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La Forme d'une ville

La Forme d'une ville est un livre de Julien Gracq, publié en 1985 dans lequel son auteur, âgé de 73 ans, évoque la ville de Nantes, où il a vécu ses années d'internat au lycée Clemenceau, entre 11 et 18 ans.

La Forme d'une ville
Auteur Julien Gracq
Pays Drapeau de la France France
Genre essai
Éditeur José Corti
Date de parution 1985

Le titre est tiré d'un vers du poème de Charles Baudelaire Le Cygne : « la forme d'une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d'un mortel », détourné dans l'incipit de La Forme d'une ville en : « la forme d'une ville change plus vite, on le sait, que le cœur d'un mortel »[1].

Genèse et composition

L'idée d'écrire sur les réflexions et les sentiments que Nantes lui inspirent remonte chez Julien Gracq à 1965, avec le passage de Lettrines qui lui est consacré et qui commence par ces mots : « Le cœur de Nantes battra toujours pour moi avec les coups de timbre métalliques des vieux tramways jaunes virant devant l'aubette de la place du Commerce, dans le soleil du dimanche matin de mes sorties — jaunet et jeune, et râpeux comme le muscadet. »[2]

Cinq ans plus tard, le souvenir de Nantes est ravivé par un recueil de photographies de la ville à l'époque où Gracq y était lycéen. C'est en le feuilletant que s'imposent à lui les vers de Baudelaire : « S'il est une ville dont le cœur change plus vite que le cœur d'un mortel... Mais "fourmillante cité, cité pleine de rêves" pour moi, oui, toujours! »[3] Il faut encore dix années avant que Julien Gracq ne se décide à composer son livre, dix années au cours desquelles il note çà et là dans ses cahiers des bribes de souvenirs de la ville de son adolescence[4].

Pour composer cet ouvrage, Gracq renonce temporairement — et pour la dernière fois — à la méthode qui est la sienne depuis qu'il a renoncé à l'écriture de fiction : il abandonne ses cahiers et se remet à écrire sur des feuilles volantes comme il le faisait jusqu'à La Presqu'île inclusivement. De même, le rythme de l'écriture renoue avec celui de l'œuvre romanesque : il ne s'agit pas de notes éparses que l'auteur trie et agence comme pour les Lettrines, mais d'un livre dont la forme et la composition naissent dans le flux même de l'écriture[4].

Ce qui naît ainsi de l'écriture est moins une œuvre mémorielle ou la description d'une ville que la tentative de retrouver ce qui en elle a informé l'imagination de l'écrivain, « c'est-à-dire en partie incité, en partie contraint à voir le monde imaginaire, auquel je m'éveillais par mes lectures, à travers le prisme déformant qu'elle interposait entre lui et moi », et de quelle manière, en retour, il l'a « remodelée selon le contour de [ses] rêveries intimes »[5].

Éditions

Bibliographie

  • Alain-Michel Boyer, Julien Gracq, Paysages et mémoire, Nantes, éd. Cécile Defaut, 2007
  • Françoise Calin, « Nantes, dis-moi qui te hante », in Julien Gracq 2, La Revue des lettres modernes, 1994.

Liens externes

Notes et références

  1. Ce vers avait déjà été évoqué dans le Nadja d'André Breton, œuvre dont le livre de Gracq a pu être rapproché (cf. Bernhild Boie, in Julien Gracq, Œuvres complètes II, Bibliothèque de la Pléiade, p.1568.
  2. Gracq, Lettrines, in O.C.II, p.242 (c'est l'auteur qui souligne.) Cf. également, dans le même volume, l'introduction de Bernhild Boie, spécialement la page 1552.
  3. Julien Gracq, Lettrines 2, O.C.II., p.273. Voir aussi, dans le même ouvrage, la notice consacrée à La Forme d'une ville par Bernhild Boie (notamment les pages 1552-1553.)
  4. Bernhild Boie, op. cit., p.1552.
  5. Julien Gracq, O.C.II, p.774 pour les deux citations, et Bernhild Boie, op.cit., p.1556 pour l'analyse.
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