La Maison du silence
La Maison du silence est un film franco-italien réalisé par Georg Wilhelm Pabst et sorti en 1953.
Titre original | La voce del silenzio |
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RĂ©alisation | Georg Wilhelm Pabst |
Acteurs principaux | |
Pays de production | Italie France |
Genre | Drame psychologique |
Durée | 110 min |
Sortie | 1953 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
Bruit, agitation, dĂ©sordre, des hommes appartenant Ă tous les milieux, venant de tous les horizons cherchent Ă donner un sens Ă leur existence et Ă retrouver leur paix intĂ©rieure au cours dâune retraite dans « la Maison du silence ». Trois jours durant, tous ces hommes vont mĂ©diter sur leur vie.
Résumé
1952 Ă Rome. Au cĆur de lâagitation romaine, dans la cohue dâun grand magasin, Luigi, un petit voleur Ă la tire, se faisant surprendre par un surveillant, rĂ©ussit Ă lui Ă©chapper en se glissant parmi un groupe de personnes entrant dans « la Maison du silence ». LĂ , perchĂ© sur une colline, loin du vacarme de la ville, existe un Ă©tablissement religieux oĂč, dans le recueillement et la mĂ©ditation, recherchant une paix bienfaisante, les pĂ©nitents viennent y faire retraite, accueillis par des pĂšres jĂ©suites. La cure, sous la direction spirituelle dâun PĂšre supĂ©rieur, dure trois jours et les pĂ©nitents vivent obligatoirement dans un isolement absolu. « VoilĂ , je vous regarde, mes frĂšres. Vous ĂȘtes tous diffĂ©rents, et vous ĂȘtes tous pareils : chacun Ă la recherche de soi-mĂȘme », leur dĂ©clare le pĂšre prĂ©dicateur durant son sermon prĂ©liminaire.
Comme chaque annĂ©e depuis 13 ans, Pio Fabiani, un fabricant de cierges, est lĂ plus par habiletĂ© commerciale que par sincĂ©ritĂ©. Cet homme avare, colĂ©reux et bigot est le fournisseur du Saint-SiĂšge en bougies en cire. Il sâoppose Ă Fernand, lâamoureux de sa fille, inventeur dâune cire synthĂ©tique qui coĂ»te moins cher et dure deux fois plus de temps. Pio ne veut pas de cette ratatouille chimique qui nâa rien Ă voir avec la cire fabriquĂ©e par les abeilles, les crĂ©atures de Dieu, qui butinent les fleurs, les crĂ©atures de Dieu. Quelle comĂ©die devra-t-il jouer pour concilier les devoirs spirituels du pĂ©nitent aux prĂ©occupations du commerçant ?
Depuis son entrĂ©e dans le monastĂšre, Andrea Sanna suit assidĂ»ment les offices. Cet homme politique est assailli de tourments, de remords. Durant la seconde guerre, chef de partisans dâun maquis de rĂ©sistance, il fut le responsable dâune mission de sabotage dâun pont frĂ©quentĂ© par les chars allemands, dont lâexplosion provoqua la mort de deux enfants innocents et de leur grand-pĂšre aveugle. Son acte hĂ©roĂŻque a fait de lui un criminel. Nâayant plus trouvĂ© depuis ce jour le repos de sa conscience, il prie pour que Dieu pardonne son crime. Est-ce possible ?
UsĂ©, fatiguĂ© et mĂ©connaissable, tuberculeux au dernier degrĂ©, Francesco Ferro revient de captivitĂ© sept ans plus tard, aprĂšs avoir connu lâamour passionnĂ© et partagĂ© avec Anna-Maria, la mĂšre de son enfant. PortĂ© disparu depuis longtemps, aura-t-il le courage de se prĂ©senter devant sa fille et sa femme, apprenant que cette derniĂšre remariĂ©e, vit heureuse avec un autre homme, le pĂšre de son deuxiĂšme enfant ?
Mario Rossi, Ă©crivain Ă succĂšs, est venu lĂ inquiet du scandale soulevĂ© par lâaventure tragique dâadolescents pervertis par ses romans : le jeune Gino est inculpĂ© pour avoir organisĂ©, en public, la vente aux enchĂšres des sous-vĂȘtements de son amie jusquâĂ sa nuditĂ©, provoquant dans la bousculade la chute mortelle dâun enfant. Va-t-il reconnaĂźtre sa part rĂ©elle de responsabilitĂ©, en tant quâĂ©crivain et renoncer Ă publier ses histoires sordides ?
