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La Havane-Babylone. La prostitution Ă  Cuba

La Havane-Babylone. La prostitution Ă  Cuba est un essai du journaliste cubain Amir Valle. L'ouvrage est publiĂ© pour la première fois en 2006 en Espagne, sous le titre Jineteras[N 1]. Alors que les autoritĂ©s cubaines contestent le dĂ©veloppement de la prostitution sur l'Ă®le, cet essai prĂ©sente son essor notamment Ă  partir des annĂ©es 1990. Il est interdit Ă  Cuba, mais circule « sous le manteau Â».

La Havane-Babylone. La prostitution Ă  Cuba.
Auteur Amir Valle
Pays Drapeau de Cuba Cuba
Genre Essai
Version originale
Langue Espagnol
Titre Jineteras
Date de parution 2006
Version française
Traducteur François Gaudry
Éditeur Éditions Métailié
Date de parution 2010
Série Bibliothèque hispano- américaine

Ă€ la suite de la publication du livre, Amir Valle s'est vu refuser de rentrer Ă  Cuba et doit vivre en exil Ă  Berlin en Allemagne.

Présentation

Le journaliste d'investigation Amir Valle a effectué dix ans de recherche pour rédiger cet essai sur la prostitution à Cuba. Il a recueilli le témoignage de centaines de cubains : « prostituées, proxénètes, policiers ripoux, hôteliers, chauffeurs de taxi, tenanciers de bordel, trafiquants de drogue... »[1].

Dans le chapitre intitulé L’île des délices, l’auteur fait l’historique de la prostitution à Cuba. Il y cite ses sources comme le travail de l’historien cubain Fernando Ortiz Fernández, les documents ecclésiastiques, les études de Roland H. Wright. Il évoque la déportation des esclaves noirs jusqu’au « bordel de l’Amérique » quand Cuba devient l’aire de jeux de son voisin les États-Unis [2].

Après la révolution cubaine de 1959, le régime communiste de Fidel Castro interdit la prostitution, elle est officiellement éradiquée avec notamment l’engagement de la présidente de la Fédération des femmes cubaines, Vilma Espin, épouse de Raul Castro. Mais la prostitution perdure et les autorités la tolèrent. Elle se développe sans contrôle dans « un monde de la nuit obscure, sinistre, sordide, qui n’obéit qu’à ses propres lois et semble célébrer un culte au Marquis de Sade » [3] - [4]. Amir Valle décrit la face cachée de la prostitution cubain : pratiques obscènes demandées par nombre de clients, horreur de certaines, actes pornographiques voire scatologiques [2].

L’exercice de la prostitution est devenu banal Ă  Cuba. NĂ©cessitĂ© fait loi, toutes les strates de la population sont touchĂ©es par ce flĂ©au : « ouvrières, paysannes, Ă©tudiantes, femmes au foyer Â». Les femmes obligĂ©es de s’y adonner, pour subvenir aux besoins de leurs familles, vivent dans des conditions Ă©prouvantes souvent victimes du sida ou des rivalitĂ©s entre les proxĂ©nètes [3] - [5]. NĂ©anmoins les prostituĂ©es peuvent acquĂ©rir un statut enviĂ© Ă  Cuba, elles gagnent de l’argent et permettent Ă  leur entourage de vivre mieux. Ce niveau de vie, supĂ©rieur Ă  celui des diplĂ´mĂ©s universitaires, permet aussi d’accĂ©der aux mĂ©dicaments, matĂ©riaux de construction introuvables dans les magasins habituels, matĂ©riel informatique et Ă  d'autres produits vitaux inaccessibles aux Cubains moyens. Certaines rĂ©ussissent mĂŞme Ă  quitter Cuba en partant avec des clients Ă©trangers [1] - [3].

À la suite de la publication du livre, Amir Valle, alors qu’il voyage en Espagne, ne peut pas retourner à Cuba. Il s’installe en Allemagne à Berlin[6].

Accueil critique

L’écrivain Manuel Vázquez Montalbán Ă©voque un Ă©crivain talentueux : « J’ai lu peu d’études sur une plaie sociale Ă©crites avec une telle maĂ®trise littĂ©raire » [4]. Pour Morgane BrĂ©ard du Mouvement du Nid, Amir Valle « s’est penchĂ© avec rigueur et humanitĂ© sur ce phĂ©nomène »[5]. Jennifer Richaud sur BibliObs indique que l'auteur « a mis Ă  profit ses talents d’enquĂŞteur et signe un livre-reportage de qualitĂ©, aussi bien dans son rĂ©cit que dans le caractère singulier et franc de ses personnages »[7]. Le journaliste Luc Rosenzweig y retrouve une « version moderne et tropicale Â» de la pièce de théâtre Les Bas-fonds[N 2] de Maxime Gorki [3].

RĂ©compense

L’ouvrage a reçu le Prix Rodolfo Walsh 2007 de la meilleure œuvre de non fiction en langue espagnole sous le nom de Jineteras (Espagne, 2006), réédité en 2008 sous le titre Habana Babilonia. La cara oculta de las jineteras[8].

Notes et références

Notes

  1. Jinetera ou Jinetero est un terme dans l’argot populaire cubain signifiant "cavalière", désignant des prostituées de l’île.
  2. Cette pièce russe met en scène des personnages vivant dans la misère.

Références

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