La Fille qu'on appelle
La Fille qu'on appelle est un roman de Tanguy Viel paru le aux Ă©ditions de Minuit.
La Fille qu'on appelle | |
Auteur | Tanguy Viel |
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Pays | France |
Genre | Roman |
Éditeur | Minuit |
Date de parution | |
Nombre de pages | 176 |
ISBN | 978-270-734732-9 |
Historique
Le , La Fille qu'on appelle est inclus dans la première sélection du prix Goncourt avec quinze autres romans[1]. Il fait également partie des cinq romans en lice pour le prix du roman des étudiants France Culture-Télérama[2].
Résumé
Laura Le Corre dépose une plainte au commissariat pour l'emprise qu'exerce sur elle, depuis quelques semaines, le maire d'une petite ville de la côte bretonne, Quentin Le Bars, fraichement nommé ministre des Affaires maritimes. Celle-ci, vingt-ans, sans ressources ni formation, revient après quelques années dans sa ville natale où son père, Max Le Corre, est le chauffeur de l'édile municipal. Ancien boxeur et ex-champion de France 2002 des mi-lourds, Max Le Corre a fait un retour après dix ans loin des rings et a demandé à son employeur de recevoir sa fille, en quête d'un logement. Habilement, Le Bars lui fait comprendre que c'est possible, oui, mais pas sans contrepartie et faveurs sexuelles, pour cette ancienne mannequin de lingerie qui s'est affichée sur tous les panneaux publicitaires de France il y a deux ans.
Sous emprise, Laura a accepté, ainsi que le rôle hôtesse dans le casino de la ville tenu par Franck Bellec, un intime du maire, ainsi que l'ancien manager de Max Le Corre du temps de sa splendeur. L'emploi et le logement associé au-dessus du casino, mettent la jeune femme à la disposition de Le Bars qui passe régulièrement assouvir, sans la moindre attention ses pulsions sexuelles, entre deux rendez-vous à la mairie. Laura ne s'est pas rebellée. Son père n'est pas au courant, obnubilé par le grand combat à venir de son retour. À la veille de celui-ci, mis au courant par une ex-compagne Hélène, il enregistre la nouvelle, mais, forclos dans une forme de déni, ne sait réagir autrement qu'en perdant lourdement son combat sous les yeux de sa fille, du maire et du directeur du casino, par une forme d'expiation plus ou moins consciente de son inaction. Gravement blessé, il ne remontera plus sur un ring — pire il devient aussi incapable d'assurer son emploi de chauffeur.
Face à la situation, Laura espère une nouvelle faveur du maire, désormais ministre, pour trouver un emploi pour son père. Elle décide de le relancer et à l'occasion d'une visite à Paris lui demande d'aider Max. Le traitement humiliant que celui-ci lui réserve, lui donne la force d'aller à la police. Une enquête préliminaire est ouverte par le procureur pour « trafic d'influence », les faits de nature sexuelle n'étant pas suffisamment étayés en raison du consentement par défaut et des bénéfices reçus par la jeune femme. L'affaire éclate cependant dans la presse et Quentin Le Bars demande à Franck Bellec de discréditer la jeune femme en faisant ressortir les vieux dossiers de Laura Le Corre, du temps où, à seize, elle posait nue pour des magazines masculins. Ainsi, certes, Le Bars sera le « salopard » mais Laura Le Corre endossera le rôle de la « pute ».
Franck Bellec s'exécute et le ministre réussit son opération de communication. Sauf que Max Le Corre finit aussi par tomber sur les articles de presse concernant sa fille. Réendossant son rôle de père et de boxeur, il confronte physiquement Le Bars à l'occasion d'une réunion publique, qu'il laisse étendu avec un nez cassé. Il est condamné à deux ans de prison ferme pour coups et blessures sur personne dépositaire de l'autorité publique tandis que la plainte de Laura Le Corre est classée sans suite.