ConsternĂ© par un tel tumulte dâĂąmes en souffrance, un jeune prĂȘtre-assistant qui recueille les confidences de ces hommes commence Ă douter de sa mission, car selon la rĂšgle il doit les laisser seuls face Ă leur problĂšme et ne peut les aider.
Ă la fin du sĂ©jour, chacun repart vers son destin, sans emprunter la mĂȘme voie :
- Francesco est le premier Ă partir. Il a pu revoir dans un parc de la ville sa fille puis sa femme mais en restant Ă distance, sans oser les aborder, ne se reconnaissant pas le droit de briser leur bonheur. Sans espoir, sa vie nâaura plus de sens.
- Rossi renonce Ă son tour au secours de lâĂ©glise, estimant que le bon dieu est trop loin pour sâoccuper de lui. Il est dĂ©cidĂ© Ă continuer Ă publier ses Ă©crits mĂȘme si câest pour satisfaire le goĂ»t malsain de ses lecteurs. Le marchĂ© est honnĂȘte. Il ne fait que livrer ce quâon attend de lui. Peu lui importe aprĂšs tout oĂč est le bien et dâoĂč nait le mal. Le pĂšre supĂ©rieur de la Maison du silence nâaura pu rĂ©ussir Ă lui faire perdre son cynisme. DĂšs la sortie, son producteur lui annonce son accord pour un film sur son procĂšs.
- AprĂšs avoir demandĂ©, en vain, de lâaide auprĂšs du jeune prĂȘtre pour savoir si Dieu est prĂȘt Ă lui pardonner, Andrea Sanna trouvera la paix dans les Ordres. La retraite aura en tout cas un tel effet sur le maquisard pour rĂ©soudre sa crise quâil dĂ©cidera de rester au sein de lâĂglise.
- Pio Fabiani aura tirĂ© un sacrĂ© avantage de sa retraite au monastĂšre. PrĂ©venu Ă temps par le sacristain, il apprend que les autoritĂ©s ecclĂ©siastiques vont passer une commande de cierges synthĂ©tiques. MalgrĂ© lâinterdiction, il tĂ©lĂ©phone Ă sa femme pour que son employĂ© Fernand ne vende pas son brevet et trouve miraculeusement le moyen de sauver son entreprise en utilisant la technologie moderne. Seule concession, il devra accepter les fiançailles de sa fille avec Fernand.
- Luigi, seul à ne pas avoir de problÚmes spirituels à résoudre, est touché par la grùce. Il se repent et quitte le monastÚre aprÚs avoir, pour se racheter de ses larcins, offert à la Madone tous ses biens volés.
SubmergĂ© par le doute, le prĂȘtre-assistant a bien demandĂ© au pĂšre supĂ©rieur dâĂȘtre relevĂ© de sa charge. Ce dernier refuse et lui donne lâordre dâobĂ©ir Ă son devoir de sacerdoce pour exĂ©cuter une mission de charitĂ©. DĂ©sespĂ©rĂ©, avant de partir, il Ă©crit une lettre de dĂ©mission adressĂ©e au RĂ©vĂ©rend pĂšre gĂ©nĂ©ral de la Compagnie de JĂ©sus. Dehors dans le bruit de la ville une jeune femme est renversĂ©e par un camion. Câest grave, on crie Ă un prĂȘtre, il arrive Ă temps pour lui administrer lâextrĂȘme-onction et soulagĂ©, retourne dans « La Maison du Silence ».
