le dos du chien viverrin. Hurlant de douleur, le dos calciné, l’animal saute dans la rivière toute proche. Voyant la possibilité de torturer son compagnon, le lièvre lui propose un remède qui, dit-il, est souverain contre les brûlures. Il confectionne donc un cataplasme de piment de Cayenne et l'applique bouillant sur le dos du chien viverrin, puis il le quitte.
Une fois guéri, le chien viverrin se rend chez le lièvre pour lui reprocher ses actes. Il le trouve construisant une embarcation qui lui servirait, dit-il, à rejoindre la capitale de la Lune[1] et lui propose de l’accompagner dans son voyage.
— L’expérience de la montagne m’a suffi, dit le chien viverrin. Je construirai un bateau pour moi seul !
Joignant le geste à la parole, il entreprend de construire un bateau en glaise et les deux compères embarquent. Quand les vagues viennent heurter la proue des embarcations, celle du blaireau se délite complètement. Le lièvre, saisissant sa rame, frappe sauvagement l'esquif du chien viverrin jusqu’à le mettre en pièces et noyer son ennemi. Il part ensuite raconter l'aventure à son maître.
En entendant ce récit, le vieil homme comprend que sa femme est vengée et, plus que jamais, choie le lièvre.
Bibliographie
- A. B. Mitford, Tales of Old Japan (Myth, Legend and Folklore), Wordsworth Edition Limited, 2000 (ISBN 9781840225105).
- Kazuichi Hanawa (trad. du japonais), Contes du Japon d'autrefois [« Nippon mukashi banashi »], Bruxelles, Kana, coll. « Sensei », , 264 p., 14,8 x 21 cm (ISBN 978-2-505-00333-5, OCLC 470946301, présentation en ligne)
Notes
- Les montagnes de la lune ont, pour les Japonais, la forme d’un lièvre.