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La Femme eunuque

La Femme eunuque est un livre de Germaine Greer publiĂ© en 1970. Devenu un best-seller international, c'est un texte qui a marquĂ© le mouvement fĂ©ministe. Dans un style mĂ©langeant recherche acadĂ©mique et pamphlet, Germaine Greer y dĂ©fend l'idĂ©e que la famille nuclĂ©aire « traditionnelle Â», consumĂ©riste et vivant dans les quartiers rĂ©sidentiels opprime sexuellement les femmes, et est castratrice, faisant d'elles des eunuques. Elle y critique « le Grand amour Â», « une drogue dont la mythologie populaire entoure la sexualitĂ© »[1]. Le livre, publiĂ© en , avait quasiment Ă©puisĂ© son second tirage en . Il a Ă©tĂ© traduit en onze langues.

La Femme eunuque
Auteur Germaine Greer
Version originale
Langue anglais
Titre The Female Eunuch
Date de parution 1970
ISBN 0-374-52762-8

Il fut suivi d'une suite en 1999, La Femme entière, où elle préconise l'abstinence sexuelle comme forme de révolte[2].

Contenu

Le livre est une analyse fĂ©ministe, mĂŞlant recherche scientifique et polĂ©mique. Il a Ă©tĂ© un texte clĂ© du mouvement fĂ©ministe dans les annĂ©es 1970, largement discutĂ© et critiquĂ© par d'autres fĂ©ministes et une communautĂ© plus large, notamment en raison de la forte exposition de son auteur dans les mĂ©dias de radiodiffusion. Dans les sections intitulĂ©es "Corps", "Esprit", "Amour" et "Haine", Germaine Greer examine les dĂ©finitions historiques de la perception de soi des femmes et part d'un principe de limitations imposĂ©es aux femmes pour critiquer les sociĂ©tĂ©s de consommation modernes, la « normalitĂ© » fĂ©minine, et la construction masculine des stĂ©rĂ©otypes. La reprĂ©sentation stĂ©rĂ©otypĂ©e de l'Ă©ternel fĂ©minin dans les magazines transforme la femme en une consommatrice et un emblème du pouvoir de son mari ; la femme devient Ă  la fois une cible commerciale et un objet de marchandisation et les modèles fĂ©minins des magazines sont semblables Ă  des « poupĂ©es » dont « [l]a qualitĂ© essentielle est la castration »[3]. Ce qu'elle rĂ©sume ainsi : « Le monde a perdu son âme, et moi mon sexe Â». Le mariage fait de la femme un ĂŞtre passif, Ă  la sexualitĂ© "Ă©tiolĂ©e et nĂ©vrotique"[4].

Contrairement aux fĂ©ministes prĂ©cĂ©dentes, Greer utilise l'humour, l'audace et un langage grossier pour faire une description directe et franche de la sexualitĂ© fĂ©minine ; une grande partie de ce sujet Ă©tant restĂ© taboue dans les sociĂ©tĂ©s anglo-saxonnes. L'irrĂ©vĂ©rence de Germaine Greer envers Sigmund Freud et la psychanalyse a Ă©tĂ© inspirĂ©e par Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir[5]. Ce travail a Ă©tabli un pont entre le milieu universitaire et les prĂ©occupations de son Ă©poque en prĂ©sentant ses objectifs dans son chapitre final, « RĂ©volution Â». Il est en accord, et souvent associĂ© au mouvement crĂ©atif et rĂ©volutionnaire de cette pĂ©riode des annĂ©es 1970.

Greer fait valoir que les hommes détestent les femmes, bien que ces dernières ne le réalisent pas et aient appris à se haïr.

En opposition avec les féministes défendant la lutte pour l'égalité entre hommes et femmes, Germaine Greer considère que cet égalitarisme est un mythe : le combat égalitariste est profondément conservateur dans sa prétention à soumettre toutes les femmes au modèle viril de la société libérale occidentale, et malgré, ou à cause des droits acquis, la femme se sent mal à l'aise dans son corps, il importe donc de privilégier la libération de la femme au combat pour l'égalité[6].

Place dans l'histoire du féminisme

La Femme eunuque est, au même titre que La Femme mystifiée de Betty Friedan avec qui il partage la critique de la représentation des femmes dans les médias, un livre fondateur dans l'histoire du féminisme ; il se rattache à ce qu'il est convenu d'appeler la deuxième vague féministe[3].

Références

  1. Germaine Greer, La Femme eunuque, (coll. Réponses), Laffont, 1971, traduit de l'anglais, note bibliographique, Les Cahiers du GRIF, année 1973, volume 1, numéro 1, p. 44, en ligne.
  2. Germaine Greer agressée par une femme, Libération, 29 avril 2000
  3. Laetitia Biscarrat, « L’analyse des médias au prisme du genre : formation d’une épistémè », Revue française des sciences de l'information et de la communication, n°3, 2013, mis en ligne le 30 juillet 2013, consulté le 12 janvier 2016. lire en ligne
  4. « L'existence crépusculaire de la " femme eunuque " », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. (en)Richard Webster, Why Freud Was Wrong: Sin, Science and Psychoanalysis Oxford: The Orwell Press, 2005 p. 22, (ISBN 0-9515922-5-4).
  6. Valérie Battaglia Germaine Greer, La Femme entière - Notes de lecture, Cosmopolitiques, n°4, p. 190, juillet 2003.
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