Fiche technique
- Titre italien : La voce del silenzio
- Autre titre : La Conciencia acusa
- RĂ©alisation : Georg Wilhelm Pabst
- Assistant : Serge Vallin
- Scénario : Cesare Zavattini
- Adaptation et dialogue : Pierre Bost, Roland Laudenbach avec la collaboration de Giuseppe Berto, Oreste Biancoli, Tullio Pinelli, Giorgio Prosperi, Bruno Paolinelli, Bonaventura Tecchi, Ăkos Tolnay, Pietro Tompkins, Franz von Treuberg
- Organisation générale : Carlo Civallero
- Photographie : GĂĄbor PogĂĄny
- Son : William-Robert Sivel
- Costumes : Mario Vigolo
- Lieu de tournage : CinecittĂ
- Musique : Enzo Masetti
- Direction musicale : Fernando Previtali
- Montage : Eraldo Da Roma
- Montage version française : Borys Lewin
- Co-production franco-italienne : Cines (Rome), Franco London Film (Paris)
- Durée : 110 minutes
- Format : Noir et blanc
- Dates de sortie :
Distribution
- Aldo Fabrizi : Pio Fabiani, le fabricant de bougies
- Jean Marais : Andrea Sanna, l'homme politique, ancien maquisard
- Daniel GĂ©lin : Francesco Ferro, l'ancien prisonnier
- Cosetta Greco : Anna Maria Ferro, la femme du prisonnier
- Franck Villard : Mario Rossi, l'Ă©crivain
- Antonio Crast : Anselmi, le pÚre prédicateur
- Eduardo Ciannelli : le pÚre supérieur
- Paolo Panelli : Luigi, le petit voleur
- Fernando FernĂĄn GĂłmez : le prĂȘtre assistant
- Rossana PodestĂ : Angolina De Bellis
- Paolo Stoppa : l'Ă©diteur de l'Ă©crivain
- Enrico Luzi : Fernando, le fiancé de Pietta
- et non crédités :
- Maria Grazia Francia : Pietta Fabiani, la fille de Pio
- Pina Piovani : Teresa Fabiani, la femme de Pio
- Checco Durante : le sacristain
- Franco Scandurra : lâavocat de lâaccusĂ©
- Ezio Rossi : Gino
- Piero Palermini : un partisan
- Aristide Baghetti : le grand-pĂšre aveugle
- Franco Pesce : don Michele
- Oscar Andriani : le président du tribunal
- Roberto Mauri : un pénitent
- Goliarda Sapienza: la femme mourante
- Edilio Kim : l'homme en retraite spirituelle
- Terence Hill (sous le nom de Mario Girotti) : le garçon du bar
Autour du film
Georg Wilhelm Pabst, autrichien, considĂ©rĂ© comme un des plus grands cinĂ©astes de langue allemande dâavant-guerre (rĂ©alisateur de Loulou avec Louise Brooks), a eu le tort de s'accommoder de l'Anschluss qui l'avait fait devenir allemand de 1938 Ă 1945 et de rester en Allemagne durant la pĂ©riode nazie, oĂč il avait signĂ© quelques films sans intĂ©rĂȘt. Cherchant dĂ©sespĂ©rĂ©ment, dans les annĂ©es 1950, Ă retrouver son talent de crĂ©ateur, le voici en Italie en 1952, oĂč il rĂ©alise cette Maison du silence, connue dans la PĂ©ninsule sous le titre de La Voce del silenzo[1].
Lâaction se passe quasiment en vase clos, dans un monastĂšre romain oĂč, dans cet asile de repos, de priĂšre et de mĂ©ditation, trois hommes se trouvent rĂ©unis pour analyser leur propre situation : un Ă©crivain de renom (Franck Villard), un ancien maquisard (Jean Marais) et un ex-prisonnier de guerre (Daniel GĂ©lin. Cet auto-psychodrame conduit ces individus, ayant tous quelque chose Ă se reprocher, Ă une rĂ©flexion sur la culpabilitĂ© afin dâapaiser leurs consciences[2].
La seule concession à ce thÚme religieux est une séquence de strip-tease impliquant la jeune actrice italienne Rossana Podestà , ùgé de 18 ans.
En accord avec le titre du film, peu de mots sont parlés dans La Maison du silence. à cet égard, le film est un retour en arriÚre comme dans les films muets classiques de Pabst.
Mais ce film à sketches souffre de la faiblesse du scénario et des dialogues malgré l'intervention du scénariste italien Cesare Zavattini et celle de Jean Cocteau, non crédité dans le générique[3] en fait de Jean Marais qui réécrivit ses propres dialogues (cf Contes Albin Michel 1978).
Dans cette coproduction franco-italienne, dominée par une équipe artistique italienne pléthorique dont Aldo Fabrizi et Eduardo Ciannelli, le réalisateur a utilisé à bon escient le procédé du flashback pour raconter les histoires passées des pénitents interprétées par le trio français : Marais, Gélin et Villard.
Notes et références
- Gilles Durieux, Jean Marais - Biographie, Paris, Flammarion, 2005, page 175 (ISBN 9782080684325)
- Christian Dureau, Jean Marais, lâĂ©ternelle prĂ©sence, Ăditions Didier Carpentier, 2010, page 46 (ISBN 978-2-84167-645-3)
- Carole Weisweiller et Patrick Renaudot, Jean Marais, le bien-aimĂ©, Ăditions de La Maule, 2013, page 143
Annexes
Articles connexes
- La Maison du silence (1983), roman d'Orhan Pamuk
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- CinémathÚque québécoise
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (it) Cinematografo.it
- (de + en) Filmportal
- (en) IMDb
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- http://cinema.encyclopedie.films.bifi.fr/index.php?pk=42347
- http://www.encyclocine.com/index.html?menu=72608&film=8965