RĂ©ception critique
Le roman est particulièrement bien accueilli par une partie de la critique littéraire en France lors de sa parution[3] - [4] - [5] - [6], notamment par Sylvie Tanette dans Les Inrocks pour qui Tanguy Viel « explore les questions d’emprise dans un texte virtuose, tendu comme un polar »[7] ou Nathalie Crom dans Télérama qui fait la même analyse sur l'extrême « virtuosité » de l'auteur quant à sa description des « mécanismes de la domination masculine et de l’emprise sociale », attribuant au roman sa note maximale de TTT[8]. Le Figaro rejoint l'avis général sur les mécanismes de l'emprise décortiqués dans le roman, mais met surtout en avant « [s]a force principale » qu'est le style de Tanguy Viel – distinguant ainsi selon le critique « la marque d’un grand écrivain » – à travers un « récit [qui] tient par une écriture ciselée, ensorcelante, [mais] aussi un décor »[9]. Le roman est inclus dans la liste commune L'Obs–France Culture des dix romans de la rentrée littéraire 2021[10]. Ce choix est également celui d'Anna Cabana dans Le Journal du Dimanche[11].
Les avis des critiques du Masque et la Plume sont en revanche très partagés : Olivia de Lamberterie a apprécié ce livre « formidable » sur l'emprise et « l'anéantissement de la volonté » décrits de « manière spectaculairement intelligente » ainsi que Jean-Claude Raspiengeas qui souligne « la légèreté du style, la finesse du propos, le rythme délicat que Tanguy Viel impose à ses phrases » tandis que Frédéric Beigbeder et Arnaud Viviant ont « détesté le livre » le premier considérant qu'il s'agit du « roman le plus prévisible de l'année et le plus politiquement correct » et que le second y voit « un petit polar chabrolien totalement surécrit »[12] - [13].
À l'étranger, le critique de La Libre Belgique rappelle que l'essentiel de l'œuvre de Tanguy Viel traite des rapports de force et de domination dans la société et voit dans ce « magnifique roman [... une] analyse [de] l’emprise sexuelle des puissants sur leurs victimes »[14].
Éditions et traduction
- Les Éditions de Minuit, 2021 (ISBN 978-270-734732-9), 176 p.[15]
- (nl) Een meisje dat je belt, trad. Katrien Vandenberghe, Uitgeverij Vleugels, 2022 (ISBN 978-94-93186-76-7), 136 p.[16]
Notes et références
- Isabelle Contreras, « La première sélection du Goncourt 2021 », Livres Hebdo, 7 septembre 2021.
- « 9e édition du Prix du Roman des étudiants », France Culture, 22 septembre 2021.
- Jean-Claude Lebrun, « Tanguy Viel, Laura et le maire », L'Humanité, 2 septembre 2021.
- Sean Rose, « Tanguy Viel, La Fille qu'on appelle (Les Éditions de Minuit) : L'emprise », Livres Hebdo, 20 août 2021.
- Norbert Czarny, « La Passion de Max Le Corre », En attendant Nadeau, 1er septembre 2021.
- Pascal Ruffenach, « La Fille qu’on appelle, de Tanguy Viel : fleur sur le ring », La Croix, 22 septembre 2021.
- Sylvie Tanette, « Dans La Fille qu’on appelle, Tanguy Viel s’attaque avec brio aux questions d’emprise et au consentement », Les Inrocks, 31 août 2021.
- Nathalie Crom, « Rentrée littéraire : La Fille qu’on appelle, de Tanguy Viel, entre manipulation et domination », Télérama, 1er septembre 2021.
- Mohammed Aïssaoui, « La fille qu’on appelle, de Tanguy Viel: géographie de l’emprise », Le Figaro, 22 septembre 2021.
- « Rentrée littéraire 2021 : la sélection de France Culture et L’Obs », France Culture, 26 août 2021.
- Anna Cabana, « La Fille qu'on appelle, de Tanguy Viel : le boxeur, la fille et le maire », Le Journal du Dimanche, 31 août 2021.
- « Les nouveaux livres de Marie Darrieussecq, Kazuo Ishiguro, David Diop, Tanguy Viel, Maria Pourchet », Le Masque et la Plume, France Inter, 12 septembre 2021.
- « La fille qu'on appelle de Tanguy Viel : "Futur Prix Goncourt" ? Ou "livre prévisible" ? L'avis du Masque », Le Masque et la Plume, France Inter, 17 septembre 2021.
- Guy Duplat, « Rapport sexuel, rapport social », La Libre Belgique, 2 septembre 2021.
- La Fille qu'on appelle sur le site des éditions de Minuit, consulté le 1er septembre 2021.
- (nl)https://uitgeverijvleugels.nl/franse-reeks/396-tanguy-viel-een-meisje-dat-je-belt